L’organisation de Béthune 2011

2.3.3 L’organisation de Béthune 2011

Après avoir discuté de la nature culturelle de Béthune 2011 et des enjeux portés par la démarche capitale régionale de la culture, il convient de pouvoir présenter la manière dont le projet de politique culturelle s’imbrique dans le territoire, s’organise en terme institutionnel notamment au niveau des partenariats.

Ce détail opéré dans la description de Béthune 2011 est présenté de manière à correspondre aux perspectives de recherche qui ponctuent la suite du mémoire présenté mais également l’éventuelle recherche de troisième cycle qui pourrait être consacré au management de la durabilité dans les politiques culturelles.

Ainsi, établir la nature culturelle du projet étudié, ses perspectives en terme d’enjeux et d’évaluation comme de son articulation administrative et territoriale permet de pouvoir légitimement utiliser cet exemple concret et empirique dans les réflexions majeures qui ponctueront le dernier chapitre et qui serviront de bases de travail à d’éventuelles recherches futures sur la question.

En effet, il s’agira par la suite de pouvoir présenter succinctement des outils de management durable tant dans l’opérationnalité que dans la finalité en se basant notamment sur les expériences et extrapolations observables dans le cadre de la capitale régionale.

En ce sens, la connaissance de l’organisation de Béthune 2011 passe tout à la fois par l’articulation interinstitutionnelle qui porte le projet global mais aussi par son intégration locale qui indique son degrés d’adéquation culturelle avec le territoire.

Extrait des supports de communication Béthune 2011

Extrait des supports de communication Béthune 2011, http://www.bethune2011.fr/lart-toi

La présentation communicationnelle présente les trois institutions que sont la ville de Béthune, la communauté d’agglomération ArtoisComm’ et la Région Nord-Pas de Calais de manière équitable en terme de charte graphique et unies autour d’un seul logo présentant Béthune 2011.

Il semblait important de joindre le visuel communicationnel à l’argumentation littéraire tant il symbolise le travail collectif de plusieurs institutions autour d’un seul projet.

Dans le cadre de Béthune 2011, les financements conjoints s’élèvent à quelques 12 millions d’euros dont la moitié est supportée par la Région. La communauté d’agglomération participant à hauteur de 4 millions d’euros et la ville de Béthune aux 2 millions restants.

Le budget conséquent ici mobilisé est le fruit d’un partenariat entre ces institutions dans la mesure ou chacun en fonction de ses compétences et de ces moyens financiers ont abondé la somme totale dont la moitié est consacrée à l’organisation de l’événement et l’autre moitié à la rénovation et aux investissements durables notamment en terme d’infrastructures culturelles.

Le partenariat entre les institutions n’est pas uniquement le fruit d’un accord financier, l’organisation et le portage de projet artistique connait également une déclinaison partenariale entre ces institutions.

Ainsi, entre trois lieux principaux d’exposition au cours des trois saisons de Béthune 2011, un est à gestion et à proposition artistique uniquement municipal (Le Lab-Labanque), un second est uniquement géré par la Région (Le 360) et un dernier (Le Garage) est une illustration concrète d’un partenariat inter-institutionnel dans la mesure ou les trois parties prenantes du projet se sont associées tant dans la proposition artistique que dans le financement ou dans la gestion de l’organisation plus technique et quotidienne de l’exposition.

Ainsi, alors que la médiation artistique est gérée par la Région, l’accueil des spectateurs est pris en charge par des salariés de l’Office du Tourisme de Béthune et l’une des propositions artistiques durant les trois saisons de l’événement, à l’initiative d’ArtoisComm’… Les institutions de degrés de compétence et d’échelon territorial différent ont donc intérêt à travailler ensemble tant pour des raisons d’efficacité, d’efficience que de cohérence.

Identiquement, les investissements relatifs aux projets culturels déclinés territorialement indiquent également l’ampleur de la durabilité souhaitée.

Dans le cadre d’un événement culturel, les investissements consacrés à la rénovation ou à la création de lieux artistiques et culturels utiles sur le long terme au-delà de l’agenda culturel dans lequel ils s’inscrivent, sont un bon moyen de comprendre l’ambition durable de la démarche.

Il est donc proposé de présenter brièvement le cadre des investissements architecturaux et culturels dans la préparation de Béthune 2011, capitale régionale de la culture.

La moitié du budget total de l’événement est consacrée à la rénovation de lieux culturels de la communauté d’agglomération. Six projets d’envergure accompagnent l’événement en territoire béthunois.

Parmi les plus ambitieux, la rénovation complète du théâtre municipal de Béthune qui vise notamment à préserver la façade classée (maintien du patrimoine) et à renforcer l’accessibilité du bâtiment (accessibilité à tout type de public).

L’importante friche architecturale que représente l’ancienne antenne de la Banque de France en plein centre de Béthune est également ainsi réinvestie en tant que résidence d’artistes et lieu d’exposition incontournable de la programmation de Béthune 2011 en accueillant notamment les œuvres du musée du Louvre dans le cadre du partenariat établi pour la troisième saison.

De la même manière, la Grand Place de Béthune, l’espace culturel Grossemy, le stade-parc et la piscine art-déco de Bruay-la-Buissière seront ainsi traités artistiquement et mis à disposition du public pour un art à disposition quotidienne des spectateurs.

L’ambition de ce type d’investissement durable étant de présenter et d’offrir une proposition artistique aux individus ne se sentant peut être pas forcement concernés à la base.

La philosophie est la même concernant le projet SMOB, scène mobile en campagne déclinant des propositions artistiques de qualité au sein d’endroits reculés et peu touchés par les politiques culturelles.

Le renfort de l’accessibilité, la création ou la valorisation de lieux culturels durables ou la mise à disposition de propositions artistiques dans une philosophie de démocratisation culturelle sont des exemples empiriques d’une durabilité rendue possible par des investissements pensés sur le long terme et visant des externalités notamment économiques et sociales.

Pour que cette durabilité soit la plus encline à s’intégrer sur le territoire et donc à présenter des externalités les plus efficaces possibles, il convient également de juger de son articulation au sein du territoire accueillant le projet.

Evénements de politique culturelle et territoires organisent donc leur relation autour d’un appui mutuel notamment identitaire dont chacun peut tirer parti en terme de notoriété.

Beaucoup de démarches de marketing territorial à l’échelle communale notamment, basent leur démarche de communication sur la présence d’un événement de renommée internationale sur leur territoire.

Cette fusion entre événement et territoire se lie tout à fait dans la démarche entreprise dans le cadre de Béthune 2011, capitale régionale de la culture :

Béthune 2011, l’art+toi

Béthune 2011, l’art+toi, http://www.bethune2011.fr/lart-toi

La communication sur l’événement dont le slogan est « Béthune 2011, l’art+toi » est un jeu de mots qui laisse la part belle au territoire qui présente une forte identité, l’Artois. Par ailleurs, le jeu de mots « Art+toi » sous entend également le nom de la communauté d’agglomération ArtoisComm’ qui est un des porteurs principaux du projet.

La volonté des organisateurs est en fait de sous entendre que l’Artois est un territoire d’art tout en offrant une dimension personnelle au spectateur touché par la communication, à savoir que l’art et lui- même sont complémentaires.

A partir d’un postulat relativement simple, deux messages importants sont passés visant tout à la fois l’implication et l’interpellation du spectateur ainsi que l’ancrage territorial de l’événement au sein de l’Artois.

L’ancrage territorial à un effet non seulement sur le public extérieur mais également sur les habitants eux-mêmes. Cette double articulation en terme d’image perçue par les habitants et par les touristes éventuels est très importante à noter.

La vision que les habitants ont de leur territoire peut conditionner l’image même de ce territoire étant donné le fait qu’ils sont les premiers ambassadeurs de leur région et que le maintien d’une population sur place est vitale pour la survie d’un territoire.

De ce fait, une revalorisation de l’image de la ville et l’installation de spectacles ou de rendez-vous culturels de forte renommée localement ont indéniablement un impact positif sur la vision des habitants concernant leur territoire.

Empiriquement et particulièrement concernant Béthune 2011, une série d’entretiens ont été réalisé lors de la fête d’ouverture de la première saison, le 2 avril 2011.

Au cours d’un des entretiens, une commerçante de la Grand Place de Béthune notait combien cet événement était non seulement susceptible d’impacter son chiffre d’affaire mais également de revitaliser Béthune qui « est une ville un peu endormie et qui a besoin de bouger » selon les dires de la commerçante.

L’ancrage territorial de l’événement doit être fort et un lien historique ou thématique doit permettre la définition locale et la cohérence de la démarche événementielle. Enfin, l’offre artistique doit être au niveau des ambitions avancées et l’événement doit pouvoir s’inclure dans les équipements culturels locaux.

Un registre gagnant-gagnant peut donc s’établir entre événement et territoire permettant la création d’externalités positives pour l’ensemble des parties engagées dans le projet.

D’une manière globale, il apparait que pour qu’un projet de politique culturelle soit efficace à l’échelle locale, il est nécessaire que celui-ci se développe en accord avec la culture et les moyens locaux.

La dualité du principe de culture démontrée tout à la fois dans le premier chapitre de ce mémoire et plus approfondi dans les travaux ayant précédés le présent travail rappellent qu’un projet culturel à d’autant plus de chance de se voir efficace et efficient lorsqu’il est décliné en fonction de la culture locale dans son sens le plus large comprenant l’organisation administrative et humaine du territoire, les aspirations collectives comme individuelles, l’histoire locale (comme en témoigne le succès notable des événements culturels se référant au passé minier de la région béthunoise à l’image de la programmation « Flaky et camarades » dans le cadre de la programmation de Béthune 2011).

Concernant le cas concret de Béthune 2011, il convient malgré tout de préciser que cette adéquation entre culture locale et proposition artistique s’est proposée d’être dépassée à travers une offre éminemment contemporaine dans une région peu habituée à ce genre de démarche.

Paradoxalement, les propositions artistiques ne doivent pas forcement être en adéquation totale avec la culture du territoire, car elle peut viser à un objectif de politique culturelle telle que peut l’être la démocratisation de l’art contemporain sur un territoire.

Lorsque l’on parle d’adéquation avec la culture locale, il convient donc de préciser qu’il s’agit de la démarche entreprise et non forcement de la proposition faite en particulier.

Il s’agit donc d’avoir à l’esprit cette différenciation importante entre l’art et la culture à l’image d’Hannah Arendt qui avance le fait que « si la culture et l’art sont étroitement liés, ils ne sont en aucun cas la même chose » (Arendt, 271).

L’articulation d’une politique culturelle, a fortiori basée sur un événementiel culturel implique donc une réflexion organisationnelle, managériale même, voire philosophique dans l’optique de création d’externalités qui peuvent être considérées comme éléments de politiques culturelles.

Béthune 2011 se base donc sur une relation complexe entre institutions porteuses de projet, tant en terme de financement que de gestion technique opérationnelle.

Identiquement, l’analyse rapide des outils de communication et des finalités territoriales de la politique culturelle nous apprend que le projet Béthune 2011 non seulement semble répondre à une attente locale mais présente également la volonté d’un ancrage territorial fort dont l’efficience sera jugée notamment par le processus évaluatif.

Conclusion du chapitre second

L’optique principale du mémoire de recherche est de pouvoir poser les bases d’un management durable des politiques culturelles. Or, avant de pouvoir en proposer un aperçu, il convient de pouvoir dresser un panorama complexe des politiques culturelles que nous nous proposons de décliner dans une finalité durable.

Pour cela, une analyse étymologique, politique et historique nous ont permis de comprendre les enjeux, raisons et objectifs de la politique culturelle.

Dans un second temps et au regard des observations empiriques réalisées sur la question, tant dans le cadre du stage professionnel que dans les écrits de différents auteurs, il convenait d’aborder la question de la déclinaison événementielle des politiques culturelles en s’interrogeant notamment sur leur différenciation ou leur complémentarité.

L’ensemble des réflexions à ce propos nous a permis de proposer l’articulation suivante. Les politiques culturelles peuvent être constituées, et le sont en grande partie, par un ensemble d’événements culturels dit de qualité ou dont les finalités recoupent les objectifs d’une politique culturelle à part entière.

La proposition qui sera faite dans le chapitre suivant de décliner durablement la notion d’événement culturel peut représenter une possibilité d’adéquation voire d’organisation d’une politique culturelle durable, même basée sur de l’événementiel.

Enfin, le projet capitale régionale de la culture à travers notamment la nomination de Béthune comme capitale pour l’année 2011 est une base empirique d’observation notamment pour les propositions managériales avancées dans le chapitre suivant.

En ce sens, il apparaissait important de pouvoir présenter la démarche culturelle en question au regard de la problématique globale à travers une déclinaison empirique de l’articulation politique/événement culturel, une connaissance approfondie des objectifs de la démarche au regard notamment de son évaluation et enfin de la manière dont le projet est géré en terme de partenariat institutionnel et d’ancrage territorial.

Après avoir considéré les liens entre culture et développement durable comme base de réflexion à une étude plus précise des liens occupant politique culturelle et durabilité, il convient d’étudier en détail les perspectives managériales et durables d’une telle déclinaison.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Politiques culturelles et durabilité : Introduction au management de projet culturel et durable
Université 🏫: Université d'Artois - UFR EGASS (Economie, Gestion Administration et Sciences Sociales)
Auteur·trice·s 🎓:
Romain Plichon

Romain Plichon
Année de soutenance 📅: Mémoire de Master 2 Professionnel, Développement des Territoires, Aménagement, Environnement - 2010/2011
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