Les attitudes des parents envers les soins dentaires

Les attitudes des parents envers les soins dentaires

Chapitre VII : Discussion

VII.1 Rapport sur les principaux résultats

Nous observons l’influence des croyances dans les attitudes des parents des groupes 1, 2 et 3, avec une présence signifiante dans les groupes 1 et 2.

Les réactions des enfants montrent un comportement collaborateur et positif (selon les enregistrements vidéo : les groupes 1 et 2 sont les plus expressifs au total- comportements solitaires G1 : 198; G2 : 257 et G3 : et interactifs G1 : 144; G2 :

155 et G3 : 95; comportements coopérants G1 : 66; G2 71 et G3 : 51; non coopérants : G1 avec 5 mouvements brusques, G2 avec 20 et G3 avec 4; selon Frankl : 41 patients entre + et ++ au total).

VII.1.1 Rapport sur les réactions des enfants lors des soins dentaires

Dans la population d’enfants du groupe 1, chez 9 enfants il s’agissait de la première expérience de soins dentaires, même si ils avaient déjà présenté des caries et avaient déjà souffert de maux de dents.

Ce point est un indicateur du milieu défavorisé dans lequel vivent ces enfants et reflète l’attitude peu préventive des parents envers la santé bucco-dentaire.

Les 7 autres enfants du groupe sont déjà allés chez un dentiste, mais aucun n’avait l’habitude d’y aller régulièrement. Selon nos observations, dans la totalité de ce groupe, il y a eu plus de réactions positives que négatives.

Quand on compare ce résultat avec le groupe de contrôle 3, on constate que les enfants du groupe 1 étaient beaucoup plus expressifs, même si la relation entre les réactions négatives et positives dans les deux groupes était très similaire.

 

  1. Considérons que les réactions négatives plus expressives trouvent leur explication, d’une part dans la peur de l’inconnu chez les enfants et, d’autre part dans le transfert des croyances des parents sur la situation de soins.
  2. Considérons aussi que les réactions positives les plus expressives s’expliquent, d’un côté, par la curiosité des enfants envers le dentiste, le cabinet et la situation de soins, de l’autre, par l’obéissance des parents aux demandes de coopération lors des soins.

Ce désir des parents est motivé par l’intention de participer au système officiel de santé, et est canalisé par le fait que la visite dentaire est une opportunité très rare dans leur milieu.

Dans le groupe 2, tous les enfants avaient déjà visité un dentiste et avaient un contact plus profond avec le milieu médical parce qu’ils avaient déjà subi un traitement oncologique.

En ce qui concerne les réactions des patients lors des soins dentaires, nous avons vérifié qu’une partie significative des enfants ont présenté un comportement plutôt positif.

Cependant, chez les 4 enfants où a été observé un comportement négatif, les réactions ont été beaucoup plus exacerbées que dans les autres groupes.

Même chez les enfants qui ont présenté des réactions plutôt positives, les réactions négatives qui se sont manifestées ont été plus exacerbées que chez les enfants des groupes 1 et 3.

Nous expliquons ces réactions par la souffrance vécue lors du traitement oncologique dont la situation de soins dentaires a pu faire renaître les souvenirs.

Dans le groupe 3, tous les enfants fréquentent le dentiste depuis leur toute petite enfance.

Nous notons que leurs réactions sont presque totalement positives, résultat qui contraste avec les groupes 1 et 2.

Nous interprétons ce comportement en fonction d’abord de l’habitude ancienne qu’ont les enfants de la situation de soins dentaires. Ensuite, par le fait que les parents ont transféré leur logique « rationnelle » à leurs enfants.

Les attitudes des parents envers les soins dentaires

VII.1.2 Rapport sur les attitudes des parents

Pour les parents du groupe 1, il y a eu, dans tous les cas, un attachement aux croyances. Nous avons remarqué, dans ce groupe, une forte influence des croyances dans les attitudes des parents envers les soins de santé.

Cela peut s’expliquer, d’abord, par le manque d’accès au système de santé « officiel », ensuite par le faible niveau de formation et d’éducation des parents, et enfin, par la grande influence des traditions dans leur logique de pensée.

Pour les parents du groupe 2, nous identifions un attachement aux croyances beaucoup plus intense que chez les parents du groupe 1. Ce qui peut être expliqué par le fait que la maladie a dû potentialiser leur conception traditionnelle, traduite surtout par les croyances correspondant à la situation de soins.

Quant aux parents des enfants du troisième groupe, nous constatons que, pour la plupart, leurs attitudes dans le domaine des soins de santé n’est pas influencée par des croyances.

Pourtant, il est à noter que presque la moitié des parents de ce groupe croit aux pratiques traditionnelles et que certains ont amené leurs enfants chez les bénisseurs, suivant en cela le conseil des plus âgés de leur famille.

Ce qui montre qu’au Brésil il existe un attachement aux croyances traditionnelles, même chez des personnes appartenant à un milieu favorisé.

De toute façon, une bonne partie de ces parents n’accordent pas d’importance à ce type de soins.

Nous considérons que le manque de « confiance » des parents dans les pratiques traditionnelles de soins a contribué au fait que les enfants ne sont pas influencés par ces croyances.

VII. 2 Rassemblement des choix méthodologiques

Plusieurs études évaluent les émotions de l’enfant, surtout la peur et l’anxiété, pendant un traitement dentaire (RAADAL, MILGROM, WEINSTEIN, MANCL et CAUCE, 1995; MILGROM et alii, 1995; KLINGBERT et HWANG, 1994; MELAMED, 1986; WRIGHT et alii, 1973a, b).

Cette évaluation est faite surtout dans le contexte de trois aspects principaux : psychologique, physiologique et comportemental.

En fonction des éléments apportés par la dentisterie comportementale, que nous avons expliqués dans le chapitre I de notre étude, nous convenons avec Shinohara et alii (2005) que l’évaluation comportementale est une des pratiques les plus utiles dans la clinique odontopédiatrique.

Nous ne voulions pas travailler spécifiquement sur l’anxiété du patient. Notre intérêt se portait plutôt sur l’analyse du comportement lors des soins afin de, à partir des récits des patients sur l’anxiété et la peur de leurs enfants, établir un rapport en fonction de ces résultats.

Le contrôle de l’enfant ayant pour base son comportement est une compétence très importante dans l’odontologie pédiatrique. Empiriquement, l’idée s’est répandue que, quand un enfant présente anxiété ou peur dentaire, il présentera un comportement non-coopératif lors des soins dentaires.

Or, même si le dentiste considère cette anxiété lors des soins, le contrôle des réactions dépend de l’expérience du praticien et de décisions subjectives (SHINOHARA et alii, 2005).

Le manque de coopération dans le cabinet a été bien étudié par Lee et alii. (1989) à partir de profils de comportements obtenus grâce aux observations d’enregistrements vidéo : les réactions de 45 enfants, âgés de 7 à 15 ans, ont été distribuées en 8 catégories (pleurs, « veut voir les parents », « veut voir les instruments », « arrête le traitement », « demandes verbales », pousse le dentiste, agité, se débat).

Les parents ont répondu à un questionnaire sur des questions démographiques.

Cette dernière étude nous a aidés dans l’organisation des catégories, mais elle n’apporte pas de détails sur les réactions des enfants et nous n’étions pas seulement intéressés par le comportement négatif des enfants, comme les auteurs.

Il est à noter aussi que ce n’est pas la totalité des enfants anxieux qui présente des problèmes de contrôle du comportement et que, en réalité, une minorité des enfants qui en sont affectés présentent une anxiété dentaire (KLINGBERG et alii, 1995).

Comme nous l’avons déjà expliqué,

l’anxiété et la peur dentaire sont mesurées de façon diverse et exhaustive (MILSOM et alii., 2003; de JONGH et ter HORST, 1993; KLEINKNECHT et alii, 1973).

Pour l’évaluation du comportement de l’enfant, des études sur l’observation et l’enregistrement des réactions ont été déjà développées (SHINOHARA et alii, 2005; KULICH et alii., 2000; Lee et alii., 1989; FRANKL et alii., 1962).

Ainsi, nous profitons de l’échelle de Frankl, qui classe l’enfant selon les attitudes de coopération ou de manque de coopération. Cependant, Frankl et alii. (1962) ne définissent pas d’items d’observation définitifs.

C’est pourquoi, nous proposons, en nous appuyant sur l’étude de Ionescu et alii. (1995), une grille de comportements portant sur deux classes principales : les comportements solitaires et interactifs et les comportements coopératifs et non-coopératifs.

Comme le décrit Shinohara et alii (2005), il est à noter que c’est un travail difficile à insérer dans la pratique dentaire de tous les jours.

Le travail de ces auteurs porte sur un échantillon de 33 enfants entre 3 et 9 ans dont aucun n’avait de spécificité par rapport aux réactions non-coopératives ou à l’anxiété dentaire.

Leur recherche a montré que les trois variables latentes les plus importantes pour le comportement de l’enfant sont l’évasion, l’auto-défense et l’expression faciale et que l’observation de ces trois variables dans le comportement de l’enfant est très utile dans la pratique dentaire.

L’utilisation de ces deux outils de recherches (enregistrement vidéo et échelle de comportement de Frankl) dans l’observation des réactions a renforcé les conclusions trouvées à partir de chaque méthode isolée.

Ainsi, la grille de comportement établie à partir de l’étude de Ionescu et alii.(1995) nous montre une richesse de détails dans les réactions de l’enfant que nous n’avons pas pu trouver dans l’échelle d’évaluation de comportement 127 de Shinohara et alii (2005), travail qui nous a également apporté une aide importante pour l’établissement des items dans l’échelle.

Nous pensons donc que notre recherche, grâce au classement des réactions par « catégories de comportements » nous permet d’identifier de façon plus organisée l’immense quantité de réactions repérées.

En outre, si le visage présente plus d’un signe pour montrer une seule émotion, les individus sont touchés par plus d’une émotion en même temps, dans la plupart des circonstances.

Dans la situation de soins dentaires, il faut savoir prendre en considération l’ensemble des expressions (région inférieure et supérieure de la face).

De plus, les expressions transmises par la région des yeux et du front sont plus en mesure d’être crédibles puisque nous avons moins de contrôle volontaire, ce qui constitue un obstacle pour les dissimulations et simulations (SEGER, 2000).

Ces signes sont très utiles et aident à repérer les émotions chez l’enfant lors du traitement dentaire, surtout chez les plus timides.

Pendant le moment des soins, vu qu’il n’est pas toujours possible que l’enfant puisse se faire entendre verbalement ou par le geste, la compréhension des éléments non-verbaux, dont les expressions ont été très riches dans notre recherche est tout à fait utile.

De plus, selon Leventhal et Sharp (1965) et Shinohara et alii (2005) il est possible d’évaluer le comportement de l’enfant à partir de l’observation des expressions faciales.

Par ailleurs, les symptômes comportementaux de la peur peuvent se présenter sous la forme d’un comportement d’évasion et d’évitement de situations senties comme menaçantes.

Quand il y a impossibilité d’évitement ou d’évasion face à une situation déterminée, on observe des pleurs (ASBAHR et ITO, 1998).

Quant aux entretiens, nous voudrions simplement mettre ici l’accent sur l’importance de cette approche.

L’exploration des faits vécus par le sujet vivant dans des contextes socio-économiques différents a occupé une place principale et nous avons pu comprendre comment fonctionne un peu le système de valeurs de ces sujets et leurs repères.

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127 BES en anglais: Behavioral Evaluation Scale

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Les facteurs psychologiques impliqués lors des soins dentaires aux enfants brésiliens
Université 🏫: Université PARIS 8- VINCENNES-SAINT-DENIS
Auteur·trice·s 🎓:

PAULA DE LIMA SOARES
Année de soutenance 📅: Thèse de doctorat en psychopathologie et psychologie clinique – Ecole Doctorale Cognition, Langage, Interaction
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