La race bovine Bretonne Pie Noir : l’historique

Contexte – Chapitre 1 :
L’étude du contexte se fait en trois temps :
– recueil des informations existantes sur la Bretonne Pie Noir ;
– description du cadre social, économique et réglementaire dans lequel s’inscrivent les élevages en Bretonne Pie Noir ;
– étude du « cahier des charges » lié à la relance de la race.
Programme des accouplements raisonnés
Figure 1 : Programme des accouplements raisonnés
1.1 La race bovine Bretonne Pie Noir
1.1.1 Historique
1.1.1.1 L’importance de la population bovine bretonne au début du XXè siècle
La race Bretonne Pie Noir est un rameau issu de la population de vaches Bretonnes connue au dix-neuvième siècle comme une vache de pays dans les quatre départements bretons et la Loire-Atlantique. L’enquête ministérielle de 1892 y dénombre environ 800 000 têtes.
Les auteurs du XIXè siècle considèrent la Bretonne Pie Noir comme apparentée aux races Ayrshire, Kerry, Jersiaise… Des analyses phylogénétiques plus récentes (GROSCLAUDE et al., 1990) la rapprochent des races de l’Est de la France. Ces deux théories ne sont pas incompatibles : une étude sur des marqueurs moléculaires montre que la BPN et la Jersiaise sont relativement proches (MOAZAMI-GOUDARZI et al., 1995).
A partir de 1830-1840, les croisements (Durham…) sont recommandés afin d’améliorer la productivité. Ils exacerbent encore l’hétérogénéité de la race.
En réaction, le Herd Book Bretonne Pie Noir est créé le 24 juillet 1884 afin de « sélectionner dans l’indigénat » et de préserver le rameau originel de la vache Bretonne : y sont inscrits les animaux issus de lignées n’ayant que peu ou pas subi de croisements ; la robe Pie Noir est exigée, ainsi que l’expression marquée de caractères laitiers, notamment une bonne conformation de la mamelle et des trayons.
1.1.1.2 La chute des effectifs au cours des « trente glorieuses »
Après la seconde guerre mondiale, la demande en produits agricoles augmente et le progrès technique permet d’y répondre favorablement. La Bretagne prend alors la voie de la modernité et de l’intensification. Pour profiter de la révolution fourragère, le changement de race paraît indispensable aux producteurs laitiers. La Bretonne Pie Noir étant jugée insuffisamment productive, elle est remplacée par la Frisonne dans de nombreux élevages.
De plus de 400 000 individus en 1958, les effectifs de la race passent à moins de 15 000 en 1975.
1.1.1.3 Le programme de sauvegarde de 1975
Une enquête de situation en 1975 (QUEMERE et al., 1976) révèle que la race Bretonne Pie Noir est en danger : si la baisse des effectifs se poursuit sur le rythme des cinq dernières années, la race aura disparu avant 1980.
Un plan de sauvegarde est mis en place en 1976. Il concerne 311 femelles réparties chez 46 éleveurs motivés. Ces femelles sont réparties en huit « familles », de même que les taureaux. Du point de vue génétique, les animaux sont proches dans une même famille et éloignés entre les familles. Les accouplements se font entre deux mêmes familles pendant deux années, puis l’anneau des taureaux tourne d’un cran (figure 1).
Nombre et taille des élevages de Bretonne Pie Noir
Figure 2 : Nombre et taille des élevages de Bretonne Pie Noir
Ce fonctionnement permet de limiter l’accroissement de la consanguinité. Ce plan a été récemment revu (COLLEAU et al., 2002) et comporte trois points essentiels. Tout d’abord, les accouplements se font entre individus les plus éloignés génétiquement. Ensuite, les mères à taureaux sont choisies afin d’éviter la disparition de gènes rares. Enfin, le nombre de taureaux d’IA disponibles doit être maximum.
La sauvegarde d’une race bovine (ou autre) menacée est essentielle pour plusieurs raisons. La Bretonne Pie Noir fait partie du patrimoine culturel breton. Elle fait aussi partie du patrimoine génétique des races bovines françaises et une race disparue est impossible à recréer, les gènes sont définitivement perdus. Et rien ne prédit que les caractères inhérents à une race menacée qui sont désuets un jour ne seront pas intéressants et recherchés demain. Pour ce qui est de la Bretonne Pie Noir, ses aptitudes spécifiques remarquables sont l’adaptation de la vache en tant que laitière dans des zones climatiques et agronomiques difficiles et ses qualités d’élevage (précocité sexuelle, facilité de vêlage, fertilité, longévité…). Ses qualités maternelles en font une excellente nourrice. Elle est utilisable en race pure pour profiter pleinement de sa rusticité ou en croisement afin d’améliorer la productivité (QUEMERE et al., 1976).
1.1.1.4 Le bilan de trente ans de sauvegarde
Le nombre de vaches Bretonne Pie Noir inscrites au programme de sauvegarde n’a cessé de croître depuis 1976. On compte aujourd’hui 1 400 femelles (à peu près 1 000 vaches). Même si les objectifs de 1999 étaient d’avoir 2 000 femelles inscrites au plan en 2006 (SOCIETE DES ELEVEURS DE LA BRETONNE PIE NOIR, 1999), la sauvegarde de la race est aujourd’hui acquise.
Durant ces 30 ans de sauvegarde, le profil des éleveurs a évolué radicalement. Ceux qui adhèrent au plan en 1976 exploitent de petites structures et livrent leur lait à la laiterie.
En 1992, une typologie des 96 éleveurs de Bretonne Pie Noir fait apparaître quatre catégories (HENRY, 1992) :
– les « laitiers » (16 % des éleveurs) livrent leur lait en laiterie : ils sont alors minoritaires ;
– les « transformateurs » (23 % des éleveurs) vendent en direct des produits laitiers, transformés à la ferme ;
– les « allaitants » (36 % des éleveurs) possèdent de petits troupeaux, la commercialisation de la viande leur procure un revenu d’appoint ;
– les « familiaux » (25 % des éleveurs) ont une ou deux vaches pour la consommation familiale.
C’est entre 1992 et 2000 que le nombre d’adhérents à la Société des Eleveurs de Bretonne Pie Noir progresse le plus fortement : + 180 % en 8 ans (figure 2), principalement grâce aux éleveurs possédant moins de quatre vaches. Ils sont qualifiés « d’amateurs ».
Depuis 1976, le nombre d’éleveurs possédant 10 vaches BPN ou plus progresse régulièrement. Ils sont 28 en 2005. Ces professionnels sont installés sur deux types de systèmes. Les élevages « laitiers transformateurs » sont les successeurs directs des producteurs laitiers livrant autrefois en laiterie. Les élevages « allaitants », au développement plus récent, représentent souvent une activité secondaire ou annexe.
Au vu de ces évolutions d’effectifs et de la mise en place de systèmes techniquement cohérents et économiquement viables, on peut considérer le programme de sauvegarde de la Bretonne Pie Noir comme réussi.
Alors qu’au niveau national et toutes espèces confondues, de nombreux programmes ont commencé à s’essoufler après vingt ans d’efforts soutenus (AUDIOT et al., 2005). Pourtant, aujourd’hui, les demandes de la société peuvent venir en aide à une agriculture en crise. Elles offrent aux races locales menacées l’opportunité de retrouver un second souffle.
L’installation en exploitation bovine Bretonne Pie Noir : opportunités, freins et perspectives
Mémoire de fin d’études
ENESAD Option Animal Espace Produit
Sommaire :
1 Contexte
1.1 La race bovine Bretonne Pie Noir
1.2 Le cadre socio-économique et réglementaire
1.3 De l’opportunité d’une relance
3 Résultats
3.1 Spécificités des élevages de Bretonne Pie Noir
3.2 Environnement des installations en Bretonne Pie Noir
4 Discussion et propositions
4.1 Des porteurs de projet s’intéressent à la Bretonne Pie Noir
4.2 Les effectifs actuels permettent une certaine disponibilité en animaux
4.3 Les systèmes en Bretonne Pie Noir sont viables économiquement
4.4 Le foncier reste un gros problème pour s’installer
4.5 La réglementation peut devenir un obstacle si les porteurs de projets sont mal informés
4.6 Les organisations agricoles sont plus ouvertes aux petits projets que par le passé
Conclusion

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