2ème Partie : Candidat, corpus, techniques d’extraction

Dans cette deuxième partie seront étudiés d’une manière concrète les éléments de la recherche.

Ainsi, après avoir présenté le candidat choisi pour l’étude ainsi que les deux journaux sélectionnés, nous présenterons les quatre « petites phrases » qui ont été retenues.

Puis, nous expliquerons de quelle manière elles ont été extraites et surtout avec quels mots clés.

Ceci nous servira de base pour observer dans la troisième et dernière partie de l’étude leur portée stratégique, à travers plusieurs critères, dont leur durée de vie.

A) Un candidat, deux journaux

1) Le candidat François Hollande

a) Un parcours éminemment politique

13 « Je suis de la génération Mitterrand. J’en suis fier, même si j’ai parfois pris mes distances.

Mon engagement n’a pas varié. Entré tôt dans les combats de la gauche, j’y suis resté fidèle tout en sachant que sa pérennité suppose un perpétuel renouvellement » (Hollande, 2012 :12).

Dire que François Hollande a eu un destin politique est une évidence, tant le sien semble toujours avoir été lié à la conduite des affaires publiques.

Mais, lorsque l’on parle de destin, il ne s’agit pas d’évoquer ce tournant de vie majeur qu’a été pour lui l’acte de candidature aux élections présidentielles de 2012, que nous aborderons un peu plus loin, mais plutôt son parcours, toujours lié de près ou de loin à la politique.

François Hollande est né le 12 août 1954 à Rouen. Il a un frère, Philippe, de deux ans son aîné ; deux garçons élevés par un père, Georges, médecin ORL et une mère, Nicole, assistante sociale.

Dès son enfance, il est baigné dans la politique, notamment par son père, militant d’extrême-droite et deux fois candidat malheureux à des élections locales.

Le jeune François suit une éducation religieuse au pensionnat Saint-Jean-Baptiste de la Salle, à Rouen, jusqu’à sa troisième. Bon élève et plutôt discret, il n’est pas influencé outre mesure par cette éducation plutôt stricte.

En 1965, à 11 ans, il commence à s’intéresser à la politique et suit les allocutions télévisées du candidat de la gauche, François Mitterrand, aux côtés de sa mère, qui a des idées opposées à celles de son mari.

13 Source : Changer de destin, Hollande F., 2012, Robert Laffont.

En 1968, la famille déménage à Neuilly-sur Seine et le père se lance dans l’immobilier. Alors que des barricades se dressent un peu partout dans le pays, François cherche sa voie et ses idées sont alors proches de la vieille SFIO (Section

française de l’Internationale ouvrière)14 : il croit en Mitterrand, au contraire de son père, qui le juge « hors jeu ». En parallèle, le jeune homme poursuit sa bonne scolarité.

Même s’il a des capacités, il n’est pas un surdoué, et c’est grâce à son travail qu’il obtient son bac avec mention « assez bien ».

Il poursuit alors des études de droit dans une université parisienne et obtient une licence, avant de rentrer à HEC (Haute Ecole Commerciale) Paris ainsi qu’à l’IEP (Institut d’Etudes Politiques).

En 1980, il sort de l’ENA (Ecole Nationale d’Administration), issu de la promotion « Voltaire ». C’est là qu’il fait la connaissance de Ségolène Royal, qui sera sa compagne jusqu’en 2007 et avec laquelle il aura quatre enfants.

Affichant déjà son soutien au candidat Mitterrand dès 1974, il adhère au parti socialiste en 1979.

Puis, avec Ségolène Royal, il intègre, autour de Jacques Attali, l’équipe qui prépare la campagne du candidat Mitterrand.

La carrière politique de François Hollande est cette fois bien lancée et après la victoire socialiste de 1981, le jeune conseiller se lance, à 36 ans, dans la bataille des législatives et part défier Jacques Chirac en Corrèze.

Il échouera mais poursuivra sa carrière politique d’une autre manière.

En 1983 et 1984, il exerce la fonction de directeur de cabinet, d’abord de Max Gallo, puis de Roland Dumas, tous deux porte-paroles successifs du gouvernement.

Toujours en 1984, il devient conseiller municipal d’Ussel, en Corrèze, avant de se faire élire député de Corrèze en 1988, à la suite de la réélection de François Mitterrand et dans une circonscription différente de celle de sa première tentative.

En 1989, il quitte Ussel pour se présenter à Tulle et devient adjoint au maire.

En 1993, il perd son mandat de député et en 1995, les élections municipales de Tulle : c’est la période où il exerce la profession d’avocat pendant quelques temps.

En 1997, sa carrière politique prend une nouvelle tournure. En effet tout en étant réélu député cette même année, il devient le premier secrétaire du parti socialiste : il le sera jusqu’en 2008.

Cette période est marquée par des victoires et des échecs. Parmi les victoires, citons les bons résultats aux élections cantonales et régionales de 2004.

Parmi les échecs, la défaite cinglante de Lionel Jospin aux élections présidentielles de 2002, qui n’arrivera même pas au 2ème tour : c’est un moment très difficile pour le parti socialiste et son premier secrétaire.

En 2007, François Hollande pense un temps à se présenter à l’élection présidentielle, mais s’efface finalement devant Ségolène Royal et sa popularité croissante.

Après son départ de la tête du parti socialiste en 2008, François Hollande se relance dans les batailles électorales locales en Corrèze.

Au total, François Hollande aura exercé de nombreux mandats locaux puisqu’il sera tout d’abord député de Corrèze de 1988 à 1993 et de 1997 à 2012. Il sera également Maire de Tulle de 2001 à 2008 et président du Conseil Général de Corrèze de 2008 à 2012.

Pendant la période où il aura été premier secrétaire, François Hollande aura également à gérer de nombreuses tensions au sein de son parti.

Un de ses fidèles, Bruno Le Roux15, n’hésite pas à déclarer que certains ont « tout mis en oeuvre, entre 2003 et 2006, pour empêcher le parti de fonctionner normalement, alors que François faisait tout pour le mobiliser et le garder uni! » (Michel, 2011 : 25).

Ces mots résument assez bien la violence de certaines attaques qu’aura à subir François Hollande en tant que premier secrétaire.

On lui reproche globalement de ne pas savoir trancher, de toujours chercher la conciliation :

« Des années de victoires et de défaites, des années de compromis ayant parfois conduit à des synthèses solides, mais aussi molles, tant il est délicat de tenir le gouvernail du premier parti de la gauche » écrit encore Richard Michel (ibid., 19).

14 Parti politique français créé en 1905 et qui change de nom en 1969 pour devenir le Parti Socialiste.

15 Homme politique français, député de Seine St Denis depuis 2007.

Comment alors, celui que beaucoup pensaient « fini » va-t-il se remettre en selle ?

Où va-t-il puiser les ressources pour se lancer dans la bataille des Primaires Socialistes en 2011 ?

b) La démarche vers la candidature

Lorsque François Hollande quitte le congrès de Reims en novembre 2008, pendant lequel Martine Aubry devient la nouvelle première secrétaire du parti, l’ancien numéro un sait qu’une page est en train de se tourner.

« Il s’agissait de montrer qu’un autre temps s’ouvrait, qu’une autre période de ma vie (…) commençait’ se souvient François Hollande » (Michel, 2011 : 17).

En quelque sorte « débarrassé » de la charge de conduire le parti, François Hollande allait pouvoir commencer à réfléchir à son propre avenir politique.

Il se recentre alors sur ses proches, ceux qui ont toujours été à ses côtés. Parmi eux, Bernard Poignant16, Jean-Yves le Drian17, Stéphane le Foll18, Bruno le Roux (voir supra p. 39), Gwendal Rouillard19…

16 Homme politique français, maire de Quimper entre 1989 et 2001 et depuis 2008.
17 Homme politique français, président du conseil régional de Bretagne depuis 2004.
18 Homme politique français, directeur de cabinet de François Hollande depuis 1995.
19 Homme politique français, député du Morbihan depuis 2011

Un « réseau breton » sur lequel il s’appuie depuis longtemps et une région pour laquelle François Hollande a de l’affection :

« La terre d’Anne de Bretagne (…) a forgé ses convictions » (Ibid., 21).

Concernant sa vie privée, le député de Corrèze s’est séparé de Ségolène Royal et vit depuis le milieu des années 2000 avec Valérie Trierweiler, journaliste.

Les années 2008 à 2010 sont celles de la réflexion, du « réseautage », au travers de multiples réunions dans toute la France.

Le candidat François Hollande : démarche vers la candidature
Source : sortiraparis.com

François Hollande peaufine ses idées et entame une « transformation », y compris physique puisque l’homme se présente amaigri, le costume impeccable et apparemment en pleine forme à l’université d’été du parti socialiste en août 2010, à La Rochelle.

Ce « nouveau look » est plutôt moqué par ses adversaires, y compris à l’intérieur de son propre parti :

« A la Rochelle, (…), des amis de Martine Aubry confortablement installés aux terrasses du port, se moquent du Corrézien devant quelques journalistes sceptiques (…) » (Ibid., 41).

Il faut dire que ce dernier n’est, à ce moment, pas crédité de bons sondages, dans le cadre des Primaires Socialistes ouvertes qui désigneront en octobre 2011, le prochain candidat du parti.

Car c’est la nouveauté : tous les Français auront la possibilité de participer à la désignation du prochain candidat socialiste aux élections présidentielles de 2012, à travers des « Primaires Citoyennes » qui se dérouleront à l’automne 2011.

Avant ce rendez-vous, il en est un autre qui revêt beaucoup d’importance aux yeux de François Hollande : les élections cantonales de 2011.

En effet, il espère que la gauche les remportera pour être lui-même confirmé dans son poste de Président du Conseil Général de Corrèze. Les faits lui donnent raison et il retrouve son siège le 31 mars.

C’est la date qu’il choisit pour déclarer sa candidature à un destin plus national : « ‘Il faut qu’il y ait des idées et une incarnation du changement.

C’est la raison pour laquelle, ici à Tulle, devant vous, mes amis, j’ai décidé de présenter ma candidature à l’élection présidentielle à travers la primaire du Parti socialiste’ » (Michel, 2011 : 46).

C’est le lancement officiel de sa campagne pour les primaires.

Il sait que la bataille sera rude. D’autant qu’il a un adversaire de taille, Dominique Strauss-Kahn (DSK)20, que beaucoup d’observateurs voient comme le futur candidat de la gauche.

Ce dernier est d’ailleurs en tête dans les sondages : le 14 avril 2011, lefigaro.fr place DSK à 46% d’intentions de vote devant François Hollande, 22% et Martine Aubry, 19%21.

20 Homme politique français, notamment directeur du FMI (Fonds monétaire international) de 2007 à 2011).

21 lefigaro.fr, article : « Primaire PS : DSK donné favori (sondage), le 14/04/2011, disponible sur http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/04/14/97001-20110414FILWWW00640-primaire-ps-dsk-favori-selon-un-sondage.php, consulté le 10 mai 2012.

A ce moment, François Hollande sait qu’il va devoir batailler dur pour devancer DSK, qui ne s’est toujours pas déclaré candidat.

Mais un évènement d’ampleur et totalement imprévu va venir bouleverser la donne.

Le 15 mai 2011, DSK est inculpé par la Police de New-York pour des faits présumés d’agression sexuelle : le directeur du FMI se retrouve de fait hors-jeu pour les présidentielles en France.

Contexte de la campagne électorale : définition et interactions

Outre le déferlement médiatique que suscite cette affaire, celle-ci rebat complètement les cartes au sein du parti socialiste et ouvre en quelque sorte la voie à François Hollande, déjà bien placé dans les sondages.

Cet évènement marque un vrai tournant dans la campagne des Primaires, prévues pour se dérouler les 09 et 16 octobre.

Pendant cette campagne, deux candidats se détachent : François Hollande et Martine Aubry, respectivement crédités de 36% et 35% des intentions de vote dans un sondage publié le 14 juin 201122, même si la maire de Lille ne se déclarera officiellement candidate que le 28 juin.

L’été et la rentrée voient la campagne se poursuivre entre 6 candidats23 issus de la gauche et en septembre, c’est toujours François Hollande qui fait la course en tête dans les sondages :

« Le sondage CSA pour BFM-TV des 19 et 20 septembre 2011 confirme la course en tête du député corrézien.

47% des sympathisants socialistes souhaitent que François Hollande soit investi alors que seuls 31% préfèrent Martine Aubry » (Michel, 2011 : 242).

Les résultats du 1er tour confirment les sondages : les deux candidats arrivant en tête sont François Hollande, avec 39.2% des voix et Martine Aubry, qui recueille 30,4% des suffrages.24

Ces résultats sont confirmés au 2e tour puisque, une semaine plus tard, François Hollande l’emporte assez largement avec 56.57% des voix contre 43,43% pour sa rivale.25

C’est donc François Hollande qui représentera les socialistes aux élections présidentielles de 2012.

22 lci.tf1.fr, article : « Primaire socialiste : Aubry talonne Hollande », le 14/06/2011, disponible sur http://lci.tf1.fr/politique/2011-06/primaire-socialiste-aubry-talonne-hollande-6529923.html, consulté le 10 mai 2012.
23 Les 6 candidats sont : François Hollande, Martine Aubry, Ségolène Royale, Arnaud Montebourg, Manuel Valls, Jean-Michel Baylet.
24 http://www.lesprimairescitoyennes.fr, consulté le 10 mai 2012.

Après cette rétrospective sur la vie et le parcours de François Hollande, venons-en maintenant à la présentation des deux journaux qui serviront de base à cette étude.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Université Européenne de Bretagne – Rennes 2 - Unité de formation et de recherche d'arts, lettres, communication UFR ALC
Auteur·trice·s 🎓:
Perrault Frédéric

Perrault Frédéric
Année de soutenance 📅: Mémoire de MASTER 2 Communication - Parcours : Métiers de l’information et de la communication organisationnelle - Septembre 2022
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