Emotions et psychopathologie : Anxiété, Phobies et Schizophrénie

2) Emotions et psychopathologie

a. Trouble envahissant du développement

La vie sociale des personnes autistes est considérablement entravée par leurs troubles sévères de la communication, de la socialisation et de l’adaptation. Elles ont des difficultés à attribuer à autrui des émotions ou des intentions.

L’hétérogénéité de l’expression de leurs émotions est immense, en effet, les personnes autistes peuvent avoir une grande pauvreté dans le registre de leurs expressions faciales ou éprouver des difficultés à ajuster leurs expressions émotionnelles selon le contexte ; certains sourient en permanence, d’autres sont inexpressifs la plupart du temps sauf en cas d’émotion forte. Certains enfants autistes ne montrent aucune peur devant des situations effrayantes ce qui peut les conduire à adopter des comportements à risque.

De nombreuses expériences ont mis en évidence les difficultés des enfants autistes au niveau de la reconnaissance des émotions d’autrui, les différents résultats montrèrent que le problème se trouve davantage dans l’interprétation dans l’ici et maintenant des émotions changeantes et fugaces plutôt que dans la reconnaissance d’expressions émotionnelles figées (Lescoart, 2005).

Par ailleurs, des recherches montrèrent chez des personnes atteintes d’autisme un défaut d’activation des neurones miroirs. De plus, il semblerait que certaines connexions entre les régions du cerveau ne s’établissent pas ce qui pourrait expliquer les difficultés à comprendre l’expression émotionnelle d’autrui et à exprimer leurs émotions (Grèzes & DeGelder, 2005).

A l’heure actuelle il reste encore plus de questions que de réponses concernant l’étude du partage émotionnel chez les personnes atteintes d’autisme.

b. Anxiété et phobies

Les troubles anxieux accompagnent des perturbations apparemment très différentes, des phobies, troubles obsessionnels compulsifs, aux suites de traumatisme personnel et aux attaques de panique. Ils mettent en jeu des émotions intenses, qui apparaissent aux tiers sans rapport objectif avec les situations présentes en jeu.

L’anxiété est une dimension de l’humeur en vertu de laquelle le sujet s’attend à être confronté à des événements de type aversif. Par exemple le sujet aux prises avec un état de panique sent son cœur battre anormalement fort, il tremble, transpire, craint de mourir… Le sujet qui a eu une attaque de panique devient souvent agoraphobe, dans la mesure où il craint de se retrouver en proie à la panique dans un lieu d’où il ne peut pas fuir.

L’humeur anxieuse serait la disposition à ressentir, devant une large classe d’événements présents ou futurs, des émotions aversives intenses conduisant le sujet à renoncer à s’y confronter.

Les recherches cérébrales sur les patients phobiques ont montré deux éléments fondamentaux (Garnier, 2005) :

  •  D’une part la suractivation de l’amygdale, structure cérébrale centrale de la peur : dès que notre cerveau reçoit une information d’un danger probable, l’amygdale s’emballe et lance un avertissement d’alerte.
  •  D’autre part le manque de régulation de l’amygdale par l’hippocampe et le cortex préfrontal : dès que notre cerveau reçoit une information d’un danger probable, l’hippocampe et le cortex préfrontal ne parviennent pas à analyser assez rapidement, voire pas du tout, les informations reçues et par conséquent l’amygdale fait son travail en continu, ainsi le patient ne cesse jamais d’avoir peur.

c. Schizophrénie

Les personnes qui présentent ce type de troubles souffrent de graves déficits aussi bien au plan neuropsychologique, neurochimique, qu’au plan du comportement interpersonnel et du fonctionnement social.

« L’incongruité des affects » (Frith, 1992, In Rebelle & Lapasset, 1995) serait à classer dans le domaine de la communication non verbale, en effet elle renverrait à des signaux non verbaux inappropriés. D’après une étude de Walker et coll. (1984, In Rebelle & Lapasset, 1995), les schizophrènes seraient capables de décoder des indices faciaux d’identité mais pas d’extraire des caractéristiques émotionnelles du visage.

La recherche clinique s’est intéressée à l’émotion selon trois axes (Fakra, 2005) :

  •  La reconnaissance des émotions : les patients schizophrènes montrent un déficit net dans la reconnaissance des émotions.
  •  L’émotion ressentie : les schizophrènes souffriraient d’anhédonie, c’est à dire une perte de la capacité à ressentir du plaisir. Des études ont montré que ces patients n’auraient pas un défaut du ressenti émotionnel mais plutôt une difficulté d’attribution de l’émotion, c’est à dire une absence d’empathie.
  •  L’expressivité émotionnelle : la froideur ou l’indifférence affective serait imputable à un défaut d’expression émotionnelle, une hypoexpressivité.

L’apport de l’imagerie fonctionnelle montre qu’il existerait un défaut d’activité du système limbique destinés à générer les émotions positives et une suractivité des régions préfrontales qui concerne les sensations négatives, ce qui expliquerait l’anhédonie retrouvée chez les patients schizophrènes.

Ainsi les anomalies sont à rechercher dans l’interaction entre le système limbique et le système néocortical.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Capacités de reconnaissance des expressions faciales émotionnelles
Université 🏫: Université Paul Sabatier - Faculté de Médecine Toulouse Rangueil - Institut de Formation en Psychomotricité
Auteur·trice·s 🎓:
LAPIERRE Lauréline

LAPIERRE Lauréline
Année de soutenance 📅: Mémoire en vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Psychomotricien - Juin 2007
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