Limites du système de financement traditionnel

2. Limites du système de financement traditionnel

Le financement par un recours au financement traditionnel reste aujourd’hui la principale source de financement de l’économie en Europe. Toutefois celui-ci étant de plus en plus enclin à de fortes contraintes réglementaires, il dispose de moins en moins de flexibilité pour répondre aux demandes plus spécifiques des investisseurs. Voyons dans quelles mesures le système traditionnel se limite.

** Demande accrue d’actifs sécurisés par les investisseurs

Le rapport du FMI sur le Shadow Banking publié par le FMI en 20122, met en valeur les évolutions des besoins de placement des investisseurs dans des actifs sûrs, à court terme, et le liquide. En effet, il mentionne que la titrisation avant la crise financière a permis de répondre à la demande d’actifs liquides sécurisés de la part des entreprises et les gestionnaires d’actifs.

Avant cela la gestion de l’épargne se concentrait généralement sur les ménages et leur allocation de l’épargne à court terme pour les dépôts bancaires et de l’épargne à long terme pour les actions et les obligations (par le biais des fonds communs de placement, fonds de pension, compagnies d’assurance et autres gestionnaires d’actifs).

Or ce rapport démontre qu’aujourd’hui, une importante part de la demande en instruments d’épargne émane des entreprises et sociétés de gestions d’actifs complexes.

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2 Shadow Banking : Economics and Policy, December 4, 2012, Stijn Claessens, Zoltan Pozsar, Lev Ratnovski, and Manmohan Singh, International Monetary Fund.

Le rapport souligne l’appétence des investisseurs pour cette nouvelle forme de gestion de l’épargne : « l’épargne à court terme des entreprises mondiales a progressé de moins de 50 milliards de dollars en 1990 à plus de 1 200 milliards fin de 2010 ».

En outre, cette gestion d’actifs complexe permet aux banques de transformer une partie importante de l’épargne à long terme des ménages en créances à court terme pour soutenir les stratégies d’investissement synthétiques (via des dérivées) et prêts de titres.

Aux Etats Unis, les dépôts des entreprises et les gestionnaires d’actifs (institutionnels) ont été multipliés par 30 au cours de la dernière décennie venant à égaler les dépôts des ménages (figure 4).

** Incapacité des banques à garantir les dépôts de gros investisseurs

De plus en plus, les banques traditionnelles se révèlent comme un intermédiaire de gestion trop rigide pour les investisseurs connaissant un accroissement fort de leur trésorerie.

Les garanties des espèces concernent principalement les comptes bancaires ; les comptes sur livret et les plans d’épargne logement. Le Fonds de Garantie des Dépôts garantit ces comptes à hauteur de 100 000 euros par déposant et par établissement bancaire. Ces garanties limitées contraignent les investisseurs à effectuer des dépôts auprès de plusieurs établissements bancaires.

De nombreux investisseurs pour qui les garanties de dépôts sont insuffisantes, diversifient leurs solutions de gestion via des solutions alternatives offrant d’avantage de flexibilité.

** Impact de la titrisation sur la banque lors de la crise

Avant que la crise ne se déclare, la corrélation entre les risques a été ignorée. En effet le processus de titrisation par le tranching a conduit à une accumulation de «risques extrêmes».

Les agences de notation se sont vues évaluer des instruments structurés complexes comme «AAA» (qualité la plus élevée) alors que les investisseurs ont ignoré les expositions à des risques à faible probabilité.

Lorsque le financement de marché s’est trouvé asséché, certaines banques détenaient d’importants volumes de produits complexes et peu liquides sans disposer d’un montant adéquat de fonds propres en regard du risque encouru.

La titrisation a eu des effets particulièrement forts sur les banques, au cours de la crise, les banques ont subi des pertes sur titres de créances titrisées directes et les véhicules affiliés. Ces pertes ont été les principales faiblesses et défaillances des banques au cours de la crise, y compris pour d’importants établissements tels que UBS, RBS, Lehman Brothers et Bear Stearns.

Les accords de Bâle III dans le troisième pilier répondent à la nécessité pour les investisseurs d’être informé des risques de certains produits complexes. Par exemple, la banque devra faire preuve d’une totale transparence quant à la définition de son périmètre : séparation ou non des SPV de la banque.

Conclusion

Le financement traditionnel bien que majoritairement représenté en Europe s’avère insuffisant au financement de l’ensemble des agents économiques. En effet, ce système permet de répondre essentiellement aux investisseurs classiques les ménages et les entreprises.

Suite à la crise financière, les autorités de régulation bancaire ont été contraintes de durcir les règlementations afin de contraindre les banques à d’avantage de prudence et reconquérir la confiance des investisseurs.

Il semble que ces nouvelles réglementations rendent les banques moins compétitives et les amènent à vouloir contourner la loi et s’orienter vers un système non-régulé : l’arbitrage réglementaire.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Shadow Banking : Avenir de la finance ou simple échappatoire à l'arbitrage réglementaire ?
Université 🏫: Le Conservatoire National des Arts et Métiers CNAM - Département Management – Innovation – Prospective
Auteur·trice·s 🎓:
Marion LE BRUCHEC

Marion LE BRUCHEC
Année de soutenance 📅: Mémoire pour l’obtention du Master 2 en Sciences de Gestion - Mention Management, spécialité prospective, innovation, stratégie et organisation - 2016
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