La crise de la gestion publique et les besoins de changement

1.3 Pourquoi ces tentatives de réformes?
Au premier niveau, la réponse est simple: « Crise de l’État ». Mais, cerner les raisons exactes de cette crise et comprendre le processus déclencheur sont toutefois, beaucoup plus difficiles. Dans ce qui suit, nous allons essayer d’aborder quelques raisons de la crise actuelle.
1.3.1 La crise de la gestion publique
La crise actuelle vécue par les gouvernements n’est pas un élément nouveau, mais elle trouve plutôt son origine dans les séries de crises qui se sont produites dans le passé, formant ainsi un cercle vicieux. En effet, la dégradation de la situation économique et financière des pays en développement s’est soldée par une série de crises (Naka, 1998) : crise de paiements, crise d’endettement, crise de la croissance économique, etc. Cependant, « la crise que nous vivons s’est distinguée jusqu’ici de celles qui l’ont précédée par la subtile diffusion de ses conséquences… » (Naka, 1989 : 16).
Ainsi, les pays développés ne sont pas à l’abri de ce phénomène désastreux (OCDE, 1989). Une généralisation de la crise des finances publiques, de la crise d’emplois, de la crise du service de la dette, ou généralement une crise de l’État, est devenue la maladie de la fin du siècle. On constate que, dès les années 80, la fonction publique dans de nombreux pays occidentaux est partie à la dérive (Savoie , dans Peters et Savoie, 1995). De son côté, Parenteau (1994 : 2) affirme que :
« La crise vécue par les gouvernements un peu partout dans le monde est peut être un élément nouveau pour l’opinion publique, mais il s’est trouvé dans le passé des Cassandres qui ont tenté d’alerter cette opinion, sans grand résultat il faut le dire. En effet, des économistes ont prévu depuis plusieurs années la dégradation constante de la situation, ce qui n’a pas empêché les gouvernements de dépenser à qui mieux mieux, multipliant les gâteries de toutes sortes, au prix d’un endettement dont on ne sait plus comment se défaire maintenant. »
En d’autres termes, cette constatation était porteuse de nos maux actuels aggravés par d’autres facteurs qui sont enchaînés entre eux. En effet, pour faire face au déficit externe, les grands experts en économie, plus particulièrement le FMI et la Banque Mondiale, ont recommandé à plusieurs pays de dépenser plus que leur PNB. Ce qui a entraîné les gouvernements dans une spirale d’endettement au cours des années 70. Celle-ci à son tour engendrait une politique d’ajustement structurel durant les années 80 dont les conséquences sociales, notamment l’augmentation de l’armée de chômeurs et la généralisation de la pauvreté, sont dévastatrices pour beaucoup de pays. Ainsi, les générations actuelles et futures sont contraintes de supporter le grand fardeau du service de la dette pour corriger les erreurs, les abus et la défaillance des gestionnaires publics du passé et la crise de l’État qui en résulte.
Par ailleurs, Savoie (1995 : 71) souligne que :
« Il est évident, néanmoins, que les bureaucraties publiques ont été la cible d’attaques de toutes parts, pour divers motifs, dans le contexte de la mondialisation de l’économie. L’État-Nation évolue aujourd’hui dans une conjoncture de plus en plus interdépendante et concurrentielle et, selon certains, « l’État-Nation évolue est devenu trop petit pour les grands problèmes et trop grand pour les petits problèmes de la vie » (Bell, 1986, p.6); les dirigeants politiques des années quatre-vingts sont devenus ouvertement hostiles à leur fonction publique, l’accusant de tous les torts, notamment d’être « démesurée, prodigue, inefficace sans imagination et trop puissante » (Savoie, 1994) ; enfin, les contraintes budgétaires ont poussé les gouvernements à réformer l’appareil gouvernemental et à faire naître ainsi un engouement pour la privatisation et d’autres formes d’assimilation de l’activité gouvernementale à l’activité commerciale (Boston, 1991). Depuis, les fonctions publiques sont demeurées sur la défensive, s’interrogeant sur leur rôle de conseillères en matière de politique et même sur leur responsabilité d’exécution des programmes ».
Cependant, certains gouvernements ont remarqué l’incompétence de leurs gestionnaires et ont réagi en émettant des avertissements ou en souhaitant le changement de l’appareil administratif. Ainsi, le gouvernement fédéral a soulevé ce problème en 1969 avant même la mondialisation. Se rendant compte que son propre personnel n’était pas à la hauteur de la situation, il a émis un sévère avertissement :
« S’il ne peut compter sur des cadres supérieurs et des administrateurs publics d’un niveau de compétence beaucoup plus élevé, le gouvernement ne réussira pas à élaborer des politiques et à exécuter des programmes de façon expéditive, progressiste et inédite, et devra par conséquent renoncer à se gagner la confiance des fonctionnaires et du public et à obtenir leur participation au fonctionnement d’une administration gouvernementale moderne, efficace et consciente de ses responsabilités sociales » (Kernaghan, 1975 : 20) (cité par Parenteau dans l’ouvrage de M. Charih et M. Paquin, 1994 : 3).
Actuellement, on qualifie la crise par l’existence de deux phénomènes contradictoires: l’augmentation accrue des attentes des citoyens et l’incapacité du gouvernement d’y répondre. À cet égard, Richard Simon, 1976 (dans Parenteau, 1994 : 2) affirme que : « les gouvernements modernes se trouvent de plus en plus coincés entre, d’une part, non pas nécessairement des besoins nouveaux, mais des attentes et des exigences croissantes de la population et d’autre part, une incapacité croissante à les satisfaire ».
Face à cet état des choses, au lieu de multiplier les efforts pour répondre aux exigences croissantes des citoyens, les gouvernements ont tendance à réduire les services offerts, voire même d’en supprimer au cours des dernières années. Il est évident que le service rendu ou la marchandise livrée perd de plus en plus sa qualité, cela sans parler des délais d’attente.
Avec la contrainte de la mondialisation, les gouvernements se trouvent obligés de réformer, rénover, restructurer ou transformer, peu importe le terme utilisé, leur appareil administratif en s’interrogeant sur les réformes les plus appropriées à leur contexte. Beaucoup de chercheurs sont d’accord sur le fait que les gouvernements ont intérêt à adapter leurs administrations à l’environnement actuel en avançant des raisons que nous allons examiner.
1.3.2 Les besoins de changement en général.
Le changement est devenu presque une mode, mais une mode induite par un impératif d’adaptation qui force l’organisation à choisir entre changer ou mourir. Certains auteurs selon Hafsi et Fabi (1997) affirment que l’organisation doit s’adapter à la turbulence de son environnement externe, aux facteurs de mondialisation, à la déréglementation des marchés, à l’intensification de la concurrence, à la constitution des marchés communs, à l’augmentation des acquisitions et des fusions, à l’implantation croissante de nouvelles technologies, à la différenciation dans la consommation, de même que l’évolution rapide des valeurs et des comportements sociaux etc.,. D’autres affirment que le changement est lié à l’évolution relative de certaines caractéristiques démographiques telles que le vieillissement de la population, l’augmentation du taux de féminisation dans les organisations et la généralisation de la scolarité. On rejoint ici l’idée que les firmes ne sont jamais stables et par conséquent, elles doivent s’ajuster en fonction des mutations actuelles. Les travaux de Hafsi et Demers (1989) soulignent que le changement stratégique apparaît comme une réponse, soit au déséquilibre interne (les stratégies), soit au déséquilibre externe (l’environnement). De ce fait l’organisation doit ajuster sa structure et ses stratégies à son environnement, soit pour assurer sa survie ou sa croissance. En effet, pour les organismes exposés à la concurrence, le changement apparaît comme le seul moyen d’accroître les chances de leur survie. Dans cet ordre d’idées, Hannan et Freeman (1984) affirment qu’à long terme, seules les entreprises qui évoluent régulièrement avec leur environnement peuvent survivre.
Par contre, pour l’administration publique, le changement s’inscrit dans le cadre de la politique gouvernementale répondant aux attentes des citoyens. Il s’est avéré qu’avec le temps, ces derniers sont mieux équipés que leurs administrations (équipement informatique, etc.,). En effet, les citoyens attendent de leurs institutions gouvernementales d’être plus efficaces et modernes, d’offrir des services de haute qualité et d’être menées par les hommes et les femmes les plus compétents (Synopsis/ gouvernement du Canada 1990). Généralement, les organisations traversent une époque très turbulente induite par les pressions venant de l’environnement ou de leur fonctionnement. Cette turbulence est à l’origine de ce qu’on appelle les transformations organisationnelles (Hafsi et Fabi 1997).
On parle de plus en plus de la mondialisation et de ses effets chez certains auteurs pour contourner plus au moins sa dimension. Que veut-on dire par la mondialisation?. Et quelle relation existe-t-il entre la mondialisation et la transformation organisationnelle?
Lire le mémoire complet ==> (Gestion du changement dans l’administration publique en vue de sa modernisation)
Mémoire présenté en vue de l’obtention du grade de maître ès sciences (M. Sc.) – Sciences de la gestion
Université de MONTREAL – Ecole des hautes études commerciales affiliée

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Université de MONTREAL - Ecole des hautes études commerciales affiliée
Auteur·trice·s 🎓:
Hayat BEN SAID

Hayat BEN SAID
Année de soutenance 📅: Mémoire présenté en vue de l’obtention du grade de maître ès sciences (M. Sc.) - Avril 2010
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