L’exception culturelle française : l’Etat et le secteur musical

B. L’exception culturelle française

a. Le rôle de l’Etat

La politique culturelle d’André Malraux s’inscrit dans la logique de l’Etat-providence. En effet, l’Etat se donne le rôle d’assurer à tous le même accès à la culture. Le but est donc de permettre à tous les citoyens d’accéder aux œuvres et étendre aux artistes les bienfaits de la protection sociale.
C’est la République gaullienne qui, dans sa politique de modernisation, juge l’importance du rôle moteur de direction, d’impulsion et de régulation de l’Etat.
La logique libérale tend à renforcer un certain désengagement financier de l’Etat, notamment à la fin du septennat giscardien où l’Etat culturel est faible et accorde la priorité au patrimoine. En effet, la politique culturelle n’est alors pas une priorité. L’arrivée de la gauche au pouvoir dans les années 1980 engage un doublement du budget.
Jack Lang qui est alors le Ministre de la culture sous le gouvernement de François Mitterrand, fait de la synergie entre la culture et l’économie une priorité. C’est dans cette optique qu’ils engagent les « grands travaux présidentiels ». Parallèlement, ils ont pour objectif de favoriser l’accès à la culture.
L’action de l’Etat a ainsi permis de maintenir la vie artistique assez autonome face aux lois du marché et de faire fonctionner un réseau plus riche d’institutions culturelles sur l’ensemble du territoire.
L’intervention publique dans les domaines culturels permet la viabilité de plusieurs secteurs de création artistique qui pourraient être remis en cause s’ils étaient soumis à la loi de l’offre et de la demande seulement. Le Ministère de la culture est organisé en centrales et dans les régions par secteur artistique.
Depuis les années 1970, les politiques publiques de la culture sont relayées par les collectivités territoriales. L’action de l’Etat permet à la France de dénoter des autres démocraties libérales. Cependant, le système entre les différentes collectivités, Villes, Départements et Régions, reste très centralisé par grande ville.
L’exception culturelle française à laquelle nous assistons fait polémique. Cependant, les enjeux de la politique culturelle sont importants. Bernard Faivre d’Arcier, ancien directeur du festival d’Avignon et ancien directeur du Théâtre et des spectacles, membre du Comité d’histoire du Ministère de la culture exprime très bien ce sentiment.
« La France a une histoire forte de l’action culturelle. Jean Vilar, en son temps l’a parfaitement exprimé.
Majoritairement, on tient en France pour nécessaires l’éducation artistique, le soutien à la création, l’égalité d’accès – sinon de tous, du moins du plus grand nombre – aux richesses culturelles quel que soit le groupe social ou le territoire dans lequel on vit. L’initiative d’André Malraux, c’est une pensée humaniste et républicaine à l’œuvre, directement issue du Siècle des Lumières et suivie, à quelques exceptions près, par ses successeurs.
Ce haut lignage ne fait pas de l’administration culturelle un modèle de vertu ou de développement, mais la nation est attachée à l’évidence à cette unité culturelle nationale. Le poste de Ministre de la Culture est devenu d’une haute importance politique et ses grands titulaires en partagent les mérites, pas uniquement parce qu’ils ont su utiliser les médias ou multiplier à foison les manifestations événementielles.
Mais aussi parce que les citoyens, y compris ceux qui n’en sont pas, pour une raison ou une autre, les usagers ou les consommateurs, sentent bien qu’il y a là un enjeu d’avenir, immatériel, non chiffrable, discutable sans doute et souvent irréductible à la seule analyse économique, mais qui nous relie au tréfonds de notre civilisation.

Bref, tout cela s’appelle une politique culturelle. On peut discuter de ses formes et de son adaptation au monde actuel, mais on reconnaîtra, en fin de compte, que celle-ci a autant d’importance que les autres secteurs d’activité économique et sociale. ». (Culture Communication, septembre 2009, n°173)

b. Rôle de l’Etat vis-à-vis du secteur musical

Prenons l’exemple de l’intervention de l’Etat par rapport au secteur musical. Cela date de 1669 alors que Louis XIV crée l’Académie royale de musique.
Celle-ci, qualifiée de « machine », nécessite un personnel très nombreux et en constante augmentation, des dépenses de fonctionnement élevées ainsi que des coûts importants pour la création d’un opéra.
Pourtant les recettes, constituées des ventes de places et d’abonnements, ne permettent pas un budget équilibré. Au milieu du XVIIIème siècle, la structure aux mains de la ville de Paris, est déficitaire. L’Etat considère alors qu’il est de son devoir de contribuer aux plaisirs du public et comble ainsi régulièrement les déficits.
En 1791, la municipalité de Paris dresse un rapport dans lequel il dénonce la gestion de la structure en la qualifiant de « faible, sans bases, sans principes, […] des fournitures sans économie, des paiements inexactes » (Municipalité de Paris, Administration des établissements Publics : Rapport sur l’Opéra, 17 août 1791, Jean Jacques Leroux).
Cependant, en prenant en compte les moyens nécessaires, on peut dire que l’organisation a fonctionné de manière assez satisfaisante, ouvrant les portes d’une structure en accord avec les goûts du public.
On peut alors constater que le pouvoir avait pris conscience qu’il devait prendre en charge l’administration et la gestion de l’Académie royale de musique. L’intervention de l’Etat était à son comble et l’on retrouve encore aujourd’hui des problèmes similaires dans de nombreuses institutions.
L’exception culturelle française : l’Etat et le secteur musical
En 1966, l’Etat crée un « service de la musique » confié à Marcel Landowski, compositeur.
Il met en place un plan dans lequel il propose le renforcement du réseau de l’enseignement de la musique, la rénovation ou la création d’orchestres et de théâtres lyriques régionaux ainsi que l’instauration de cellules administratives spécialisées dans le domaine musical à l’échelon des régions et des départements.
A partir de 1982, la politique est tournée vers l’ouverture des genres musicaux tels que la chanson, le rock, le jazz et les musiques traditionnelles et symbolisée par la création en juin 1982 de la Fête de la musique.
Aujourd’hui, la politique en faveur de la musique du Ministère de la culture et de la communication tourne autour de quatre axes : (www.culturecommunication.gouv.fr)
– « Une approche professionnelle et territoriale favorisant la permanence artistique » avec le soutien aux orchestres permanents tels que celui de Radio-France et celui de l’Opéra national de Paris, les maisons d’opéra, les établissements d’enseignement spécialisé et enfin, les festivals.
Selon le Ministère, les festivals de musique permettent l’expression de la diversité musicale, la rencontre des musiques et des publics ainsi que l’émergence de nouveaux talents.
On peut citer quelques structures soutenues par le Ministère de la Culture telles que la folle journée de Nantes, le festival d’Ambronay, le festival de Beaune, les Chorégies d’Orange, le Printemps de Bourges, les Francofolies de la Rochelle ou les Transmusicales de Renne.
– « Les grandes institutions de référence nationale » sont soutenues par l’Etat comme l’IRCAM, centre de recherche autours de la création et des technologies musicales. On peut aussi citer le Centre de musique baroque de Versailles, qui se concentre sur la diffusion du patrimoine de la musique baroque française, ou encore la Villette où y sont édifiés des équipements musicaux de référence nationale.
En 1992, aux côté du Zénith, l’Etat installe la Cité de la musique à la Villette. C’est une salle de concerts, un lieu de pédagogie, un musée et un centre de ressources.
– « Les musiques actuelles », comme le montrent les aides portées à certains festivals, sont soutenues par l’Etat. En effet, cela s’est concrétisé avec la création en 2002 du Centre national des variétés, qui a la gestion d’un fond public pour soutenir ce secteur.
De plus, une politique partenariale avec les collectivités territoriales est mise en place notamment par rapport aux Scènes de Musiques Actuelles (SMAC) et les Zéniths. Enfin, l’Etat soutien les réseaux professionnels nationaux tels que la Fédération du rock, la Fédération des scènes de jazz et musiques improvisées, la Fneijma, l’Afijma, etc.
– « Les conditions du développement de la musique de demain » s’expriment par l’aide aux compositeurs contemporains, aux ensembles musicaux et jeunes interprètes et par le soutien aux initiatives visant à l’élargissement des publics.
Le financement des structures culturelles en France
Mémoire de fin d’études – Option : Développer et Entreprendre
Université catholique De Lyon ESDES Business School
Sommaire :
Introduction
Partie 1: Politiques culturelles et désengagement
I. Histoire des politiques culturelles et de l’intervention de l’Etat
II. Les collectivités territoriales: Communes, Départements et Régions
III. Problématiques
Partie 2: Le mécénat – La réaction des structures culturelles
I. L’histoire du mécénat
II. Le mécénat
III. Problématique du mécénat culturel actuel
Partie 3: Quelles solutions au financement de la culture ?
I. Le cas de Sèvres – Cité de la céramique
II. Le marketing culturel
III. Un exemple d’ouverture à d’autres financements : Louvre Abu Dhabi
IV. Les solutions au financement de la culture & limites
Conclusion

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Le financement des structures culturelles en France
Université 🏫: Université catholique De Lyon ESDES - Mémoire de fin d’études
Auteur·trice·s 🎓:

Axel Psaltopoulos
Année de soutenance 📅:
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