Réussite des missions d’audit et Compétences comportementales critiques

Réussite des missions d’audit et Compétences comportementales critiques

Section 2 :

Impact des compétences comportementales critiques sur la réussite des missions d’audit

La réussite des missions d’audit peut se concrétiser à travers plusieurs composantes, les plus importantes sont :

  • La qualité d’audit
  • La satisfaction des partenaires de l’entreprise

En référence à la littérature existante et des recherches antérieures, nous nous intéresserons à montrer l’existence de relation entre le seuil critique comportementale et la réussite des missions d’audit à travers l’analyse de ses principaux déterminants.

1. Seuil critique comportementale et la qualité d’audit

La qualité d’audit est un élément crucial dans la réussite des cabinets d’audit, de leur performance durable et essentiellement de la transparence de l’information économique.

Les normes internationales d’audit (ISA), les codes de déontologie professionnelle et les normes de vérification de l’ICCA insistent sur la notion de qualité et de contrôle qualité au sein des cabinets qui exécutent des missions de certification.

1-1 : Définition et déterminants de la qualité d’audit

De Angelo (1981) définit la qualité d’un audit comme étant : « la probabilité conjointe évaluée par le marché qu’un auditeur découvre une infraction dans un système comptable du client et en rende compte » (Tondeur, 2003).

Citron et Traffer (1992) précisent « qu’un rapport d’audit sera de qualité s’il est le résultat d’un processus d’audit techniquement compétent et indépendant » (Tondeur, 2003).

« De nombreux chercheurs (Knapp, 1991; Flint, 1988; Moizer, 1997) ont retenu cette double approche pour définir la qualité d’audit » (Tondeur, 2003). Cette approche35 fait la distinction entre la qualité de détection et la qualité de révélation.

La qualité de détection est basée sur la capacité de l’auditeur à découvrir une irrégularité ou une anomalie significative dans les comptes de l’entreprise auditée. Elle dépend de sa compétence technique, de son expérience et de son expertise professionnelle.

35 Plusieurs critiques ont été avancées à cette approche. Ces critiques ont montré que les deux caractéristiques de la qualité d’audit (la compétence et l’indépendance) qui relève de « la qualité de l’auditeur » sont soumises à des pressions très fortes et ne peuvent pas à eux seuls garantir la qualité d’audit (Manita et Chemangui, 2006 rapporté sur Watts et Zimmerman, 1985; Fama et Jensen, 1983; Goldman et Barlev, 1974).

La qualité de détection est appréciée à travers deux dimensions : le respect des diligences professionnelles et l’expertise et l’expérience des auditeurs.

La qualité de révélation est basée sur la capacité de l’auditeur à révéler ces anomalies et irrégularités. Elle dépend du degré d’indépendance de l’auditeur. Selon De Angelo (1981) « le niveau d’indépendance est la probabilité qu’une erreur mise en évidence durant l’audit soit révélée par l’auditeur ».

Selon Flint (1988) « l’analyse de l’indépendance de l’auditeur dépend donc de son niveau de probité face aux pressions imposées par ses clients ou relatives à son activité ».

La qualité de révélation est appréciée à travers trois dimensions : l’indépendance financière, l’apparence d’indépendance et la réputation de l’auditeur.

Selon une étude effectuée sur des commissaires aux comptes français, la qualité de détection est privilégiée sur la qualité de révélation (Tondeur, 2003).

D’autres recherches ont appréhendé la qualité d’audit à travers le processus d’audit. Chemangui (2004) propose une approche de mesure de la qualité de l’audit axée sur la nature des travaux d’audit mises en œuvre, il s’agit de mesurer l’adaptabilité des travaux d’audit réalisés aux zones de risque de l’entreprise.

« En d’autres termes, il s’agit de vérifier si les travaux d’audit réalisés répondent aux soucis de contrôle associés aux spécificités de l’entreprise » (Chemangui, 2004).

En raison de la difficulté d’observation du processus d’audit et de sa complexité, l’étude de Manita (2005) a pour objectif de développer au profit des administrateurs et du comité d’audit un instrument de mesure de la qualité du processus d’audit.

Cette étude vient compléter la recherche de Sutton (1993). Les facteurs affectant la qualité d’audit identifiés par cette recherche sont purement techniques et ils sont liés aux différentes phases du processus d’audit.

En conséquence, les déterminants de la qualité d’audit (envisagés par les recherches antérieures) peuvent être classés selon deux critères.

Le premier critère se réfère à la qualité de l’auditeur en tant qu’individu ou groupe d’individus, il s’agit de la compétence et de l’indépendance de l’auditeur (c’est l’approche classique ou indirecte).

Le deuxième critère se réfère à la qualité du processus d’audit c’est-à-dire la nature des travaux d’audit et leur niveau d’adaptabilité aux zones de risques de l’entreprise (c’est l’approche directe).

Les normes internationales d’audit ont consacré deux normes pour traiter de la qualité d’audit sans pour autant donner une définition claire de la « qualité d’audit ». En fait ces deux normes (ISQC 1 et ISA 220) traitent du contrôle qualité des missions d’audit et des cabinets d’audit.

1-2 : Le contrôle de la qualité d’audit

La norme ISQC 1 prévoit que le cabinet doit mettre en place un système de contrôle qualité destiné à fournir l’assurance raisonnable que le cabinet et son personnel se conforment aux normes professionnelles et aux obligations légales et règlementaires et que les rapports émis sont appropriés en la circonstance.

Cette norme s’applique à tous les cabinets réalisant des missions d’audit ou d’examen limité d’information financière, ainsi que les autres missions d’assurance et de services connexes.

La norme ISA 220 précise les procédures et les politiques à mettre en œuvre pour le contrôle qualité des missions d’audit.

Il en résulte que les politiques et les procédures de contrôle qualité doivent être définies et mises en œuvre tant au niveau du cabinet d’audit que de la mission d’audit prise isolément. Ces politiques doivent être formalisées et communiquées au personnel du cabinet

D’où l’existence de deux genres de politiques de contrôle qualité pour les cabinets d’audit :

  • Des politiques et procédures générales
  • Des politiques et procédures spécifiques à la mission d’audit. Les mesures générales de contrôles qualité dans les cabinets d’audit

Le système de contrôle qualité d’un cabinet d’audit doit comporter des politiques et des procédures couvrant chacune des composantes suivantes (ISQC 1) :

  • Rôle des personnes responsables de la qualité au sein du cabinet
  • Règles d’éthique : le cabinet définit les politiques et procédures permettent de s’assurer que le cabinet et son personnel se conforment aux règles d’éthique (intégrité, indépendance et objectivité, compétence et conscience professionnelle, secret professionnel, professionnalisme).
  • Acceptation et maintien de la relation client et des missions ponctuelles : le cabinet définit des politiques pour l’acceptation et le maintien de la relation client qui prennent en considération l’indépendance du cabinet, sa capacité d’accomplir la mission et l’intégrité du client.
  • Ressources humaines : le cabinet définit des politiques permettant de s’assurer que le cabinet dispose d’un personnel en nombre suffisant, possédant les capacités et les compétences requises et ayant pris l’engagement de respecter les principes d’éthiques applicables à la réalisation de mission.
  • Réalisation de la mission : le cabinet définit les politiques permettant de s’assurer que les travaux d’audit sont réalisés conformément aux normes professionnelles et la règlementation en vigueur. Ces politiques doivent être rassemblées dans un manuel de procédures.
  • Suivi du système de contrôle qualité : le cabinet définit des politiques et des procédures destinées à s’assurer que les politiques relatives au système de contrôle qualité sont pertinentes, adéquates, fonctionnent efficacement et qu’elles sont effectivement respectées.
Les mesures lors d’une mission d’audit prise d’une manière isolée

L’auditeur et l’équipe affectée à la mission doivent mettre en œuvre des procédures de contrôle qualité applicables aux missions d’audit. Ces procédures peuvent couvrir les composantes suivantes (ISA 220 et chapitre 5030 du manuel de l’ICCA) :

  • Responsabilité des dirigeants de cabinet à l’égard de la qualité des missions d’audit : l’associé responsable de la mission doit prendre la responsabilité de la qualité globale de chaque mission d’audit, en fait il doit donner l’exemple aux autres membres de l’équipe.
  • Les obligations déontologiques et les règles d’éthique : l’associé responsable de la mission doit s’assurer que les membres de l’équipe affectée à la mission ont satisfait aux règles d’éthique (intégrité, objectivité, compétence et conscience, secret professionnel).
  • Acceptation et reconduction des relations clients : l’associé responsable de la mission doit s’assurer que les procédures appropriées ont été mises en œuvre relativement à l’acceptation et au maintien de la relation client et de la mission d’audit, et que les conclusions tirées à cet égard ont été consignées.
  • Affectation des équipes d’audit : l’associé responsable de la mission doit s’assurer que l’équipe affectée à la mission dispose collectivement des compétences, des ressources et du temps nécessaires pour exécuter la mission conformément aux normes professionnelles et aux dispositions légales et règlementaires.
  • Exécution de la mission : l’associé responsable de la mission doit prendre la responsabilité de la direction, de la supervision et de la réalisation de la mission d’audit.
  • Préalablement à l’émission du rapport, l’associé responsable de la mission doit s’assurer que des éléments probants suffisants et appropriés ont été recueillis pour fonder les conclusions tirées et étayer le rapport d’audit.
  • Revue de contrôle qualité d’une mission : l’objectif de ce contrôle consiste à fournir une appréciation objective, avant la délivrance du rapport, des jugements significatifs posés par l’équipe d’audit et des conclusions tirées en formulant le rapport d’audit.

L’associé responsable de la mission doit s’assurer qu’une personne chargée du contrôle qualité d’une mission a été nommée, discuter avec cette personne des questions significatives qui surgissent au cours de la mission, résoudre les questions soulevées par le contrôleur, s’assurer qu’un contrôle de qualité est achevé avant la délivrance du rapport et en fin que les travaux de contrôle de la qualité ont été consignés en dossier de façon appropriée.

1-3 : Contribution du seuil critique comportementale à la qualité d’audit

L’approche classique fait référence à la qualité de détection (qui dépend des compétences techniques du commissaire aux comptes et de son expérience), et à la qualité de révélation se rattachant au degré d’indépendance. Cependant la qualité d’audit est particulièrement sensible aux comportements de ceux qui exécutent la mission.

Behn et al (1997) décrivent la qualité d’audit à travers douze attributs : « bonne réaction au besoin du client, implication active par les cadres du cabinet d’audit, interaction efficace et continue avec le comité d’audit, conduite appropriée du travail d’audit, expertise de l’industrie, expérience passée de l’équipe d’audit et du cabinet d’audit avec le client, scepticisme de l’auditeur (doute), compétence technique, indépendance, obligation de prudence et de diligence, engagement de qualité, normes éthiques de l’équipe d’audit » (Tondeur, 2003). Les trois premiers attributs impliquent la communication.

A ce niveau, il nous semble intéressant d’intégrer les compétences comportementales critiques parmi les composantes d’un audit de qualité.

D’où l’hypothèse 1 (H1) : Les compétences comportementales critiques ont un impact positif sur la qualité d’audit.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Université du Sud – Faculté Des Sciences Economiques Et De Gestion De SFAX
Auteur·trice·s 🎓:
Bouaziz Faida

Bouaziz Faida
Année de soutenance 📅: Mémoire pour l’obtention du diplôme national d’expert-comptable - 2007 - 2008
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