Le site Internet du CRIJ

Le site Internet du CRIJ

1.2. Problématique

Dans la lignée théorique de l’épistémologue Karl Popper (2004), précisons que le principe essentiel de la démarche scientifique des sciences sociales réside, avant toute observation, dans la nécessité d’une conception antérieure d’une théorie provisoire et directrice sur ce monde, autrement dit d’une problématique ou d’une hypothèse, qu’il s’agit ensuite de confronter à la réalité observable. Nous allons donc exposer les différents axes sur lesquels nous nous sommes basés pour conduire l’ensemble de notre réflexion.

La présente recherche s’inscrit dans la continuité d’une précédente étude, celle du CRP Consulting, réalisée en 2010, étape essentielle qui vient fonder la base de cette recherche. Cependant, ce diagnostic ne permet pas de comprendre le comportement des jeunes dans son ensemble, et ce qui les a mené à utiliser tel ou tel outil de communication. Nous allons donc maintenant nous attacher à un objectif de complémentarité en abordant la thématique sous une autre optique et en nous adossant à certains éléments de l’étude du CRP Consulting qui nous semblent essentiels pour entrer dans une analyse plus problématisée :

Une analyse sociologique compréhensive

1.2.1 Méthodes de recherche v/s prise d’autonomie

Il s’agit ici de chercher à voir les grandes tendances dans les stratégies de recherche des jeunes autour des thématiques d’emploi/formation28 et de logement afin de comprendre comment ces recherches participent de leur autonomisation. Nous aborderons donc diverses questions, notamment quel est le type d’information que le jeune cherche, donc vers quel type de structures/sites il se dirige, ses recherches ont-elles abouti, et en quoi le réseau du CRIJ vient compléter/suppléer d’autres formes de réseau et aider ainsi à la prise d’autonomie. Le but est donc de chercher à comprendre pourquoi le jeune va voir le CRIJ plutôt qu’un autre organisme, propose-t-il vraiment les mêmes services, ou des services différents, d’une manière différente ; il nous faut donc chercher à comprendre l’idée que le jeune se fait de la recherche d’emploi et de logement.

Notre hypothèse de départ est que cette idée peut prendre deux formes différentes :

  1. Idée d’un rapport direct : agence/réseau/ou organisme, peu importe le service, le jeune recherche le rapport direct, la recherche est vue comme pour une agence immobilière : recherche de bien, mise en contact avec un propriétaire pour aboutissement (ou non) de la vente.
  2.  Idée d’une recherche par conseils / bons plans / informations personnalisées entre pairs. Les attentes ne sont pas les mêmes dans les deux cas, transformant du même coup les formes d’autonomisation.

28 Précisons que la thématique de la formation s’attarde sur le rapport à la sphère professionnelle, nous entendrons donc par formation la recherche de stage.

Toute cette réflexion s’axe autour d’une question majeure : y a-t-il une réelle concurrence entre la popularité des réseaux sociaux et les services d’Information Jeunesse ou cette dualité s’appuie-t-elle sur un principe de complémentarité ?

Nous avons également dégagé plusieurs sous-hypothèses, qui viennent compléter notre problématique autour de la notion de compétences d’usage ; il s’agit de savoir comment les jeunes se repèrent dans leurs recherches :

  •  Les jeunes qui utilisent fréquemment Internet (plus de 2heures par jour) vont avoir tendance à utiliser ce moyen dans leurs recherches, qu’il s’agisse d’emploi, formation ou logement.
  •  Les jeunes qui utilisent internet principalement pour communiquer avec la famille et les amis ou participer à des réseaux sociaux vont avoir tendance à mobiliser ces moyens dans leurs recherches.
  •  La mobilisation du réseau familial ou amical, proche ou éloigné se fait plus pour l’emploi que le logement.

– Nous sommes également partis du postulat que les logiques d’acteurs étaient différentes selon leur profil, et notamment selon leur statut : les étudiants et les salariés ne recherchent pas le même type d’emploi et de logement d’une part, et n’ont peut-être pas la même utilisation ou la même idée de la place des réseaux sociaux ; ils vont donc raisonner différemment dans leurs recherches.

Le statut (étudiant/salarié) influerait donc sur le type de recherches effectuées (concernant le style de logement ou d’emploi) : l’étudiant recherche des petits boulots et un logement « peu durable » (pour l’année scolaire par exemple) ; tandis que le salarié a recherché un emploi stable, et a désormais un statut différent donc des critères et des exigences différentes pour son logement…

Cette problématique viendra s’appuyer en grande partie sur la sociologie des réseaux, et notamment sur la théorie de « La Force des liens faibles » du sociologue Mark Granovetter (1973). Selon cette théorie les individus avec lesquels on est « faiblement lié » ont plus de chances d’évoluer dans des cercles différents et ont donc accès à des informations différentes de celles que l’on reçoit ; ce serait alors ces personnes les plus à même de nous aider29. Dans la recherche d’emploi/formation logement, les réseaux sociaux qui nous permettent de maintenir ou même de développer ces liens « faibles » seraient alors un atout incontestable.

1.2.2. Le site Internet du CRIJ

Au regard des résultats que nous obtiendrons de l’analyse des formes d’autonomisation du public, et de l’idée qu’ils se font de la recherche d’emploi/logement, il nous sera alors possible de chercher à comprendre par quel processus les jeunes construisent leur référentiel d’action et quelles sont leurs pratiques concrètes dans la recherche d’emploi et de logement sur des sites Internet d’information tel que celui du CRIJ.

Cela va nous permettre de tenter d’appréhender dans un second temps quels sont les attentes des jeunes concernant l’Internet et les réseaux en général et le site Internet du CRIJ plus particulièrement. Pour se faire, nous nous baserons sur une analyse de François Cusin30 selon qui le processus de captation du public se décline sous trois dimensions fondamentales : l’attraction, la sélection et la fidélisation.

Le but de cette étude est donc ici de réactualiser certaines données, ainsi que d’apporter un nouveau regard sur la pratique des TIC. Cependant, précisons que le réel enjeu est de pouvoir accompagner le commanditaire en contribuant à étayer la restructuration du site internet en fonction de la possible émergence de points importants dans cette étude notamment sur des questions concernant la communication ou la captation des publics.

1.3. Méthodologie

L’échantillonnage de cette étude est composé de jeunes résidents en région Midi Pyrénées âgés de 18 à 25 ans car c’est une période clef dans la prise d’autonomie autour des deux axes qui nous occupent, mais également un âge très propice à l’utilisation des interfaces de réseaux sociaux comme nous l’avons évoqué en première partie. De plus, le diagnostic du CRP consulting effectué en 2010, avait abordé les envies des collégiens et des lycéens, et précisait alors que les étudiants étaient les plus en demande : « c’est le cœur de cible du CRIJ, ils recherchent un accompagnement », spécifiaient-ils.

La méthodologie employée pour cette étude est à la fois quantitative et qualitative. En effet, pour mener à bien cette recherche il est nécessaire de faire appel à divers outils méthodologiques. Tout d’abord, une recherche documentaire a été effectuée afin de recueillir des informations sur le sujet qui nous occupe en amont du travail de terrain, et ce da ns le but de mieux en saisir les différents aspects, de bien définir notre cadre théorique et d’ainsi mieux aborder la seconde phase de l’étude. Dans un second temps, nous avons donc abordé la phase de terrain, soit le recueil d’informations plus approfondies, à travers une double méthodologie :

1.3.1. Méthodologie quantitative

Cette méthodologie est à la fois la source des statistiques que nous avons produites, et une étape « préliminaire » de la méthodologie qualitative. Elle repose sur la distribution de questionnaires auprès des jeunes. Nous allons revenir sur les différentes modalités qui le composent :

a) Période et méthode de diffusion

Les questionnaires ont été diffusés durant une période d’un mois (de fin juin à fin juillet) selon plusieurs recours : ils ont été déposés dans la structure du CRIJ en version papier et transmis à travers un lien Internet sur le site de tousenligne.net à la fois sur l’interface du CRIJ, propagé à travers notre réseau, et déposé sur certains forums (deux forums sur http://www.colocforum.net).

b) Essai du questionnaire

C’est une étape qui arrive juste avant la mise en ligne du questionnaire, il s’agit de le faire « tester » par quelques personnes afin de découvrir d’éventuelles anomalies dans la formulation ou l’ordre des questions.

Cet essai permet de trouver les erreurs dans la présentation ou les instructions et il fournit une indication provisoire de la durée de réponse et des cas de refus. Dans notre cas, le questionnaire a été testé en entier, par une dizaine de personnes, relevant de légères anomalies concernant la formulation, et certaines options de réponse manquantes tels que le site de Monster ou la possibilité de répondre « je n’utilise pas Internet sur mon téléphone portable » ou « je ne participe pas aux réseaux sociaux ».

c) Échantillonnage

Nous avons obtenus un total de 200 questionnaires, dont 150 complets que nous avons pu exploiter.

d) Les documents annexes

Avant d’être diffusé, ce questionnaire a été muni d’un plan de diffusion, qui spécifie de quelle manière il sera diffusé et les différentes temporalités (relances), mais également d’un plan de traitement qui, d’une part,met en relation les différentes questions posées avec les axes problématiques de l’étude, et qui d’autre part, reprend les points importants qui le compose, soit : un rappel de l’objet d’étude, des objectifs de l’enquête, du public cible, des temporalités imparties, des modes de transmission, des différentes étapes méthodologiques de sa rédaction, ainsi que la procédure d’analyse envisagée. Il nous faut alors spécifier que la procédure envisagée était principalement portée sur du tri à plat.

e) Composition

Le questionnaire, nommé : « L’usage des TIC chez les jeunes en recherche d’emploi et de logement », comporte tout d’abord une partie introductive, qui expose aux répondants les objectifs de l’enquête et quel usage sera fait de leurs réponses ; elle précise également combien leur participation est importante ainsi que le caractère anonyme du questionnaire.

Tout cela dans le but de les encourager à prendre le temps de répondre correctement à l’ensemble du questionnaire. Ce questionnaire est composé de 35 questions au total, réparties dans quatre groupes. La première série de question concerne l’utilisation des TIC, afin de réactualiser certains chiffres de l’ancienne étude.

Les deux séries de questions suivantes sont en lien avec les axes problématiques, et comportent donc des interrogations autour des deux aspects suivants : les méthodes de recherche d’emploi et de logement, et le site Internet du CRIJ. Tandis que le quatrième groupe de questions est composé d’éléments concernant le « profil » du répondant.

Des questions concernant l’âge, le sexe, le domaine d’activité ou encore la situation géographique ont été formulées, car, comme nous l’avons évoqué dans le contexte, certains taux d’équipement et certaines modalités dans les usages des TIC peuvent varier en fonction de ces critères.

Enfin, précisons que les répondants ont été remerciés de leur participation à l’issue du questionnaire, et qu’une ultime question leur a été posée, concernant leur possible volonté de poursuivre l’échange par un entretien31.

Ce travail quantitatif constitue en quelque sorte une phase exploratoire pour l’axe problématique qui nous occupe concernant les méthodes de recherche d’emploi et de logement. Nous avons, grâce à ces questionnaires, pu d’une part établ ir des statistiques, et d’autre part, cela nous a permis de visualiser les grandes tendances, ainsi que d’établir nos grilles d’entretiens en fonction des réponses fournies dans ce questionnaire.

1.3.2. Méthodologie qualitative : la sociologie compréhensive

Selon Max Weber, la sociologie doit être compréhensive, en ce qu’elle doit rechercher le sens des comportements humains, constitutifs des actions dont il s’agit de rendre compte ; il s’agit donc d’expliquer les causes et les effets de l’action des hommes.32

Cette enquête, en dehors des apports théoriques, et de la méthodologie quantitative, se concentre donc également sur 17 entretiens avec des personnes de notre échantillon. Cet aspect qualitatif s’est effectué au travers le passage d’entretiens individuels sur un mode directif, et s’est appuyé sur un une grille d’entretien.

Ces entretiens se sont déroulés de plusieurs façons, ils ont été sous la forme d’une discussion via messagerie instantanée pour certains, d’une rencontre en face à face pour d’autres, ou encore sous la forme d’un questionnaire approfondi envoyé par e-mails, pour des raisons pratiques. Les personnes interrogées ont été « choisies » grâce à leur participation au questionnaire sur lequel ils ont laissé leurs coordonnées et indiqué qu’ils étaient d’accord pour poursuivre l’échange.

1.3.3. Remarque : La distance symbolique

Il va sans dire que le choix d’un sujet de recherche, même dans le cas où il a été proposé par un commanditaire, suppose une certaine proximité, voir un certain intérêt pour la thématique. Dans le cas qui nous occupe il nous faut mentionner que, bien évidemment, l’utilisation des TIC nous concerne nous aussi de très près, mais nous sommes également concernés par l’échantillon choisi. Cette proximité peut sembler au départ, sinon être un handicap, susciter de l’inquiétude.

En effet il n’est pas dénué de sens de redouter une certaine naturalisation des comportements, de ne pas assez pousser les enquêtés à expliciter leurs pratiques, de trop considérer les choses comme des « allants de soi ».

Cependant, il faut naturellement que le chercheur précise sa propre place, sa relation à la recherche et admettre qu’il peut être soumis à une subjectivité due à son empathie avec le sujet de recherche pour pouvoir objectiver cette relation et réinstaurer une distance.

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