Le Web : un nouvel espace – La forêt de Robin des Bois

Le Web : un nouvel espace – La forêt de Robin des Bois

Chapitre 4 :

L’espace de l’image

Partie A :

Le Web : un nouvel espace

La forêt de Robin des Bois

Nous nous sommes longuement interrogés sur les apports de la technologie Internet aux contenus des films tant au niveau de la narration que dans leur esthétique.

Nous avons ainsi constaté que l’écriture cinématographique sur un ordinateur apportait un certain potentiel d’interactivité avec le spectateur et que les produits de cette écriture pouvaient être des « œuvres flottantes », malléables, en perpétuel changement.

Ce sont des images virtuelles que nous pouvons matérialiser sur un écran d’ordinateur, matérialisation elle-même mouvante et éphémère. Ces observations ont fait germer en nous le sentiment qu’une des grandes nouveautés de ces digimas était l’espace qui les accueille, espace virtuel et mouvant.

Nous sommes confortés dans cette intuition par les propos tenus par le philosophe Michel Serres lors d’une conférence à l’École Polytechnique en décembre 2005 sur la « Culture Web ».

Il se demandait ce qu’il y a de véritablement nouveau dans les « nouvelles technologies » et sa réponse fut l’espace. Aujourd’hui nous avons de nombreuses adresses tel l’email et le numéro de portable qui ne se rattachent pas à un « espace géométrique » déterminé.

« Nous n’habitons plus dans un espace métrique, nous n’habitons plus dans le même espace que nos prédécesseurs. Il s’agit d’un nouveau monde (…) d’un espace topologique ». Les nouvelles technologiesqui nous ont donné ces nouvelles adresses nous ont déménagés dans un nouvel espace, l’espace de l’Internet.

Jusqu’à présent, les cadastres avaient été dessinés, et les adresses déterminées afin que l’institution au pouvoir puisse contrôler tous ses sujets et donc instaurer dans un espace une juridiction et un système politique, une société en somme.

L’Internet n’est pour l’instant régit par aucun droit, c’est un « espace de non-droit » qui n’a pas encore trouvé sa forme de société. Internet est la forêt de Robin des Bois, un lieu sauvage où se réfugient les « parias » de la société, les pirates ou « hackers » ou tout simplement ceux qui veulent se cacher pour une raison x ou y.

On peut s’interroger sur le devenir de la « culture» dans un tel lieu, car ce sont bel et bien les « produits culturels » qui font l’objet des plus grands débats suite à leurs téléchargements massifs sur le Net, notamment des œuvres cinématographiques piratées, au travers des réseaux Peer-to-Peer.

Qu’est-ce que cet espace de non droit produit-il comme œuvres artistiques ? Qu’en est-il des webfilms ? Comment une telle organisation influencet-elle ses contenus ?

Nous avons déjà pu constater à quel point les webfilms étaient liés aux progrès technologiques (le format court étant une conséquence directe du faible débit des connexions) et participent à toute une réflexion sur l’évolution des techniques informatiques pour améliorer interactivité et narration émergente.

La forêt de Robin des Bois La forêt de Robin des Bois

Dans cet espace de non-droit co-existent plusieurs façons de profiter de la liberté proposée. La première est la façon perverse. C’est l’occasion rêvée pour diffuser des contenus pornographiques et violents. Certains sites sont ainsi devenus très célèbres comme ogrish.com ou rotten.com.

Sur de dernier le ton est donné par le texte d’introduction : « La douce et blanche noirceur du Net, éviscérée afin que tous puissent voir », tandis qu’ Ogrish. com se targue d’un sous-titre efficace : « la réalité révélée ».

Ces sites ne sont pas spécialisés dans le porno mais dans les vidéos et photos d’amateurs témoins de drames ou des archives de caméras de surveillance ou encore de clichés qui semblent venir de la police médico-légale: accidents, noyades, vols à main armée, bagarres, catastrophes naturelles… Les détails les plus sordides sont les bien venus et tout cela en libre accès afin d’assouvir le voyeurisme malsain des internautes.

Une autre façon de profiter de ce « monde libre » est de diffuser ses propres informations et de multiplier les sources d’informations indépendantes.

Internet est notre agora contemporaine, lieu qui avait plus ou moins disparu depuis l’Antiquité, lieu où la parole n’est plus réservée à « l’élite pensante »…

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
LES DIGIMAS
Université 🏫: ENS Louis Lumière - Section Cinéma
Auteur·trice·s 🎓:
Sidonie MOULART

Sidonie MOULART
Année de soutenance 📅: Mémoire de fin d’études - ENSLL 2006
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