Les jeunes touristes en France : une clientèle plurielle

Les jeunes touristes en France : une clientèle plurielle

Chapitre 2 – Un segment aux attentes et pratiques touristiques diverses

Maintenant que nous avons analysé le poids économique de ce segment dans le secteur touristique français, il nous semble important de mettre en avant les caractéristiques principales de ce dernier. Quelles sont donc les caractéristiques fondamentales de ce segment des jeunes en autonomie de18 à 25 ans ?

Afin de répondre à cette problématique nous allons analyser les caractéristiques de ce segment en nous appuyant sur trois spécificités propres mises en avant notamment par Laurence Dermenonville dans son dossier sur le tourisme des jeunes de 2007. Ces trois spécificités sont les suivantes :

  •  Une clientèle plurielle (en termes de consommation, d’âges, de statuts et de segments).
  •  Des motivations diverses et multiples (séjours culturels en passant par des séjours utiles linguistiques ou universitaires, séjours aux activités extrêmes mais aussi séjours plus festifs ou initiatiques…)
  •  Des modes de compositions et de consommations touristiques spécifiques (volatilité, difficulté de fidélisation, non saisonnalité, usage important d’internet…).25

Section 1 : Une clientèle plurielle (consommation, âges, statuts, segments, …)

I) Des modes de voyages différents

En ce qui concerne les modes de voyage, nous pouvons constater que les jeunes voyagent alternativement de manières différentes, que cela soit en groupes, en couples, seuls ou encore en famille. Cette diversité des modes de voyage entraine alors nécessairement des choix de séjours, ou plus largement de consommations de produits touristiques différents, adaptés au type de voyage choisi. Les offreurs devront dès lors s’adapter à ces différentes modalités de voyage afin de répondre au plus près à la demande.

II) L’influence de l’âge

Un élément majeur de cette pluralité de la demande des jeunes de 18 à 25 ans se trouve au niveau de l’âge des intéressés. Ainsi, nous pouvons voir que le taux de départs, mais aussi les préférences de voyages divergent fortement suivant l’âge de la clientèle étudiée.

Enquête permanente sur les conditions de vie, Taux de départ en vacances

Source : INSEE, Enquête permanente sur les conditions de vie, Taux de départ en vacances, (EPCV), 2004.

Selon le tableau ci- dessus nous remarquons que les taux de départs chûtent de manière significative autour de l’âge de 20 ans. Ceci peut être directement lié à la sortie de la grande adolescence, à la rupture avec les parents et au départ en vacances de manière autonome qui présente irrémédiablement des difficultés de coûts pour ces jeunes générations (en particulier pour les inactifs et chômeurs).

Au delà de ça, nous voyons que cette période correspond également à l’entrée dans le monde du travail et, par conséquent, à une période d’occupation majeure ne donnant pas toujours le temps ni la possibilité de prendre des vacances. Ainsi, si nous analysons le tableau ci- dessous nous pouvons voir que les jeunes actifs sont ainsi moins enclins à prendre des vacances que les étudiants par exemple.

Les jeunes touristes en France : une clientèle plurielle

Source : INSEE, recensement de la population, 1999.

III) L’influence de l’origine socio- économique

Un autre déterminant majeur de cette demande correspond à l’origine sociale des jeunes. Il apparait comme évident que des personnes issues de familles de rang socio- économiques plus élevés soient davantage attirées vers le tourisme.

L’origine socio- économique, par la socialisation à tel ou tel milieu, conditionne grandement les personnes, et une personne habituée à prendre des vacances dans son enfance sera certainement plus susceptible d’en être demandeuse par la suite.

De plus, le segment étudié dans ce dossier, s’il est considéré en autonomie, est cependant fréquemment aidé par ses aînés. En effet, l’évolution de nos sociétés et notamment la montée de la précarité des jeunes entrainent de nouveaux systèmes de fonctionnements internes des familles. Ainsi, nous voyons que de plus en plus de parents ou même de grands- parents appuient économiquement leurs enfants sur une durée plus longue.

Les loisirs sont également dépendants de cet appui économique, il est donc possible d’imaginer (malgré le manque d’études sur le sujet) que des jeunes en autonomie issus de catégories socio- économiques élevées bénéficieront d’un budget de loisir plus conséquent que des jeunes issus de catégories plus basses. Le budget étant un élément fondamental dans la décision d’effectuer du tourisme, nous pouvons penser que les premiers seront donc plus enclins à partir.

IV) L’alternance dans la consommation

Concernant cette diversité des statuts des jeunes en autonomie, nous pouvons aussi mettre en avant le fait qu’y compris chez les jeunes de statuts identiques ou proches, les modes de consommations varient même pour un séjour semblable.

Ainsi, nous pouvons voir qu’à des consommations de produits touristiques bas de gamme (par exemple des vols Low cost, des auberges de jeunesse…) se combinent parfois des consommations de produits de gamme moyenne ou de haut de gamme pour un même individu (hôtels, restaurants, activités culturelles…).

V) Certains axes de segmentation

Au final, ces différentes caractéristiques de la demande peuvent alors nous conduire à segmenter cette dernière selon l’âge, la proximité du monde du travail, ou encore la catégorie socio- économique d’origine des jeunes en autonomie.

Le premier sous- segment généralement identifié correspond alors à celui des 18- 23 ans26 (nous pouvons noter cependant qu’à caractéristiques proches ce segment est parfois délimité aux 18- 20 ans dans d’autres études ou articles comme celui d’Etienne Pauchant27).

Il est généralement appréhendé comme davantage en recherche de sensationnel, de festivités et de voyages en groupes que ses aînés. Le second segment, celui des 23- 25 (ou des 20- 25 ans28) est, quant à lui, davantage en recherche d’accomplissement personnel et moins attiré par les groupes. On lui accorde, en outre, une attirance plus importante vers les activités riches en enseignements et accomplissement personnel comme le déclare ODIT : « Le groupe est moins structurant que précédemment, et l’activité est recherchée pour l’accomplissement qu’elle procure »29.

L’autre segmentation généralement admise correspond à la proximité de l’entrée dans la vie active30. Celle- ci est très variable suivant les différents pays européens mais elle se traduit toujours chez les jeunes actifs par la consommation de produits plus haut de gamme.

En effet, leurs revenus étant en hausse, ils sont particulièrement enclins à la consommation de produits touristiques de qualité comme le déclare ODIT : « … sur le plan qualitatif, la niche toute particulièrement convoitée est celle des jeunes actifs qui ont de l’argent et pas encore de contraintes (famille, emprunts…) »31. En revanche, en comparaison avec les étudiants, ces

jeunes actifs ont moins de temps libre et partent moins. La cible des étudiants apparait donc, elle aussi, comme intéressante, dans la mesure où elle présente des avantages certains (non saisonnalité, sensibilité à l’événementiel, fort taux de départs en vacances…).

Mais elle a aussi des inconvénients comme son faible budget et son instinctivité. ODIT France remarque que : « Si l’essentiel du volume des ventes est généré par la cible étudiante, celle- ci est peu contrainte sur la durée mais plus sur le budget… »32.

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