1.4. L’importance des modèles de valorisation
On a vu à travers les mécanismes des différentes crises que les modèles d’évaluation des instruments financiers avaient une importance stratégique mais que ces modèles pouvaient se révéler limités voire dangereux dans le mesure où on avait tendance à trop s’y fier. Ensuite, ils perdaient de leur validité lors de certains événements pouvant entraîner de véritables catastrophes boursières.
Le Krach de 1987 peut s’expliquer par une faillite de certains modèles. Tout d’abord, aucun économiste de l’époque ne jugeait possible une chute de 22.6% du Dow Jones, la chute du jeudi noir de 1928 n’étant «que» de 12.5%. Ensuite les modèles de couverture de portefeuille par des options automatisés démultiplièrent les effets de la chute. Depuis cet événement, les bourses suspendent le cours des valeurs qui montent ou baissent trop vite afin d’éviter le même effet d’emballement.
La crise de la bulle internet a aussi pour cause une faillite des modèles utilisés. On a largement surévalué la valeur des entreprises technologiques. Les modèles de valorisation des startups se basaient en partie sur l’expérience de Microsoft qui avait réussi à imposer un (quasi-)monopole dans sa branche. Dès lors, les modèles de valorisation sur lesquels on se basait prenaient en compte la possibilité que ces startups puissent aussi imposer un monopole dans leur branche. On pensait que les clients resteraient captifs de leurs fournisseurs de services sur internet. C’était sans compter sur la versatilité des internautes. Les business models de ces entreprises se sont aussi avérés faux car basés sur des résultats utopiques, entraînant ainsi une valorisation erronée. Et lorsqu’en définitive, le marché s’est rendu compte de ces erreurs, cela a entraîné une longue chute boursière.
De plus, les attentats du 11 septembre 2001 ont définitivement mis à mal les modèles existants car ceux-ci ne tenaient pas compte de l’impact que pouvait avoir une catastrophe majeure sur les marchés financiers. Ainsi les analystes et les traders se sont trouvés complètement démunis lorsque les marchés ont réouvert. Aujourd’hui, plusieurs mesures qui ont été prises afin de minimiser ce genre de risque, et notamment les matières couvertes par les «disaster recovery plans».
Pour les subprimes, nous avons aussi un problème de modélisation dans la mesure où les modèles ont pris en compte des instruments financiers avec un risque faussé. Dès lors tous les calculs de risques s’en sont trouvé erronés. Et comme ces instruments financiers ont essaimés à travers toutes les entreprises de façon discrète ou non, il est devenu impossible d’évaluer les risques des portefeuilles. Les modèles se sont encore une fois révélés inopérants.
Quant on sait à quel point, grâce à Bâle 2, les fonds propres des banques peuvent être sensibles au risque de leur portefeuille, on se rend compte de l’impact que peut avoir une crise comme celle des subprimes. Certaines banques ont enregistré des pertes colossales dues à la dévalorisation d’une partie de leur portefeuille, D’autres, ont dû réévaluer à la hausse leurs risques de marché, impliquant une augmentation du montant de leurs fonds propres pour maintenir leurs ratios de solvabilité. Pour relever leurs fonds propres, certaines ont vendu des actifs, d’autres ont fait des augmentations de capital et d’autres enfin n’ont pas pu éviter le rachat par leurs concurrents.
On s’est rendu compte que les modèles concernant la consommation des énergies fossiles n’étaient plus d’actualité. On pensait avant cette crise pétrolière que la consommation de pétrole était élastique et qu’elle pouvait diminuer fortement si les prix augmentaient trop. En fait, la demande est élastique mais à effet retardé. La baisse des cours du pétrole observée aujourd’hui est fonction des économies réalisées aux USA plus tôt dans l’année. Ceci entraîne bien sûr une révision des modèles économiques dans la mesure où le fonctionnement de l’économie moderne est extrêmement dépendante du pétrole.
A la lueur de ces évènements et des régulations bancaires, on se rend compte à quel point le fait de disposer de modèles de valorisation d’instruments financiers est capital pour le bon fonctionnement de l’économie. Cependant, on voit aussi que ces modèles ont des limites qui ne sont pas toujours perçues au bon moment. A chaque crise, les modèles sont raffinés pour tenir compte des nouvelles donnes économiques. On s’aperçoit que les modèles qui se basent sur les évènements passés pour obtenir des évaluations sur le futur sont obsolètes, en effet, le passé ne correspond plus aux réalités actuelles. On se rend compte qu’on ne peut pas comparer l’économie des années 80 avec l’économie actuelle. Il faut donc de plus en plus se positionner dans des modélisations prospectives et non plus retrospectives. Gageons qu’après la crise des subprimes, nous verrons apparaître de nouveaux modèles, plus performants, tenant compte de plus de paramètres et permettant d’éviter de pareilles crises. Nous aurons aussi très certainement de nouvelles mesures qui seront prises pour éviter les mauvaises informations sur les risques des instruments financiers, probablement des notations qui seront plus projectives et moins basées sur des analyses a posteriori.
Lire le mémoire complet ==> (Comparaison épistémologique entre les modèles issus des sciences de la vie et les modèles de valorisation d’actions)
Mémoire présenté pour l’obtention du grade de Master en sciences commerciales
Enseignement supérieur de type long de niveau universitaire
Groupe ICHEC – ISC St-LOUIS – ISFSC – Haute Ecole

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Institut catholique des hautes études commerciales - Haute Ecole Groupe ICHEC - ISC Saint Louis - ISFSC - Enseignement supérieur de type long de niveau universitaire
Auteur·trice·s 🎓:
Emmanuel de Coninck

Emmanuel de Coninck
Année de soutenance 📅: Mémoire présenté pour l’obtention du grade de Master en sciences commerciales 2007-2011
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