L’entrepreneuriat : Inné ou acquis ?

Théorie de la formation de l’événement entrepreneurial

Chapitre 2 :

De l’université à l’entreprise : Les apports de l’enseignement de l’entrepreneuriat

Introduction

La recherche combinant l’enseignement et l’entrepreneuriat n’est pas un fait récent. Mc Clelland (1965, p. 389-392) est le pionnier à s’y être intéressé.

« Si l’on accepte l’idée que l’entrepreneuriat participe plus ou moins directement à la création de valeur et à la création d’emplois d’une part, que le système éducatif a un rôle primordial à jouer pour la promotion d’un environnement entrepreneurial d’autre part, à l’évidence l’enseignement de l’entrepreneuriat constitue un sujet de recherche et de travail à développer, qu’il s’agisse du rôle des institutions de formation, des méthodes et outils à l’usage des formateurs et utilisateurs, du contenu et des formes des programmes pédagogiques » (Saporta et Verstraete, 2000).

Hornaday (1990) résume les recherches dans ce domaine et souligne la nécessité de recherches supplémentaires. Comme l’aperçoit l’auteur, il y a une déficience dans la recherche dans le domaine de l’enseignement de l’entrepreneuriat.

Les études qui ont été faites dans ce domaine sont populaires et attrayants, mais le domaine a besoin de recherches plus systématiques, et quantitatives pour déterminer : l’efficacité des fonctions spécifiques dans le curriculum, l’efficacité des cours individuels et les séries de cours, les effets réels de la formation et l’éducation sur la probabilité de succès.

Une étude de Charney et Libecap (2000) a dévoilé que le nombre des institutions universitaires offrant des cours en entrepreneuriat et un peu partout dans le monde est passé de quelque un à 1500.

Mais n’est-il pas surprenant que la recherche concernant l’enseignement de l’entrepreneuriat soit beaucoup plus développée aux Etats-Unis qu’en France. Aucune étude n’a été menée en France pour décrire ou prédire un développement de l’enseignement de l’entrepreneuriat aussi spectaculaire qu’aux Etats-Unis.

Au Liban, la préoccupation entrepreneuriale a progressivement investi les formations universitaires libanaises. Cela se manifeste à travers l’enrichissement de l’offre de formation comme dans la volonté de valoriser le potentiel de recherche.

Toutefois, enseignement de l’entrepreneuriat demeure une dimension qui nécessite plus d’approfondissement. La recherche en entrepreneuriat reste limitée32 en comparaison à la France33 et aux Etats-Unis.

La visée d’une formation en entrepreneuriat n’est pas uniquement de révéler des potentiels. Toute personne suivant une formation en entrepreneuriat ne se transformera pas obligatoirement en entrepreneur, mais aura un aperçu de ce que représente un entrepreneur, ce qui lui facilitera le travail avec ce dernier (qu’on soit banquier, salarié….).

Être formé à l’entrepreneuriat semble même être une condition pour véritablement contribuer au développement d’un esprit d’entreprise.

Dans notre réflexion sur l’enseignement de l’entrepreneuriat, le chapitre propose dans un premier temps de discuter les enjeux de l’enseignement de l’entrepreneuriat.

Il discute, dans la première partie des notions tirées des sciences de l’éducation. Une seconde partie présente la situation actuelle de l’enseignement de l’entrepreneuriat dans le système éducatif supérieur libanais.

Fgure 28. Plan de cheminement du chapitre 2

I –Les enjeux de l’enseignement de l’entrepreneuriat
I.1 La définition de l’enseignement de l’entrepreneuriat
I.2 Les objectifs et les méthodes de l’enseignement de l’entrepreneuriat
I.3 L’importance de l’enseignement à la formation de l’intention
II- L’enseignement de l’entrepreneuriat au Liban
II.1 Le cadre spécifique du Liban
II.2 La spécificité du modèle libanais d’enseignement supérieur
II.3 Etat des lieux actuel de l’enseignement de l’entrepreneuriat au Liban

I- Les enjeux de l’enseignement de l’entrepreneuriat

Nul ne conteste aujourd’hui que l’enseignement de l’entrepreneuriat a pris beaucoup de l’importance (Fayolle et Verzat, 2009). Cependant, l’enseignement, seul, ne peut certes pas expliquer les propensions à entreprendre d’une population, mais qui relèvent précisément de la responsabilité d’un établissement universitaire (Verstraete, 2000).

La prise de conscience d’une formation préalable pour éviter des erreurs grossières dues à l’inexpérience, a été une avancée notable de ces vingt dernières années dans les formations européennes à la gestion (Hernandez et Marco, 2006).

Durant la période (1978-1983), ces auteurs remarquent qu’il y a absence de cours spécifiquement consacrés à la décision entrepreneuriale. Les cours les plus fréquents correspondent à une vision plus « classique » des fonctions de l’entreprise.

Plusieurs interrogations suscitent notre intérêt relevant du champ de l’entrepreneuriat et des sciences de gestion mais la question centrale que plusieurs chercheurs ont essayé d’en répondre : peut-on enseigner l’entrepreneuriat ? Pour répondre à cette question, nous analyserons l’évidence que l’entrepreneuriat est acquis, condition nécessaire pour être enseigner, par la suite nous présentons les dimensions de l’enseignement de l’entrepreneuriat.

En se référant aux sciences de l’éducation, nous débattons trois questions fondamentales : Pourquoi enseigner l’entrepreneuriat ? Quels objectifs poursuit-on ? Qu’enseigner ? Ces questions nous pousse à une autre interrogation comment enseigner l’entrepreneuriat (I.2)?

La réponse à ces questions n’est pas simple et nous remarquons une divergence des points de vue. Enfin, nous discutons l’influence de la formation en entrepreneuriat sur l’intention entrepreneuriale.

I.1 La définition de l’enseignement de l’entrepreneuriat 34

Le problème se complexifie d’autant que l’entrepreneuriat est une discipline jeune, en construction sur le plan épistémologique, méthodologique et théorique (Schieb-Bienfait, 2000).

Nous analyserons en premier temps l’entrepreneuriat pour savoir si c’est un don inné ou acquis. Dans un deuxième temps, nous précisons les dimensions de l’enseignement de l’entrepreneuriat.

I.1.1 L’entrepreneuriat : Inné ou acquis ?

Avant la seconde guerre mondiale, les économistes libéraux considéraient l’esprit d’entreprise comme un don inné et la création des firmes comme très peu susceptible d’apprentissage (Hernandez et Marco, 2006).

« Aussi est-ce à notre sens une grande erreur de croire que l’on peut former des chefs d’entreprise dans des cours, dans les écoles spéciales, ou avec des livres » (Liesse, 1919)35.

L’approche par les traits cherche à répondre à la question récurrente suivante: est ce qu’on naît entrepreneur (caractère inné), ou est ce qu’on le devient (caractère acquis)? Les spécialistes de cette thématique s’intéressent au profil de l’entrepreneur, à ses caractéristiques personnelles, à ses particularités bref à sa personnalité.

Dans le même sens, Kierulf (1974) et Roscoe (1973) ont soulevé des questions quant à savoir si l’entrepreneuriat peut être enseigné à tous.

Certains chercheurs comme Verstraete (1999) s’aperçoivent qu’une partie des compétences nécessaires à l’entreprise semble pour partie innée, pour partie à apprendre.

D’autres ont montré qu’entreprendre ne constitue pas un phénomène inné, naturel et que l’esprit et la capacité d’entreprendre renvoient à des savoirs, des aptitudes et attitudes pouvant être enseignés (Voire Drucker, 1985, Bechard et Toulouse 1996, Varlet 1996, Verstrate, 1997, Scott et al., 1998, Fayolle, 1999).

Selon une étude de Vesper (1977), 93% des professeurs n’ont pas été d’accord sur la notion « l’entrepreneuriat est un art qui n’est pas enseignable ».

Certains ont trouvé que certains aspects de l’entrepreneuriat peut être enseigné comme comment analyser la faisabilité de créer une entreprise…d’autres peut être développé comme certains comportements. D’autres ont répondu « l’entrepreneuriat ne peut pas être enseigné. Elle peut être appris ».

L’entrepreneuriat : Inné ou acquis ?Les propos de Peter Drucker (1985) confirment que l’entrepreneuriat peut être enseigné: “The entrepreneurial mystique? It’s not magic, it’s not mysterious, and it has nothing to do with the genes.

It’s a discipline. And, like any discipline, it can be learned »36. Dans la même veine, Kuratko (2005, p 580) souligne: “It is becoming clear that entrepreneurship, or certain facets of it, can be taught.

Business educators and professionals have evolved beyond the myth that entrepreneurs are born not made”. « Comme la plupart des disciplines appartenant aux sciences sociales, aux sciences de gestion ou au management, l’entrepreneuriat peut faire l’objet d’un enseignement académique et ou (pratique).

Des programmes d’enseignement existent et fonctionnent depuis de très nombreuses années aux Etats-Unis, le pays précurseur, et dans d’autres pays, dont la France, qui voit son offre de cours et de formations en entrepreneuriat se développer, semblé-t-il, assez fortement depuis le milieu des années 1990 » (Fayolle, 2000).

Pour certains, le système éducatif n’est pas un lieu favorable pour valoriser le comportement entrepreneurial. Il faut dire que, comme Grant (1998) l’a souligné, la plupart des institutions refuse de traiter l’entrepreneuriat comme une discipline au même titre que le marketing, la finance etc, malgré que l’acquisition des compétences entrepreneuriales ainsi que leur développement est possible via des facteurs comme la formation, l’expérimentation, l’expérience et l’échange au sein et avec son environnement (Bayad et al., 2006).

Le véritable pari sera d’inclure l’entrepreneuriat comme matière à tous les niveaux de formation (Verstraete, 1999).

Paul Kearney pose le postulat que les attitudes entrepreneuriales peuvent être développées dans le cadre scolaire. « Les individus se sentent plus confiants et compétents dans des situations qu’ils connaissent.

Po ur tran sférer leurs c ompétences à d’au tres cont extes, ils do ivent l es p ratiquer dans un tr ès gr and nombre de si tuations. C ‘est le s re nd n on se ulement plus co nfiants e t compétents, ma is é galement le ur permet de gé rer de nouvelles situations.

Cec i est particulièrement vrai dans des domaines complexes qui nécessitent la résolution de problèmes, la prise d e risque, la pr oactivité et bi en d’ autres a ttitudes associées a u champ l’e ntrepreneuriat. Sans pratique régulière les attitudes restent atrophiées » (Kearney, 1999)37.

Dire que l’entrepreneuriat est inné et ne s’enseigne pas résulte sans doute d’une définition figée de l’entrepreneuriat et d’une vision limitée de l’activité d’enseignant ; c’est croire à une pédagogie uniforme de type transmission –réception d’informations.

« Il est possible d’éduquer et de former à l’entrepreneuriat, mais comme pour les autres disciplines, nous ne pouvons pas être certains que ces professionnels (étudiants) auront du talent et nous ne pouvons pas donner de garantie a priori sur le succès de telle ou telle action » (Fayolle, 2007).

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
L’intention entrepreneuriale des étudiantes : cas du Liban
Université 🏫: Université NANCY 2 - Institut d’administration des entreprises IAE
Auteur·trice·s 🎓:
Léna SALEH

Léna SALEH
Année de soutenance 📅: Thèse de Doctorat ès Nouveau Régime Sciences de Gestion - 2046
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