La gestion du surpoids par les professionnels de la santé

La gestion du surpoids par les professionnels de la santé

7 Conclusion

7.1 Les limites de cette recherche

L’approche analytique retenue dans le cadre de ce mémoire a été, rappelons-le, celle de l’induction analytique. Or, une des critiques les plus fréquentes et les plus sévères à l’endroit de ce modèle est qu’il réduit « les limites du cas étudié de sorte qu’il se trouve coupé de toute influence extérieure et en vienne à s’expliquer par lui-même »(Deslauriers JP 1997). Ainsi, il pourrait être noté que d’autres types de documents auraient pu contribuer à rendre l’analyse plus fondée.

D’entrée de jeu, il a été reconnu que le corpus de textes officiels était petit. Il est vrai que la quantité de textes gouvernementaux et professionnels qui portent sur la problématique du poids, si en croissance ces dernières années, reste cependant fort restreint.

Néanmoins, compte tenu de leur portée et des actions qui en découlent, lesquelles transcendent toute la société, ce sont des ouvrages majeurs, incontournables. Néanmoins, dans un souci de mieux rendre compte de la portée de ces actions et améliorer la représentativité du corpus, il a été décidé d’y associer un volet reflet médiatique.

Cependant, deux autres types de documents auraient pu être envisagés pour cette recherche.

Tout d’abord, nous aurions pu inclure d’autres organisations, tel le Réseau canadien de l’obésité (RCN) (http://www.obesitereseau.ca/), dont la mission est la réduction des conséquences humaines et économiques de l’obésité pour les Canadiens par des collaborations qui contribueront à l’avancement des connaissances en matière de prévention et de traitement de l’obésité. Le RCN fédère plusieurs organisations dont les principales universités du pays, plusieurs institutions gouvernementales (fédérales et provinciales), des centres hospitaliers et des organismes à but non lucratif (associés soit à la lutte à un type de pathologie – p. ex. : fondation des maladies du cœur, ou à l’industrie agroalimentaire — p. ex : producteurs laitiers du Canada). Le RCN se présente comme le promoteur, auprès des décideurs, de l’augmentation des sommes monétaires accordées à la lutte contre l’obésité.

Aux États-Unis, l’Obesity Society (http://www.obesity.org/) joue essentiellement une fonction similaire. En plus, elle fait de l’enseignement (auprès des intervenants, des décideurs et du public) une dimension importante son mandat.

Il aurait été, par contre, mal avisé de les inclure puisque l’un et l’autre font notamment de la lutte à l’obésité une opération de positionnement stratégique de leurs membres. La lutte à l’obésité devient un enjeu de leurs actions de même que du développement des interventions tant à un niveau clinique que populationnelle. On assiste donc ici à une multiplication de recommandations et de suggestions en matière d’intervention et à une promotion de l’intervention.

Il ne s’agit pas ici d’être naïf à l’endroit des organismes retenus. Certains, voire plusieurs, sont régulièrement accusés de défendre les intérêts de leurs membres. Cependant, L’angle est singulièrement différent. Le groupe des organismes retenus a produit des documents qui ont valeur quasi légale.

De plus, ce sont les documents de références utilisés par les organismes qui ont le mandat légal octroyé par les gouvernements de réguler l’intervention, dans ce cas-ci, à caractère médical. En quelque sorte, ils ont le mandat de déterminer la mesure- étalon qui servira dans la détermination de la valeur de l’ensemble des autres approches en matière de gestion du poids.

L’hypothèse que les prises de position du RCO et de l’Obesity Society influencent les normes de pratique officielles et les prises de position gouvernementales est certes intéressante. Mais, elle représente en soi un projet de recherche.

L’industrie agroalimentaire contribue également fortement à la diffusion de documents qui contribuent à la diffusion de savoirs et à la promotion de certains types d’actions en matière de poids. Déjà, il existe pléthore d’ouvrages qui accusent cette industrie d’être responsable de la crise de l’obésité.

Toxic Obésité, malbouffe, maladie : enquête sur les vrais coupables (Flammarion 2007) de l’auteur William Reymond, Fat Land: How Americans Became the Fattest People in the World (First Mariner 2003) Par Greg Critser ou encore le documentaire choc Supersize Me (2004) de Morgan Spurlock, n’en sont que quelques exemples. Il aurait donc été intéressant de se pencher sur le discours de ce champ formidablement riche afin d’en déterminer les grandes tendances tout en évitant la tentation du procès.

Mais voilà. L’industrie agroalimentaire est un secteur d’activité démesuré. Elle comporte des joueurs locaux, régionaux, nationaux et internationaux, tous plus gros et plus petits les uns que les autres.

Tous n’ont pas les mêmes moyens ni les mêmes intentions commerciales. En ce sens, il aurait été intellectuellement inapproprié de comparer le discours en matière de poids d’une boulangerie locale (boulangerie Première Moisson) et une entreprise mondiale (par exemple Danone, Kraft, ou Nestlé) qui finance la recherche en nutrition de même que des symposiums.

L’industrie agroalimentaire est un univers en soi. Il est clair que lui agit aussi sur le discours public sur la gestion du poids. Cependant, compte tenu de sa taille démesurée et de sa complexité propre de même que de l’extraordinaire diversité des milieux où elle se trouve, cette industrie mérite qu’on s’y attarde en tant que tel avec tous les égards et toutes les précautions nécessaires. Le cadre de cette recherche n’était donc pas adapté à cette réalité.

Compte tenu de ladite pandémie d’obésité, il pourrait être reproché à ce mémoire de ne pas contribuer à déterminer les causes, les racines de ce mal. Or, le but premier de l’induction analytique n’est pas de rechercher les causes d’un problème, mais bien de mettre en lumière les liens significatifs. Or, c’est précisément ce que fait ce mémoire et c’est sa principale contribution. Il vient décrire la nature de l’action et le contexte dans lequel il s’inscrit.

Subjectivité

Il est vrai que je ne suis pas neutre face à ce sujet. Pour certains, je manquerai d’objectivité puisqu’à titre de diététiste/nutritionniste, je contribue au discours. Pour d’autres, je ne rendrai pas suffisamment bien compte des efforts déployés en matière de gestion du poids par les professionnels de la santé.

D’entrée de jeu, j’ai annoncé que cette recherche découle d’un questionnement personnel, cheminement qui ne m’est pas unique. Il y a une interaction entre mon sujet et moi. Au lieu de l’ignorer, je l’ai canalisée. Pour ce faire et éviter les pièges de la subjectivité, j’ai eu recours à un processus méthodologique rigoureux qui partait d’abord d’une revue de littérature exhaustive. Elle s’appuie sur une connaissance approfondie du contexte et de la diversité des perspectives. L’analyse qui en a découlé est essentiellement de nature descriptive puis réflexive. Ce travail a permis d’établir une généralisation des résultats spécifique au contexte.

C’est précisément ce travail réflexif et la généralisation qui s’en est suivie qui ont permis d’ouvrir la réflexion sur une nouvelle piste de réflexion sur la problématique du poids actuelle.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Discours des autorités de santé au Québec et la gestion du poids
Université 🏫: Université de Montréal - Faculté des études supérieures et postdoctorales – sociologie
Auteur·trice·s 🎓:
Paul-Guy Duhamel, Dt.P.

Paul-Guy Duhamel, Dt.P.
Année de soutenance 📅: Mémoire en vue de l’obtention du grade de Maîtrise en sociologie - 2010/01/11
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