Normes et standards du domaine technologique du e-learning

Normes et standards du domaine technologique du e-learning

Section 3:

Normalisation et standardisation dans le domaine technologique du e-learning : Quelle acceptation ?

Le e-learning se définit à partir des domaines d’activités divers et mobilise différents champs de d’études (Préau 2002).

Les outils ou standards qualité du e-learning peuvent appartenir à chacun des domaines d’activités qui le composent et les niveaux d’analyse de ces normes et standards ne sont pas les mêmes.

Il peut donc s’agir de labels, normes, standards ou d’une démarche de qualité totale. Il convient de faire une distinction entre une norme et un standard (Chung & Cormenier, 2002).

En effet, la norme se définit comme « un document établi par consensus, qui fournit, pour les usages communs et répétés, des règles, des lignes directrices ou des caractéristiques, pour des activités ou leurs résultats, garantissant un niveau d’ordre optimal dans un contexte donné. » (Guide ISO/CEI).

Un standard désigne quant à lui « un ensemble de recommandations qui résultent des travaux des acteurs d’un secteur, des groupes d’intérêts, ou d’organismes indépendants des organismes de normalisation nationaux et internationaux » (Chung & Cormenier, 2002).

La différence entre les deux notions se situe au niveau des acteurs et des procédures de consensus (Chartron, 2000).

Les acteurs de la norme sont reconnus sur le plan international (Norme ISO), européen (Norme UE) et national (Normes AFNOR en France) et les processus de validation sont très lourds, compte tenu de la démarche et des procédures adoptées.

Le standard est davantage réactif car il émane d’un consensus du monde économique ou technique.

Figure 10 : Domaine de normalisation et de standardisation en e-learning

Adapté de l’étude réalisée par le Préau 2002

Domaine de normalisation et de standardisation en e-learning

Les référentiels, labels et normes ne sont pas équivalents à l’intérieur de chaque catégorie ni dans leur approche, ni dans le niveau de garantie qu’ils couvrent.

Dans chaque domaine, se sont développés des modèles d’évaluation de la qualité à partir des caractéristiques spécifiques.

Sur le plan technologique, les standards se définissent selon les activités liées à l’informatique ou à la technologie du web. Quatre niveaux de standards déterminent les principales recommandations du domaine (El Mendili, 2004).

Le premier niveau de standard est le plus bas et visant à garantir des systèmes ouverts et inter-opérables (OSI : Open Systems Interconnexion).

Le deuxième niveau portent sur différents protocoles de communication http, d’ouverture des fichiers en ligne (IETF : Internet Engineering Task Force pour la messagerie; le FTP; le HTTP).

Le troisième niveau concernent l’encodage et l’indexation des données, les langages (HTML : HyperText Markup Language; W3C : World Wide Web Consortium pour les formats PICS, HTML).

Le quatrième niveau enfin porte sur la compatibilité entre les plates formes, les systèmes de gestion, les applications et les contenus d’e-learning, pour l’ingénierie pédagogique et le suivi des apprenants. Dans ce dernier groupe, des standards spécifiques à l’enseignement en ligne ont été développés.

1. Normes et standards technologiques

Dans le domaine technologique, les travaux sur les référentiels ont pour but d’assurer la conformité des caractéristiques aux différentes exigences.

Une distinction s’établit entre les travaux relevant du domaine informatique et les travaux relevant du domaine du Web.

1.1. Normes informatiques : la conformité aux caractéristiques

Les travaux et recherches sur les normes informatiques ont permis de mettre en place un système de certification ISO 912.

En France, le développement de la norme NF 288 sur les réseaux COM et l’infrastructure de réseaux de communication a permis de spécifier un ensemble de caractéristiques à respecter. Cette norme concerne précisément les câbles.

La certification quant à elle se porte sur les caractéristiques générales, caractéristiques électriques, caractéristiques de transmission, caractéristiques et prescriptions mécaniques et dimensionnelles, caractéristiques d’environnement.

L’intérêt de cette norme française est lié à l’introduction de la caractéristique environnementale qui marque la volonté de respecter et d’assurer la protection et la sauvegarde de l’environnement.

1.2. Standards du web : la compatibilité technologique

Dans le domaine du Web, plusieurs groupes dits représentatifs d’utilisateurs ont travaillé sur un ensemble de recommandations dans le domaine.

Parmi ces groupes, les travaux du W3C (World Wide Web Consortium) sont reconnus et sont largement utilisés comme standards techniques facilitant la diffusion via Internet.

Fondé en octobre 1994, le W3C13, a pour but de promouvoir la compatibilité des technologies du World Wide Web telles que HTML, XHTML, XML, CSS, PNG, SVG et SOAP.

Le W3C n’émet pas des normes au sens européen, mais des recommandations à valeur de standards industriels. Ces standards concernent plus précisément l’encodage et l’indexation des données.

Leur gestion est assurée par plusieurs organismes. Aux Etats-Unis, le Massachusetts Institute of Technology (MIT), en Europe le European Research Consortium for Informatics and Mathematics (ERCIM), et au Japon l’Université Keio.

Un document W3C traverse plusieurs étapes avant de devenir une Recommandation.

Ainsi, le travail commence par un brouillon (Working Draft) puis, un dernier appel (Last Call Working Draft) suivi de candidat à la recommandation (Candidate Recommendation) et, enfin recommandation proposée (Proposed Recommendation).

Une recommandation peut être mise à jour par errata édité séparément, jusqu’à l’accumulation de suffisamment de modifications; une nouvelle version de la recommandation est alors publiée (XML en est aujourd’hui à sa troisième version).

Le W3C publie aussi des remarques informatives qui ne sont pas destinées à être traitées en tant que norme.

L’objectif du groupe, contrairement à ISO ou d’autres corps internationaux, n’est pas d’aboutir à une certification, mais de laisser le soin aux fabricants de suivre les recommandations émises.

Cela n’altère en rien la qualité des spécifications techniques du W3C qui définissent la conformité de manière plus ou moins explicite et formelle.

Le niveau d’implémentation des spécifications est amélioré par la production d’un rapport d’implémentation pendant la phase de candidat à la recommandation (Candidate Recommendation).

Ces différents travaux sur les standards techniques sont importants dans la mesure où ils permettent en amont de prévoir les conditions d’utilisation des dispositifs technologiques.

Ces réflexions assurent la cohérence et la cohésion des développements technologiques des travaux informatiques et du web.

Ils permettent surtout de diffuser et de partager les pratiques reconnues et accepter par consensus par des acteurs, groupes d’intérêt. Leur apport est indéniable pour le développement de la qualité technique.

Dans le domaine de l’apprentissage en ligne, des standards spécifiques ont été développés pour assurer les étapes de la création à la publication et la gestion des contenus d’apprentissage.

1.3. Standards techniques spécifiques à la formation à distance

Les travaux sur les standards techniques spécifiques au e-learning émanent des groupements professionnels influents dont les travaux dominent ceux qui sont entrepris par l’ISO. Ils ont permis des développements considérables dans leurs branches (Arnaud, 2002).

A l’initiative de l’IEEE (Institut des ingénieurs en électricité et électronique: Institute of Electrical and Electronics Engineers) et du Joint Technical Committee 1 de l’ISO (JTC1), le Sous-Comité 36 (SubCommittee 36; SC36) est créé en 1999.

Son but est alors de piloter les travaux sur la normalisation dans le champ des technologies de l’information appliquées à l’apprentissage, l’éducation et la formation.

Ces travaux doivent soutenir les individus, groupes et organisations pour permettre l’interopérabilité et la réutilisation des ressources et outils. Quatre pays ont la direction des différents groupes de travail.

L’Ukraine dirige le groupe chargé du vocabulaire, le Japon celui qui s’occupe des technologies collaboratives, le Royaume Uni a la direction du modèle de l’apprenant et enfin les Etats-Unis dirigent le système de gestion de la formation.

La complexité du processus au sein de ce groupe rend difficile l’adoption d’une norme et favorise la généralisation des standards développés par des groupements d’influence.

→ Parmi les standards les plus répandus dans le domaine, les premiers sont ceux de l’Aviation Industry CBT (computer-based training) Committee (AICC), organisation professionnelle aéronautique créée en 1988.

Ce comité pour l’enseignement assisté par ordinateur dans l’industrie aéronautique14 a édicté des normes correspondant au souci d’interopérabilité et de réutilisation des systèmes logiciels de formation à destination des pilotes et mécaniciens pour l’ensemble de la branche aéronautique.

Ces travaux pionniers ont l’avantage d’accorder une certification sur la base de la conformité aux exigences testant à la fois la plate forme de téléformation, les didacticiels utilisés et leur communication. Toutefois, le niveau d’exigence technique élevé laisse en marge les équipes dotées de peu de moyens.

De plus, le modèle pédagogique transmissif d’AICC n’est pas adapté aux demandes du marché en termes de modèle d’apprentissage collaboratif (Arnaud, 2002).

Outre ces travaux de l’industrie aéronautique, d’autres travaux ont été effectués par des groupes préoccupés par les questions d’indentification des contenus.

Les modèles SCORM (Sharable Content Object Reference Models) de ADL (Advanced Distributed Learning15) , le modèle IMS (Instructional Management Système Global Learning Consortium)

→ Le SCORM (Sharable Content Object Reference Models, Modèles de référence de contenus objets partageables), conçu à l’origine pour l’armée américaine afin de pouvoir utiliser des contenus quel que soit le support logiciel, est devenu une autre norme de fait, internationalement reconnue, pour l’identification et la gestion des « grains » de contenus par les systèmes de plate-formes d’enseignement à distance.

Sans être une norme à proprement parler, ce modèle est un agrégat de standards. Il récupère le meilleur des normes AICC et IMS. La « norme » SCORM s’impose aujourd’hui comme « le » standard en matière de conception de cours et de plates-formes e-learning (LMS : Learning Management System).

Un cours SCORM est composé d’objets « SCO » ou Sharable Content Objet. Un « SCO » est une unité (ou grain) de contenu qui possède un sens pédagogique, qui peut être réutilisé dans un autre cours et qui serait reconnaissable par une plate forme SCORM.

Un SCO pourra être composé de pages HTML, d’animation, de dessins, de vidéos…Plusieurs SCO pourront fonder un Learning Object (LO) et un ou plusieurs LO pourront former un cours.

→ L’IMS (Instructional Management System Global Learning Consortium) est un consortium mondial réunissant plus de 250 établissements éducatifs dont l’Université Carnegie Mellon, des entreprises telles que IBM, des agences gouvernementales telle que l’Industrie Canada et des sociétés de développement telles que Canvas Learning.

Ce consortium s’est donné pour mission de développer des spécifications techniques facilitant la promotion des activités de e-learning, l’utilisation des contenus pédagogiques, l’évaluation des progrès de l’apprenant et la mesure de ses performances.

D’autres travaux ont également eu une grande influence dans la création de standards technologique en e-learning.

La Dublin Core Metadata Initiative (DCMI) est une organisation consacrée à la promotion de l’adoption de standards de métadonnées et le développement de vocabulaires spécialisés.

Elle s’est fixée comme objectif de standardiser ces métadonnées et leurs terminologies. L’ensemble de ses spécifications a largement été adopté, par la communauté informatique et, notamment, par l’industrie du e-learning.

Les LOM (Learning Object Metadata) sont des métadonnées, c’est à dire des données qui permettent de décrier les informations et qui sont associées aux objets pédagogiques.

Elles sont élaborées au sein du groupe SC36 de l’ISO et se déclinent sur 9 facettes de base dans l’ordre suivant : général, cycle de vie, métadonnées, aspects techniques, aspects pédagogiques, droits, relations, annotations, classifications. D’avis d’experts, ces normes sont difficiles à utiliser.

Les items constituant les neuf catégories renferment des modèles pédagogiques sous- jacents. Ces normes jouent davantage le rôle de super catalogue de ressources et n’apportent que très peu d’aide pédagogique à la mise en place de dispositifs efficients de transferts ou de construction de savoirs (Arnaud, 2002).

En Europe, la Commission européenne a financé le projet ARIADNE (Alliance of Remote Instructional Authoring and Distribution Networks for Europe) qui regroupe 24 universités et grandes écoles de l’Union européenne.

Le but de ce projet est le partage et la réutilisation des ressources pédagogiques multimédias entre les unités de formation de la CEE (universités, écoles, entreprises, action communautaire).

Tableau 14 : Récapitulatif de l’évolution chronologique des standards

StandardsDatePrésentation
AICC desavionneurs américains1988 (Aviation Committee CBT

(Computer-Based training) http://www.aicc.org/pages/aicc_idx.htm

Essai de normalisation d’une formation professionnelle
SCORM (SharableContent ObjectReference Models,Novembre 1997 à l’initiative du département de la défense de la maison blanche. Basé sur les travaux de l’AICC et de l’IMS.

ADL-SCORM : spécification de l’ADL (Advanced Distributed Learning) incorporées dans le SCORM

Modèles de référence de contenus objets partageables Identification et la gestion des « grains » de contenus par les systèmes de plate-formes d’enseignement à distance
IMS : InstructionalManagementSystem1997

http://www.imsproject.org; http://www.imsproject.org/metadata/in dex.html; http://www.imsproject.org/metadata/m dinfo01.html

Amélioration de la compatibilité entre les plateformes
Dublin Core ouDublin Core Metadata Initiative (DCMI)http://dublincore.org/

http://purl.org/dc/

Fournit un noyau commun de sémantique pour la description de ressources. Comprend 15 éléments de contenu, de propriété intellectuelle de version
LOM2001 (dernière version)

http://grouper.ieee.org/ltsc/

http://ltsc.ieee.org/wg12/index.html

Spécification de la syntaxe et de la sémantique des métadonnées pédagogiques.
ARIADNE:1998 Alliance of Remote InstructionalAuthoring and Distribution Networks for Europe http://ariadne.unil.ch/project/; http://fudmip.cict.fr; http://ariadne.unil.ch/Metadata/Développement d’outils et de méthodologies pour la production, la gestion et la réutilisation des éléments pédagogiques sur ordinateur

Ces caractéristiques techniques ne sont pas connues par les utilisateurs qui focalisent leur intérêt sur la fonctionnalité qui est l’aspect visible.

Dans cette logique, des travaux en système d’information et management ont permis de pallier ce manque et d’axer les recherches sur les la facilité d’adoption des technologies par les utilisateurs.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
La mesure de la qualité perçue d’un dispositif de e-learning
Université 🏫: Université NANCY 2 – Institut D’administration Des Entreprises
Année de soutenance 📅: Thèse pour l’obtention du Doctorat Nouveau Régime ès Sciences de Gestion - 17 Septembre 2009
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