Rôles des acteurs du tourisme, Politique d’économie tourisme

Rôles des acteurs du tourisme, Politique d’économie tourisme

2. Répartition des rôles

Un grand débat sur l’aménagement du territoire est apparu au cours des dernières années dans les régions françaises.

« La volonté du gouvernement semble être de tout mettre à plat, de faire remonter les idées et observations des différents acteurs afin d’engager des changements profonds en matière d’aménagement du territoire » (Revue Espace, 1994).

La DATAR (Délégation d’Aménagement du Territoire et d’Action Régionale) a d’ailleurs présenté des « scénarios » possibles pour les années à venir. Rombaldi présente en 1992 un scénario qui se trouve être proche des évolutions actuelles de la politique d’économie du tourisme.

2.1. Un mode de régulation territoriale

La base de ce nouveau mode de régulation serait le territoire en tant qu’expression organique d’un collectif humain, chargé d’histoire, de culture et d’intérêts communs. « Dans ses principes de fonctionnement, il reposerait sur la maîtrise et la gestion des externalités. Tout territoire produit des externalités qui représentent tout ce qui peut se dresser comme potentialités ou contraintes pour sa valorisation.

La gestion des externalités nécessite un large mouvement de socialisation car elle doit être prise en charge de plus en plus par la collectivité tout entière. Cependant, cette socialisation ne signifie aucunement une prédominance du local par rapport au centre. Bien au contraire, elle s’inscrit dans une problématique de transnationalisation des systèmes productifs » (Rombaldi, 1992).

On peut donc concevoir une certaine répartition des tâches, Le centre assurant les fonctions régulatrices essentielles relevant de la politique monétaire industrielle ou de la mise en place de la Division Spatiale du Travail, le territoire se voyant réserver la mise en pratique des orientations centrales mais aussi une partie non négligeable des fonctions de régulation comme la gestion des externalités.

Cette nouvelle configuration repose aujourd’hui sur la construction européenne avec d’une part un renforcement des prérogatives de la Commission et de l’autre un large mouvement de décentralisation qui confère aux régions une plus large autonomie de gestion.

Rombaldi reconnaît cependant que ce mode territorial ne peut avoir de fondement autonome au niveau régional, ce qui suppose donc une connexion entre le centre et les territoires.

La nouvelle configuration pourrait avoir la forme suivante : une régulation centrale conduite par une administration européenne fonctionnant selon le principe du droit sans Etat relayée à la base par une régulation locale pouvant disposer de marge d’autonomie importante mais pour l’essentiel dépendant des grandes orientations fixées de manière centrale.

On comprend ainsi la nécessité de la mise au point des nouvelles modalités d’interventions publiques comme les Contrats de Plans ou les programmes Européens.

Si Cette vision futuriste ne peut encore être considérée que comme un scénario possible, on constate tout de même que trois des grands points de cette thèse sont de plus en plus à l’ordre du jour à savoir : un désengagement de l’Etat, une montée en puissance des Commissions Européennes et l’affirmation des collectivités locales.

2.2. Un désengagement de l’Etat

C’est la mise en oeuvre d’une déréglementation importante concernant l’économie du tourisme qui caractérise ce désengagement. L’amorce de cette déréglementation date de 1984 quand monsieur Crepeau alors ministre du commerce, de l’artisanat et du tourisme déclare en réponse à un rapport du Conseil économique et social (juillet 1984) dénonçant le poids de la réglementation sur le tourisme : « Le rôle du gouvernement est de libérer les initiatives dans tous les secteurs d’avenir. Mon ambition de ministre n’est pas de réglementer ou de contraindre, mais de libérer et de promouvoir : c’est la condition du succès ».

2.2.1. La libération des prix

La libération des prix fut l’une des principales mesures qui ont profité aux professionnels du tourisme ; en effet, le contrôle des prix les gênait considérablement. Devant fixer souvent leurs prix à l’avance, de six mois à un an, ils ne connaissent généralement qu’au dernier moment les intentions de l’administration.

Il en a résulté « des comportements de protection, notamment sous forme d’élargissement des marges sur les marchés étrangers, nuisants ainsi à la compétitivité du produit France » (Trigano, 1984). Il est vrai que la réglementation des prix qui s’est appliquée entre 1945 et 1986, avec une alternance de période de blocage et de semi-liberté, a pu provoquer une certaine sclérose de la profession, l’insuffisance des prix ayant pour conséquence celle des investissements.

Plus précisément, les augmentations de charges liées à la réduction du temps de travail ou à la cinquième semaine de congés payés n’ont pas pu être répercutées dans les prix.

Aujourd’hui, la liberté des prix dans le secteur du tourisme ne semble pas avoir donné lieu à des dérapages spectaculaires. Il est vrai que le contexte économique est très favorable : Hausse limitée des salaires, inflation réduite, mais aussi concurrence accrue.

Dès 1987, certains grands groupes hôteliers comme Concorde (offrant un forfait chambre plus excursions) ou Mariott (baissant de 50% les tarifs de ses établissements européens) ont adopté des politiques de prix très agressives.

2.2.2. La suppression de certaines distorsions fiscales

Depuis 1986, de nombreuses réformes fiscales expriment la volonté de l’administration de peser de moins en moins sur l’activité économique. La suppression en 1987 et 1988 de la taxe sur les frais généraux des entreprises en est une bonne illustration au regard du tourisme d’affaires.

Instituée par la loi de finances pour 1982, afin « d’inciter les entreprises à limiter les dépenses les plus caractéristiques de leur train de vie », la taxe sur les frais généraux est apparue très vite comme un impôt contestable tant au plan pratique qu’en matière de logique économique. Cette taxe était assise sur certains frais généraux ayant été déduits des résultats imposables de l’entreprise au titre de l’exercice précédent.

Parmi les dépenses à prendre en compte, on trouvait : les frais de réception y compris les frais de restaurant et de spectacles, les frais de congrès et de manifestations assimilées (à l’exception des dépenses engagées au titre de la participation aux congrès figurant sur une liste annuelle prise par arrêté ministériel), les frais de croisières ou d’agrément, etc.

Ce rapide inventaire montre que l’entreprise devait effectuer une ventilation particulièrement précise de ces divers frais, afin de déterminer quels étaient ceux qui entraient dans le champ d’application de la taxe.

Il est apparu assez rapidement qu’il existe un minimum de frais de représentation, plus ou moins proportionnel à l’activité, et qui s’inscrit dans le cadre normal des relations d’affaires entre clients et fournisseurs, nécessaire pour stimuler les réseaux commerciaux, prospecter de nouveaux marchés ou accueillir de futurs clients. La reconnaissance un peu tardive de cet aspect de la vie économique avait d’ailleurs conduit le gouvernement à assouplir dès 1983 les règles initiales d’assujettissement à la taxe au bénéfice des sociétés exportatrices.

Mais les impératifs de représentation existent également pour les sociétés n’ayant pas de relations commerciales avec l’étranger. Comme a pu le faire remarquer monsieur Chinaud au Sénat : « Chacun sait bien que certaines grandes affaires se réalisent souvent dans des locaux qui ne sont pas ceux de l’entreprise mais qui ressortissent à des secteurs d’activité relevant de la balance touristique, puisqu’il s’agit d’établissements de restauration et d’hôtellerie ».

Il est indéniable que l’activité économique du tourisme a subi de plein fouet les conséquences d’une mesure fiscale qui lui était préjudiciable. Ainsi, l’application de la taxe sur les frais généraux a eu pour effet d’entraîner, dès la première année, une baisse du taux de fréquentation des restaurants de l’ordre de 36%.

Mais on peut aussi considérer que l’industrie touristique, qui a elle-même des frais de relations publiques élevés, a été touchée directement par la taxe sur les frais généraux et pas seulement par la contraction de la demande émanant des autres secteurs de l’économie. Source de distorsions en matière de concurrence avec les entreprises étrangères, notamment dans le secteur du tourisme, la taxe sur les frais généraux a été réduite par la loi de finances pour 1987 et abrogée par celle de 1988.

2.3. La montée en puissance des communautés Européennes

Le tourisme n’a été identifié en tant que tel, ni dans le Traité de Rome (1957), ni dans l’Acte unique européen (1987). En revanche, une réflexion communautaire a été engagée dans ce domaine depuis 1982.

En juillet 1982, la Commission a présenté ses « premières orientations pour une politique communautaire du tourisme », qui ont servi de base aux débats tant au sein des instances communautaires que des organismes professionnels concernés. Le 5 février 1986, la commission a dressé une nouvelle communication au conseil, où l’on retrouve les principales idées qui figuraient déjà dans les premières orientations, nourries et enrichies des réflexions venues se greffer par la suite.

Les mesures proposées, dont certaines ont déjà été appliquées, visent les cinq objectifs suivants : faciliter le tourisme dans la Communauté ; mieux l’étaler dans le temps et dans l’espace ; mieux orienter les instruments financiers communautaires ; mieux informer et protéger les touristes ; améliorer le contexte de travail des professions touristiques et enfin, organiser la consultation et la coordination nécessaire en la matière.

Si l’ensemble de ces suggestions va globalement dans le sens des politiques touristiques nationales, certaines sont toutefois susceptibles de porter atteinte aux prérogatives des différents Etats européens. C’est ce qui semble se passer en particulier au niveau du renforcement des instruments financiers communautaires.

L’intervention des fonds communautaires en faveur du tourisme est relativement récente. Alors qu’entre 1975 et 1980 les concours de Fonds européens de développement régional (F.E.D.E.R.) étaient inférieurs à 1% du budget global de cette institution, ils sont passés à plus de 3% à partir de 1985. De son côté, la Banque Européenne d’Investissement (B.E.I.) a prêté à des conditions très avantageuses entre 1984 et 1988, près de 575 millions d’Ecus en faveur de plus de 1400 projets touristiques : villages de vacances, ports de plaisance, hôtels, etc.

Au total, les projets auxquels la B.E.I. a apporté son concours dans le secteur du tourisme, ont aidé à la réalisation d’investissements fixes s’élevant à quelque 1,7 milliards d’écus pour un impact estimé à plus de 7.000 emplois créés (Tabary, 1989).

Le F.E.D.E.R. comme la B.E.I. ont également financé à d’autres titres de nombreuses infrastructures bénéfiques au tourisme : aéroports, routes et autoroutes, chemins de fer, etc. Parallèlement, les concours du Fonds Social Européen (F.S.E.) ont été sollicités pour les programmes de formation professionnelle, ainsi que, plus marginalement, ceux du Fonds Européen d’Orientation et de Garantie Agricole (F.E.O.G.A.). Les instances européennes se sont efforcées de coordonner les politiques de ces différents organismes.

Les Opérations Intégrées de Développement (O.I.D.), puis, à compter de 1985, les Programmes Intégrés Méditerranéens (P.I.M.), en sont une parfaite illustration.

Mais la politique régionale européenne, dans laquelle s’inscrit la promotion du tourisme, est en pleine mutation. Deux conceptions se superposent : « la plus ancienne est une conception que l’on peut qualifier d’égalitariste suivant laquelle la politique régionale doit en premier lieu être animée par un souci d’équité et de maintien de la cohésion sociale.

Il s’agit d’aider les régions fortes par le jeu des transferts interrégionaux de ressources budgétaires. La seconde, plus récente, est guidée prioritairement par le souci d’amener un nombre suffisant de régions à un seuil de développement à partir duquel elles seraient en mesure de relever le défi de la compétition internationale » (Khan, 1987).

Comme l’a souligné la D.A.T.A.R. : « avec l’élargissement à l’Espagne et au Portugal, l’espace économique européen connaît des modifications considérables marquées par un déplacement du centre de gravité territorial des problèmes régionaux vers le sud. Dans l’Europe des dix, sept régions françaises sur vingt-deux (non compris les D.O.M.) se trouvaient encore en dessous de la moyenne communautaire. Les possibilités d’éligibilité pour les régions françaises, dans le cadre de la nouvelle politique régionale européenne, se trouvent sensiblement réduites » (D.A.T.A.R. 1987).

L’article 130D de l’acte unique de 1987 a, en effet, posé le principe d’une modification des structures et des règles de fonctionnement des divers fonds pour, d’une part, mieux préciser et rationaliser leurs missions et, d’autre part, renforcer leur efficacité et leur coordination.

La réforme du F.E.D.E.R. qui s’en est suivie en 1988 a conduit à accentuer le caractère communautaire de cette institution : elle n’opère plus seulement en complément des actions nationales mais intervient de plus en plus dans le cadre d’une politique européenne.

Le changement est de taille : les Etats n’ont plus de parts réservées dans le budget du F.E.D.E.R. ; la situation économique et sociale des régions et la pertinence des projets justifient à eux seuls de leur éligibilité. L’action des fonds doit donc désormais se concentrer sur les régions sous-développées, sur les régions en déclin et sur les zones rurales affectées par la réforme de la politique agricole commune.

Quant aux projets, ils doivent s’inscrire dans les cinq objectifs communautaires suivants :

  •  Promouvoir le développement et l’ajustement structurel des régions en retard de développement.
  •  Reconvertir les régions gravement atteintes par le déclin industriel.
  •  Combattre le chômage de longue durée.
  •  Faciliter l’insertion professionnelle des jeunes.
  •  Accélérer l’adaptation des structures agricoles et promouvoir le développement des zones rurales.

Les projets touristiques répondent dans l’ensemble parfaitement à ces différents objectifs. Mais il n’en reste pas moins que la plus grande partie des aides communautaires va aller à l’Espagne, à la Grèce, à l’Italie du sud, à l’Irlande et au Portugal. Cette nouvelle donne place la France en mauvaise position puisque ne sont considérés comme des régions présentant des retards de développement que les D.O.M. et la Corse.

Comment va être géré ce dualisme spatial ? L’Etat va-t-il soutenir les régions délaissées par Bruxelles ? Dans la perspective de l’infléchissement libéral de sa politique économique et sociale, on peut avancer que ce sont les collectivités territoriales qui vont êtres amenées à prendre en charge une part croissante de cette aide. Ce recours au local serait l’expression du désengagement de l’Etat, ou plus exactement d’une répartition des tâches :

« à l’Etat le soin de gérer les grandes crises industrielles (ou d’en limiter socialement et politiquement les effets) ; au local, le soin de faire le reste notamment en redécouvrant les vertus oubliées pendant trente ans des P.M.E.-P.M.I., en valorisant mieux les ressources locales grâce à la mobilisation et aux responsabilités des acteurs locaux » (Lacour, 1986).

2.4. L’affirmation des collectivités locales

Ayant déjà présenté les différents acteurs du développement touristique, nous montrerons ici quels sont aujourd’hui : leur organisation administrative, les domaines d’interventions des collectivités locales et le montant de ces interventions.

2.4.1. Hiérarchie de l’administration du tourisme.

Depuis sa création officielle en 1910, l’administration du tourisme a connu diverses dénominations (Office national, Commissariat, Service ou Département ministériel, Direction, Secrétariat d’Etat) et de multiples rattachements ministériels (Travaux publics, Communications, Equipement et Logement, Qualité de la vie, Culture et environnement, Premier ministre, Jeunesse, Sport et loisirs, Temps libre, Transport, Commerce extérieur, Industrie et PTT…) avant d’accéder en 1988 au rang de ministère délégué.

Après cinq ans d’autonomie, elle a été refondue en 1993 dans un vaste ministère de l’Equipement, des Transports et du Tourisme. Le caractère transversal de cette activité explique l’étonnante variété des tutelles administratives.

Ainsi, douze ministères (dont, surtout l’Agriculture, l’Urbanisme et le Logement, l’Environnement, l’Education nationale, la Santé, les Transports, l’Economie) gèrent des crédits touristiques. S’y ajoutent de nombreux fonds nationaux ou internationaux de financements (FDES, FIAT, FIANE, FIDAR, FEDER, etc.) et divers organismes connexes (DATAR, Missions interministérielles, Commissions interministérielles, Conseils supérieurs, Confédérations générales etc.). On distingue différents échelons territoriaux, la loi du 23 décembre 1992 codifie la répartition des compétences dans le domaine du tourisme entre chacun d’eux :

La commune.

Au niveau de base, celui de la commune, coexistent les syndicats d’initiatives et les offices de tourisme municipaux. Les premiers, existant depuis plus d’un siècle (création à Grenoble en 1889), ont le statut d’association régie par la loi de 1901. Plus de 3.200 fonctionnent actuellement, à côté de 50 offices municipaux de tourisme.

En coopération avec les municipalités et les entreprises et associations locales. Chargés d’informer visiteurs et habitants et d’assurer l’animation et la promotion de la commune. Les offices de tourisme municipaux, créés par la loi du 10 juillet 1964 avec le statut « d’établissement public à caractère industriel et commercial », ont une ambition plus large : non seulement renseigner et promouvoir, mais aussi organiser (fêtes, spectacles), réaliser (études) et gérer (remontées mécaniques, ports de plaisance, installations sportives et distractives, etc.).

Leur développement limité (une cinquantaine en service pour plus de 460 stations classées) tient à la lourdeur des contrôles financiers et administratifs qui s’exercent sur ces offices, ainsi qu’à la relative novation de ce texte qui anticipait sur l’autonomie commerciale de la structure communale.

Le Département.

Au niveau supérieur, le Comité départemental du tourisme, émanation du conseil général, des chambres consulaires et des organisations départementales de tourisme, est chargé à la fois de la promotion, de l’élaboration et de la commercialisation des produits et des plans de modernisation et d’équipement.

La Région.

Le niveau régional a fait l’objet d’une réforme reconnue depuis longtemps comme nécessaire. A côté du délégué régional au tourisme représentant la Direction du tourisme, le Comité régional du tourisme a perdu son statut juridique équivoque de relais du pouvoir central, significatif de sa période de création (lois de 1942 et 1943).

Conformément aux mesures de décentralisation, ces nouveaux Comités Régionaux du Tourisme et des Loisirs, composés à moitié par des élus du conseil régional et financés prioritairement par les EPR (Etablissements Publics Régionaux), disposent d’une plus grande indépendance en matière de promotion, de commercialisation, de programmation des aménagements et équipements touristiques (Cazes, 1984).

2.4.2.Intervention des différents niveaux de la hiérarchie

Les domaines d’intervention.

Alors que les collectivités locales ont toujours été en prise avec le phénomène touristique, ce dernier a été partiellement oublié par les lois de décentralisation.

Il a fallu attendre la loi du 23 décembre 1992 pour avoir la répartition officielle vue précédemment. Cette loi est intervenue principalement pour généraliser la création des comités Départementaux du Tourisme par les généraux et pour officialiser les organismes existants. Elle a également eu pour objet de faire bénéficier les Offices de tourisme et syndicats d’initiatives d’une reconnaissance législative au même titre que les comités départementaux et les comités régionaux du tourisme.

Elle a reconnu à toutes les communes le droit de considérer comme missions de service public, les missions des Offices de tourisme en matière d’accueil, information et promotion. Un rôle de coordination des divers partenaires du développement touristique local est en outre reconnu aux Offices du tourisme, ce qui légitime leurs relations avec l’ensemble des professionnels locaux.

Le montant des interventions.

Les collectivités territoriales occupent désormais une place prépondérante dans le secteur touristique. Ce sont les communes qui réalisent la majeure partie des investissements. Les régions n’interviennent qu’au niveau des équipements en faveur des bases de plein air et de loisirs, des stations thermales, des équipements sportifs et des canaux touristiques.

Les départements agissent dans la quasi-totalité des équipements et hébergements, avec un effort plus particulièrement marqué pour les aménagements en montagne et en zones rurales, ainsi que pour les centres de vacances. Les communes s’intéressent, quant à elles, de manière significative à l’ensemble des activités touristiques.

Cependant, si le montant de leurs investissements peut paraître relativement élevé, il faut relativiser dans la mesure où il correspond à l’action d’un très grand nombre d’acteurs. Pour qu’une commune ait une quelconque influence sur les flux touristiques, il faut que les ressources qu’elle consacre à leur attraction atteignent une « masse critique ».

En cela, les groupements de communes, mais aussi les sociétés d’économie mixte, sont susceptibles de renforcer l’efficacité des intervenants locaux.

Outre ces dépenses dites d’équipement, il existe également des dépenses courantes. On entend par dépenses courantes des aides financières versées directement aux bénéficiaires (aide à la personne) ; ou bien des aides au fonctionnement, sous forme de subventions d’exploitation ou de prise en charge des coûts, versés aux organismes producteurs de biens et services touristiques (Hébergements, voyages) ; enfin le financement de dépenses dans le domaine de la promotion, de l’accueil et de la formation. L’aide à la personne des collectivités locales émane essentiellement des communes.

Elle représentait en 1987 20% environ des sommes versées par l’ensemble des administrations publiques intervenants en faveur de vacances. Et au total, les collectivités locales supportent près de 90% des aides au fonctionnement distribuées par les administrations publiques. L’effort de promotion, d’accueil et de formation est mené au niveau local par trois groupes d’acteurs : les régions, par le biais des C.R.T. ; les départements, par l’intermédiaire des C.D.T. ; les communes grâce aux O.T.S.I. (Offices du tourisme et syndicats d’initiatives).

2.4.3. Quelle organisation territoriale pour le tourisme ?

Les lois de décentralisation « ont projeté sur la vie administrative une philosophie de la diversité et de l’autonomie. Le principe de la non-subordination d’une collectivité à une autre a été posé (…). Ainsi, chaque niveau de collectivité est en droit de définir ses objectifs d’aménagement, et ces objectifs peuvent ne pas concorder. Il n’existe pas de procédure régulatrice qui puisse obliger à harmoniser les discours tenus par les uns et les autres sur l’aménagement.

Naturellement, chaque collectivité est également libre de mettre en oeuvre les moyens dont elle dispose » (Guichard, 1986).

Selon Durand, Gouirand et Spindler (1994), ces propos s’appliquent parfaitement au secteur du tourisme où, le plus souvent, se sont mises en place des compétences octroyées par les collectivités locales elles-mêmes. Le désengagement de l’Etat semble avoir eu pour conséquence d’amener sur le marché du tourisme un trop grand nombre d’acteurs et, par là-même, d’atomiser excessivement les moyens financiers engagés. Les trois auteurs estiment que la technique d’harmonisation des contrats de plan est actuellement insuffisante pour atténuer la concurrence qui s’observe entre les acteurs locaux.

On note que dans le Xème Plan ce sont les collectivités locales qui ont plus particulièrement vocation à créer des filières de produits et à développer des équipements et hébergements touristiques, alors que l’intervention de l’Etat vise pour l’essentiel, dans le cadre de ses contrats avec les régions, à mettre en valeur des sites culturels et touristiques de renom international.

Cette sélectivité de l’action, aux moyens d’ailleurs modestes, risque de laisser une grande partie du tourisme sous le coup des interventions concurrentes des collectivités locales. Ces mêmes auteurs proposent donc de hiérarchiser les compétences des différents niveaux de collectivités territoriales et de favoriser la coordination, la synergie et donc l’efficacité de leurs actions. Peu de réflexions ont été menées en ce domaine.

La loi du 23 décembre 1992 a confirmé dans ses grandes lignes l’organisation territoriale du tourisme. Un rapport sénatorial relatif au projet de cette loi expliquait que « pour mettre un terme au gaspillage de moyens engendré par le manque de coordination des actions de promotion touristique entre les trois niveaux de collectivités territoriales, il convenait de permettre au département de se doter d’une organisation dans le domaine du tourisme ».

C’est à dire de légaliser l’existence des C.D.T. en prenant soin que leur composition soit fixée par le Conseil général afin d’y détenir la majorité absolue. Il s’agissait là de créer une structure officielle susceptible de rivaliser avec les C.R.T. qui étaient alors les seuls à détenir une véritable légitimité.

L’importance que prennent les instances européennes devrait inciter les différents acteurs locaux à coordonner leurs actions. En effet, déjà, la coopération interrégionale et transfrontalière, donnent aux régions des « compétences structurantes » qui organisent leurs champs d’intervention.

Les grandes régions qui se développent, de manière associative (Grand Sud, Grand Est…), sont de bons exemples des liens qui commencent à se nouer pour se faire entendre à Bruxelles et mettre en place des réalisations d’une ampleur supérieure aux possibilités d’une région isolée. Du reste, l’Europe paraît chercher le renforcement des institutions régionales « pour favoriser progressivement des zonages infra-régionaux, infra-départementaux et en même temps internationaux » (Celimene, Lacour, 1991).

Conclusion

Devant l’importance que prennent les régions, les communes ne doivent pas rester isolées. Les contrats de plan tendent avec les pôles touristiques à montrer qu’elles ont ensemble un rôle à jouer dans la modernisation du tourisme français.

Mais cette procédure n’intéresse qu’un nombre réduit de communes. Aussi est-il nécessaire de les amener, conformément aux enseignements de l’économie publique, à procéder à des ententes voire des regroupements. La pratique en ce domaine se limite à une simple coopération.

La gestion de l’activité touristique ne se rencontre que dans les Syndicats Intercommunaux à VOcation Multiple (SIVOM) et que dans 30% des cas. En matière de tourisme, source de dépenses mais aussi de recettes éventuellement substantielles, les communes paraissent désireuses de garder leur indépendance.

Conclusion du chapitre I

On ne se risquera pas à dire que la présentation du tourisme est faite. De nombreux autres aspects de cette activité doivent être connus avant de pouvoir se targuer de maîtriser à fond le sujet. Souvent des éléments nouveaux sont dévoilés dans la littérature par des comparaisons entre divers pays exploitant cette activité économique de manière distincte.

Nous avons d’autre part suffisamment mis en évidence la permanente évolution de l’offre et de la demande dans ce domaine pour comprendre que le sujet est quasi inépuisable.

Rappelons toutefois que ce qui nous préoccupe dans ce travail est de montrer que le tourisme peut être l’élément moteur d’un développement soutenable en milieu insulaire et plus généralement peut être, pour de nombreuses petites économies isolées.

C’est pourquoi nous avons volontairement passé sous silence les éventuelles remarques que l’on aurait pu faire en observant le « fonctionnement » du tourisme chez les uns et chez les autres. Aspirant à nous engager ici dans une démarche davantage axée sur les principes d’étude des sciences économiques, il nous a semblé plus judicieux d’effectuer, en fait, une analyse détaillée de l’offre et de la demande.

Ce sont ces éléments sur lesquels nous nous sommes attardés qui nous seront, nous le verrons, les plus utiles pour penser notre « modèle ». Le pouvoir décisionnel de plus en plus délégué au niveau local, les divers éléments entrant dans la constitution d’un produit touristique et l’immense pluralité de tels produits auront, on le comprend, une influence capitale sur les méthodes de développement à envisager.

Nous l’avons rappelé ici : c’est au développement par le tourisme des petites économies isolées que nous nous intéressons dans cette recherche. Aussi, le second chapitre de cette première partie sera consacré aux caractéristiques de ces petites économies et aux différents types de développement qui pourraient y voir le jour.

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Tourisme et Développement Régional
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