Approfondissement de la notion de renouvellement du moi

Approfondissement de la notion de renouvellement du moi

Approfondissement de la notion de renouvellement du moi

Dans cette figure, le mouvement interne apparaît à nouveau en tant que vécu fondateur mais à travers cette fois-ci sa fonction de principe de renouvellement du moi. Ce processus de renouvellement a été amplement illustré dans les lignes qui précèdent.

Il renvoie à l’expérience de la transformation et nous souhaitons en rappeler les caractéristiques telles qu’elles sont évoquées par Danis Bois dans son ouvrage Le moi renouvelé. Pour qu’il y ait renouvellement, il faut ainsi réunir quatre conditions :

  •  la présence du mouvement interne;
  •  la conscience de ce même mouvement;
  •  la conscience des effets du mouvement interne;
  •  l’accompagnement actif de ces mêmes effets.

Citons les propos de l’auteur : « Le moi renouvelé est ce que devient l’identité individuelle quand quatre conditions sont réunies chez la personne : que son corps soit habité par le mouvement interne5, que sa conscience soit éveillée activement à percevoir ce mouvement interne, qu’elle ait accès à l’éprouvé issu du mouvement interne et enfin qu’elle accepte d’accompagner pleinement le processus actif de transformation véhiculé par le mouvement interne » (2006, p. 157) La présence du mouvement interne est principalement du ressort du praticien en psychopédagogie perceptive. Il propose des cadres d’expérience propices à l’éveil de cette force de vie interne.

La « conscience active » qui va se poser sur le mouvement interne est une aptitude qui doit elle aussi s’éveiller. Nous entrons là dans la dimension pédagogique de notre approche : la personne doit « percevoir consciemment son propre mouvement interne et pouvoir en faire l’expérience de façon régulière, voire permanente.

Développer une conscience claire et distincte des manifestations internes du corps demande un entraînement plus ou moins long (selon les personnes), et justifie toute la dimension pédagogique de la méthode proposée » (Ibid., p. 158).

La conscience du mouvement interne, comme celle de ses effets, renvoie à la capacité de percevoir l’immédiat du corps. Insistons sur le défi que représente cet accès à l’immédiateté : « Nos patients témoignent d’ailleurs souvent qu’ils ont le sentiment de subir leur vie, sans parvenir à en tirer des informations.

L’immédiateté leur échappe, leur perception est toujours décalée; ils réfléchissent « après », ils perçoivent les conséquences a posteriori ou, au contraire, ils anticipent en permanence les conséquences de leurs actes à venir… Mais pendant l’acte, confient-ils, ils ne perçoivent pas, ils ne se perçoivent pas.

Comme s’il y avait une véritable infirmité face à l’immédiateté » (Ibid., p. 160). Nous l’avons évoqué lors de l’examen du vécu de la présence à soi, l’acte perceptif s’accompagne d’un ancrage temporel et devient source d’informations précieuses pour la personne.

Danis Bois précise : « Le moi renouvelé est le moi qui est capable de capter toute information qui naît du présent, d’en saisir le sens et de se laisser transformer par elle. Avec cette conception, la représentation d’un moi permanent, immuable, laisse la place à un moi mouvant, adaptable, théâtre d’un constant processus dynamique d’évolutivité » (Ibid., p. 160).

Enfin, « l’accompagnement actif » met en scène tout d’abord la capacité de la personne d’enclencher un processus de réflexion autour de son expérience perceptive. Pour le fondateur de la psychopédagogie perceptive : « Il ne s’agit pas seulement de changer le rapport au corps; il s’agit de changer le rapport au corps pour changer le rapport à ses idées.

Il s’agit de changer réellement de ‘positionnement somato-psychique’6 » (Ibid., p. 163). S’il se fonde sur un enrichissement de la perception du corps, le renouvellement du moi passe par une réelle transformation des représentations.

Les recherches menées au Cerap précisent les enjeux de cette transformation (Bois, 2007, op. cit.). Précisons simplement ici que cette transformation ne va pas sans mobilisation d’un effort. Danis Bois témoigne (2006, op. cit., p.166) :

Pour avoir la force d’apprendre, il faut avoir la force d’aller dans ce que l’on ne connaît pas. Cela ne pose pas de problème à un enfant, qui n’a aucun enjeu à changer de point de vue. Mais pour l’adulte, l’enjeu est énorme : il doit changer ses repères, il a l’impression que, pour accéder à une idée nouvelle, il doit faire mourir une autre idée.

Quand ce qui a été vécu dans l’expérience vient contredire les idées existantes, il faut un temps de latence parfois long pour gérer les réactions de rejet ou de tiraillement et accepter l’information nouvelle.

Nous verrons que ces enjeux sont particulièrement forts quand le renouvellement tente de s’exercer dans la sphère des relations signifiantes et en particulier dans les relations de couple.

Terminons cet examen rapide de la notion d’accompagnement actif en nous interrogeant sur la dimension du « projet » : au contact de cette rencontre avec la « dynamique d’évolutivité » du moi, la personne fait-elle le choix d’inscrire ce déploiement dans un véritable projet de vie ? Ou au contraire, cette découverte reste-t-elle l’expérience d’un moment, d’un temps privilégié mais qui ne se verra pas donné le prolongement qu’il mériterait peut-être et qui serait nécessaire à l’actualisation des potentialités entrevues ? La définition claire d’un projet de vie centré sur le rapport au sensible ne peut que venir faciliter l’accompagnement du processus de la transformation.

Ce projet vise à ce que l’enrichissement des représentations perceptives, motrices et comportementales gagne le secteur du rapport aux autres et vienne modifier le regard sur les événements. Pour Danis Bois, il est clair que l’expérience d’enrichissement perceptif que propose la psychopédagogie perceptive et le processus de renouvellement qui lui est associé n’ont pas pour vocation de ne vivre que le temps de la rencontre entre le praticien et son patient devenu étudiant de lui-même : « ce renouvellement est mis à l’épreuve de la vie quotidienne » (Ibid., p. 165).

Encore faut-il ici que la personne choisisse comme projet de laisser la sphère d’influence du sensible s’étendre jusqu’aux secteurs clés de sa vie.

Notre enquête a précisément comme objectif de cerner dans quels termes ce processus de renouvellement du moi vient s’exercer dans le secteur de la relation de couple.

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