Le travail rémunéré vs. L’activité dans le SEL

Le travail rémunéré vs. L’activité dans le SEL

1.5. Idéologie et Utopie : Changent-ils de monnaie en vue de changer de société ?

Pour la grande majorité des p.i., la monnaie de SEL a pour vocation d’être simplement complémentaire. Rares sont ceux qui pensent qu’une monnaie de ce type pourra un jour concurrencer la monnaie officielle (comme c’est le cas en Argentine).

Mais beaucoup estiment que l’introduction de l’échange par monnaie de SEL implique un changement fondamental dans les rapports sociaux. Selon l’expression consacrée, « c’est pour changer qu’ils échangent » : les plus pragmatiques veulent changer ce qu’ils définissent comme des entraves à l’autonomie des membres, tandis que les plus utopistes espèrent participer à l’échelle locale à un changement des mentalités et de l’organisation sociale.

« (…) Je préfère fonctionner comme on fonctionne maintenant que… que cette manière de… de payer en argent tout ce qu’on fait… ça je trouve que cette politique monétaire que chaque chose qu’on fait doit être payée doit être taxée… je… je trouve que c’est très très loin de ce qu’on peut faire.

Moi je trouve que c’est pas une bonne formule. Moi, j’préfèrerais un système d’abord où il y a pas de partis et puis où il y a des êtres humains qui se regroupent et qui essayent de mener le pays et qui essayent de mener des projets (…). J’aurais préféré avoir une politique d’individus qu’une politique de parti. Et au niveau argent, je préfèrerais avoir une formule où tout le monde a une rémunération de base, aussi bien l’artiste que la femme au foyer… tout le monde a… a une base minimale. Et il y a plus de travail en noir… plus de gens qui doivent chasser ceux qui travaillent en noir… Tout le monde a une rémunération de base… » [6.545].

Certains répondants ont clairement mis en avant les dimensions idéologique et utopique de BruSEL [8.294, 8.296], sans sa connotation négative [12.375]. « Il donne naissance à « des relations plus saines (…) ça donne des échanges relationnels tout à fait différents » [7.131] et permet une « autre définition de l’homme et des échanges sociaux » [8.291].

« Et l’idéologie, c’est-à-dire le but final ou en tout cas le but final par rapport à notre conscience actuelle, c’est déjà ce monde idéal dont on rêve… le SEL étant un des moyens pour y arriver… un des moyens que nous pensons efficaces pour y arriver » [12.385].

2. Le travail rémunéré vs. L’activité dans le SEL

Initialement, les services que les membres inscrivent sur leur fiche d’adhésion sont souvent en rapport avec leurs activités ou leurs formations professionnelles. Mais avec le temps, il arrive que les membres souhaitent se redéfinir, soit parce qu’ils ne répondent pas assez bien à la demande, soit parce qu’ils ne souhaitent tout simplement plus mettre gratuitement certaines compétences professionnelles à disposition des membres.

Les membres qui peinent à se définir ou à se redéfinir peuvent faire appel à un service d’orientation où on leur fait mettre le doigt sur de tous petits savoirs et savoir-faire auxquels on ne pense pas et qui peuvent faire l’objet d’une demande importante au sein du SEL : conduire une voiture, faire les courses, rédiger des lettres … Ce sont souvent ces petits services personnalisés et pour lesquels il n’est pas nécessaire d’être spécialiste qui fonctionnent le mieux.

« Pour changer, échangeons », in Silence (Hors série – SEL), p. 5, disponible sur www.selidaire.org (consulté en juillet 2005)

Pour les personnes dont les services ne sont jamais demandés, il est possible de se redéfinir en parcourant la liste des services les plus demandés et la liste des offres insatisfaites. Souvent, ils y trouvent une idée, ils se rappellent d’une aptitude oubliée etc.

De nombreuses p.i. finissent par préférer offrir ce genre de petits services que des activités en rapport étroit avec leurs compétences professionnelles : les services professionnels qui sont donnés ‘gratuitement’ alors qu’ils pourraient être rétribués en monnaie officielle posent parfois problème. Il est possible que l’envie de donner ce genre de services disparaisse, qu’on en vienne soudain à considérer ce don de compétences comme un acte non plus gratifiant mais pesant et dérangeant.

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