L’avis des sages-femmes libérales

5) L’avis des sages-femmes libérales

Concernant la nécessité d’une expérience professionnelle préalable à l’installation en libéral, seulement 57,3% d’entre elles y accordent de l’importance. Les sages-femmes pour qui l’expérience professionnelle préalable semble nécessaire s’accordent majoritairement au nombre de 5 années d’expérience.

Beaucoup plus que l’expérience, c’est en fait surtout la motivation pour ce mode d’exercice qui leur semble capital pour se lancer. Selon elles, une sage-femme libérale doit avec des capacités d’écoute et doit pouvoir offrir une grande disponibilité aux patientes.

Enfin, plus de la moitié des sages-femmes libérales conseilleraient de se former en rééducation périnéale et en préparation à la naissance, cela pour pouvoir faire face à la demande importante des femmes.

Nous avions demandé aux sages-femmes libérales si la formation initiale leur paraissait suffisante pour s’installer en libéral. Elles sont 72% à déclarer que non.

Beaucoup pensent que la formation initiale prépare seulement à l’exercice hospitalier. Comme nous l’avions mis en évidence dans notre première partie, il est vrai que la grande majorité des stages sont prévus en milieu hospitalier.

Le stage en libéral est optionnel, certains étudiants n’auront donc jamais l’opportunité de découvrir ce mode d’exercice, ce qui n’a pas échappé aux sages-femmes libérales qui estiment qu’il devrait y avoir davantage de stages en milieu libéral au cours des études. Cela semblerait légitime, même si l’exercice libéral n’entre pas dans le projet de tous les étudiants, afin de sensibiliser toutes les futures sages-femmes à ce mode d’exercice en plein essor.

Selon les sages-femmes libérales, il manque surtout dans la formation initiale l’enseignement de bases en rééducation périnéale. D’autre part, ce sont des notions sur l’aspect pratique de l’exercice libéral qui feraient défaut dans la formation : gestion d’un cabinet, cotation des actes, démarches administratives pour l’installation.

En effet, ces thèmes ne sont pas prévus dans le programme des études. Il pourrait être prévu par exemple qu’une sage-femme libérale vienne expliquer aux étudiants ces modalités.

Selon les sages-femmes libérales, la préparation à la naissance et à la parentalité n’est pas assez approfondie au cours des études. Les outils de préparation à la naissance sont certes très variés et il n’est pas envisageable de tous les apprendre.

En effet, chaque sage-femme choisit ses outils en fonctions de ses propres convictions et oriente ses choix de formation continue en fonctions de celles-ci. Cependant, les bases en communication, en gestion d’un groupe sont communes à beaucoup de préparations et c’est sur ces éléments qu’il faudrait peut être renforcer les enseignements.

Même si la majorité des sages-femmes libérales pensent que la formation initiale devrait contenir davantage d’éléments utiles à l’exercice libéral, beaucoup considèrent que l’expérience professionnelle reste primordiale. En effet, les sages-femmes libérales travaillent davantage seules, de façon indépendante et doivent avoir acquis des capacités d’autonomie.

Cependant, les sages-femmes libérales sont rarement isolées : elles travaillent de plus en plus soit en association avec des collègues sages-femmes ou d’autres professionnels de santé, soit en réseau de périnatalité. Les moyens de communication actuels facilitent les échanges entre les professionnels.

Enfin, la dernière question posée aux sages-femmes libérales portait sur leurs attentes en terme de formation continue. Il s’est détaché de cette question que les sages-femmes libérales souhaitaient se former au suivi gynécologique.

En effet, les compétences en « consultations de contraception et de suivi gynécologique » ont été récemment attribuées aux sages-femmes lors de la publication de la loi HPST du 21 juillet 2009.

Les sages-femmes libérales ont tout intérêt à s’impliquer dans ce domaine car avec la chute annoncée du nombre de gynécologues-obstétriciens, les délais d’attente pour les consultations gynécologiques risquent de se prolonger d’autant plus. Or, un accès plus facile aux professionnels de santé est le garant d’une prévention réussie des affections gynécologiques (cancer du sein, du col de l’utérus, etc) et de l’IVG.

Les sages-femmes sont avant tout des spécialistes de la physiologie et ont un rôle majeur dans la prévention. La gynécologie est sensiblement proche du domaine de l’obstétrique : elle concerne la vie des femmes, qu’elles soient enceintes ou non.

Afin de renforcer les connaissances des sages-femmes en gynécologie et de les rendre parfaitement aptes à pratiquer des consultations de suivi gynécologique de prévention et des consultations de contraception, des diplômes universitaires de suivi gynécologique vont être mis en place pour les sages-femmes. Par ailleurs, dans le programme des études de sage- femme, il est déjà prévu un renforcement de la formation théorique et des stages en gynécologie pour la rentrée 2011.

Conclusion

D’après les réponses obtenues près des sages-femmes libérales par le biais de notre enquête, il semble que la formation initiale soit insuffisante pour s’installer en libéral. Pourtant, comme nous l’avons développé, le diplôme d’Etat de sage-femme donne le droit de s’installer directement en libéral après les études et le programme des études doit préparer à tous les modes d’exercice.

Cette insuffisance pourrait s’expliquer d’une part par l’absence de stage obligatoire en libéral et d’autre part par le manque de bases dans certains domaines. Ainsi, selon les sages-femmes libérales, dans la formation initiale, il manque principalement des bases en rééducation périnéale, en préparation à la naissance et des cours sur l’aspect pratique de l’exercice libéral.

Les sages-femmes libérales seraient pourtant majoritairement pour que la formation initiale prépare à cette autre forme d’exercice et demandent un rééquilibrage des enseignements, même si pour la plupart d’entre elles, une expérience professionnelle préalable leur semble fondamentale.

Les sages-femmes libérales occupent largement leur champ de compétence en proposant un panel d’activités allant du suivi médical de la grossesse au post-partum et à la rééducation périnéale, parfois en assurant aussi les accouchements. Elles ont pourtant développé majoritairement deux activités : la préparation à la naissance et la rééducation périnéale.

Or ces deux aspects de la profession ont tendance à être de moins en moins répandus en milieu hospitalier et les sages-femmes salariées ont peu l’occasion de les pratiquer. Lors d’une installation en libéral, les sages-femmes se forment alors souvent en premier lieu à la rééducation périnéale.

Par la suite, elles sont particulièrement attachées à la formation continue et poursuivent de nombreuses formations sur des thèmes très variés, à la fois dans le but de développer de nouvelles activités et de mettre à jour leurs connaissances, toujours dans un souci de répondre aux attentes des patientes.

L’exercice libéral connaît un essor important, qui va sans doute continuer à s’amplifier dans les années à venir. Il semblerait alors opportun d’accorder davantage d’importance dans le programme des études à cet aspect du métier de sage-femme, en rendant au moins un stage en libéral obligatoire et en approfondissant notamment les bases en préparation à la naissance et à la parentalité ainsi qu’en rééducation périnéale. De cette façon, la formation initiale devrait donner le maximum de ressources pour permettre aux futurs professionnels de mieux choisir leur mode d’exercice.

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