Epilogue : les étudiants en finance en France et leur avenir

3 Epilogue : Les étudiants en finance et leur avenir

Comme nous l’avons constaté plus tôt, issus de grandes écoles de commerce ou d’ingénieur, d’Instituts d’Etudes Politiques et d’universités, les étudiants en finance en France ont des profils tout à fait variés. Ils n’ont d’ailleurs pas toujours commencé leurs études au sein du système de formation français, puisque 11% des cours figurant dans l’enquête sont dispensés à un public en majeure partie non francophone. Quelles sont les motivations de ces étudiants ?

3.1 Le goût pour les matières financières

Les étudiants qui font le choix d’une spécialisation en finance doivent à l’évidence s’être découvert un goût particulier pour ces matières lors de cours de tronc commun, qu’il s’agisse de leur dimension quantitative et de leur parenté avec les mathématiques, de l’aspect macro-économique ou encore du rôle de la stratégie financière dans le management d’entreprise.

De très nombreuses associations centrées sur la finance (et surtout la finance de marché) existent en tout cas dans les écoles et les universités pour témoigner de leur intérêt, et l’engagement des étudiants au sein de ces structures participe assurément de leur formation :

– A l’Ecole Polytechnique, l’association X-Transactions « a pour mission de faire connaître, promouvoir les métiers en relation avec la finance au sein de l’école et de mettre en relation les étudiants avec les professionnels ». Elle organise dans cet objectif des jeux boursiers, forums et conférences sur des thèmes économiques et financiers.

– HEC Bourse, disposant d’une salle de marchés sur le campus de l’école, a sensiblement les mêmes raisons d’être qu’X-Transactions. Les deux associations publient d’ailleurs ensemble l’HEConom’X, journal spécialisé dans les thèmes financiers.

– Le Challenge Investissement Supélec propose tous les ans un concours reposant sur une simulation boursière très réaliste : les cours sont copiés en temps réel sur ceux de la Bourse de Paris, les participants doivent prendre en compte des frais de transactions et prêter attention aux différents types d’ordres qu’ils émettent, à la possibilité de vente à découvert ou d’utilisation du Service de Règlement Différé,… Plusieurs centaines d’équipes de deux à trois étudiants s’inscrivent tous les ans.

– Transaction Grandes Ecoles a été créée en 1991 avec une quinzaine d’associations de finance des grandes écoles, et en compte aujourd’hui plus d’une trentaine. Son rôle est en effet de fédérer les initiatives au sein de tous les établissements. Elle organise tous les ans au printemps un congrès réunissant tous ses membres ainsi que de grands noms de la finance, comme la banque Rotschild, présente en 2006.

– Le club des jeunes financiers est rattaché au Centre des Professions Financières et est composé à 40% d’étudiants et à 60% de jeunes actifs. Le club dispense des « Conférences Métiers » et organise un Concours des Mémoires de l’Economie et de la Finance afin d’assurer son objectif principal : « offrir à ses membres la possibilité d’accéder aux conseils et connaissances nécessaires leur permettant de choisir leur orientation professionnelle de manière objective. » L’ « Espace Métiers » du site de l’association propose en effet différentes rubriques permettant de se renseigner sur les tendances du marché de l’emploi financier, les grandes familles de métiers financiers grâce aux « Fiches Métiers », des conseils pour bien appréhender sa carrière en finance,…

3.2 Accéder à une grande variété de métiers prestigieux

L’éventail des métiers accessibles à l’étudiant spécialisé en finance est particulièrement large, puisqu’il s’étend de la banque (fusions-acquisitions, activités de marchés, analyse et recherche financières) aux services financiers des grandes entreprises en passant par l’assurance ou les sociétés de bourse sans oublier les agences de rating, ou encore le conseil.

Ainsi parmi les 45 % de jeunes financiers que comptait la promotion 2004 de l’ENSAE, 18% ont signé des contrats d’ingénieurs financiers, et 18 % sont devenus actuaires ; les traders représentaient 7 % de la promotion, et les informaticiens 4%. La même année à HEC, sur l’ensemble des étudiants de la majeure finance 60 % sont partis travailler en banque d’affaires, dont une majorité en corporate finance, fusions- acquisitions et structuration. 20 % ont choisi le conseil, et le dernier cinquième s’est dirigé vers les directions financières des grandes entreprises.

Enfin le Mastère Spécialisé « Techniques Financières » de l’ESSEC, quant à lui, a placé en 2005 10% de sales, 10% d’étudiants en management de produits structurés, 24% d’analyste financiers, 14% d’étudiants dans le secteur des fusions-acquisitions, et surtout 29% de traders.

Il est vrai pourtant que tous les élèves spécialisés en finance ne sont pas égaux devant tous les postes financiers : les ingénieurs sont en effet de plus en plus recherchés dans les domaines pointus de la finance de marché pour leurs compétences en mathématiques et en informatique (les compétences des étudiants du Master « El Karoui », de Probabilités et Finance parcours Probabilités et Applications à l’université Pierre et Marie Curie sont d’ailleurs très recherchées dans les salles de marché partout dans le monde), tandis que la tendance s’inverse en ce qui concerne les fusions-acquisitions, qui exigent plus de sens politique et stratégique, et une bonne vision d’ensemble des différents marchés et acteurs économiques.

Pour donner le maximum d’outils à leurs étudiants, les écoles de commerce enrichissent donc leur majeure finance de marché en mathématiques (HEC créé un double diplôme avec l’ENSAE, et Monsieur Jose-Miguel Gaspar, Directeur du Département Finance de l’ESSEC, m’a indiqué qu’il refusait de baisser le niveau quantitatif des cours de finance de l’école) alors que les écoles d’ingénieurs multiplient les cours et les options de finance même si Margaret Armstrong, professeur de finance à l’Ecole des Mines, déclarait en 2004 au journal Finance Grandes Ecoles que « La finance est une discipline très large, au même titre que l’informatique.

Dans l’enrichissement de leurs enseignements, les écoles d’ingénieurs n’ont investi que la partie très mathématique de la finance, à savoir la finance quantitative, reconnaissant toute compétence aux écoles de commerce dans les domaines de la finance d’entreprise, de la banque de détail ou de la comptabilité ».

Quoiqu’il en soit de très larges possibilités restent ouvertes à tous les étudiants financiers, dans des métiers les orientant vers des carrières prestigieuses, et dont les salaires d’entrée sont très compétitifs : les étudiants d’HEC peuvent ainsi être motivés à choisir la Majeure Finance par des salaires de sortie en moyenne supérieurs de mille à douze millle euros à ceux des autres majeures.

Conclusion 

Les étudiants attirés par l’exigence des matières financières n’ont donc que l’embarras du choix devant la richesse et la diversité de l’offre de formation françaises : ils devront opérer selon la filière dans laquelle ils ont commencé leurs études, le degré de spécialisation et la forme du début de carrière auxquels ils aspirent une sélection d’autant plus difficile que les propositions des grandes écoles et universités sont aujourd’hui très comparables, et se confondent dans les classements des meilleurs programmes.

Chaque génération aura d’ailleurs des éléments différents à prendre en compte dans sa décision, l’enseignement de la finance en France étant également en constante évolution : afin d’accompagner les progrès de la recherche et de les constantes transformations du secteur, de nouveaux programmes sont créés à chaque rentrée scolaire et les méthodes d’apprentissage sont toujours remises en question.

Dans ce contexte, les responsables d’établissements ou de programmes et les enseignants doivent également faire face à deux problématiques essentielles : établir une meilleure communication entre finance d’entreprise et finance de marché – dont l’opposition se matérialise également par des méthodes d’enseignement très différentes, et doser l’équilibre fragile et sans cesse remis en question entre académisme et professionnalisme, entre bases théoriques et apports pratiques.

Le plus grand défi auquel doit faire face l’enseignement français reste cependant celui de s’intégrer dans un système éducatif mondialisé et dans lequel la compétition se jouera sur tous les plans et en particulier sur la capacité à attirer les meilleurs professeurs ; mais il semble qu’il puisse pour cela se reposer sur des fondamentaux solides, avec des programmes attractifs pour les étudiants comme pour les recruteurs en France et à l’étranger, et une forte capacité de remise en question et d’adaptation aux besoins des entreprises.

Table des matières

Introduction 7
1 UNE OFFRE TRES LARGE DE PROGRAMMES DE FORMATION 9
1.1 LES GRANDES ECOLES 9
1.1.1 LES PROGRAMMES « GRANDE ECOLE » DES ECOLES DE COMMERCE 9
1.1.1.1 Définition des programmes 9
1.1.1.2 La Finance en tronc commun 10
1.1.1.3 Les spécialisations en Finance 12
1.1.2 LES FORMATIONS EN FINANCE DANS LES ECOLES D’INGENIEURS 14
1.1.3 INSTITUT D’ETUDES POLITIQUES DE PARIS 15
1.1.4 LES MASTERES SPECIALISES 16
1.2 LES UNIVERSITES 17
1.2.1 DEFINITION DES PROGRAMMES 17
1.2.2 PANORAMA DES PROGRAMMES PROPOSES 19
1.3 DE VRAIES OPPOSITIONS ENTRE LES OFFRES DE FORMATIONS EN FINANCE DES GRANDES ECOLES ET DES UNIVERSITES ? 24
1.3.1 LES LIENS AVEC L’ENTREPRISE 24
1.3.1.1 Les équipes enseignantes 24
1.3.1.2 Les stages 25
1.3.2 L’OUVERTURE SUR L’INTERNATIONAL 25
1.3.2.1 Programmes d’échanges 25
1.3.2.2 Cours anglophones 26
1.4 LES CLASSEMENTS 26
2 LES ENSEIGNANTS EN FINANCE : QUELS OBJECTIFS ET QUELLES METHODES ? 29
2.1 RESULTATS DE L’ETUDE SUR LES PROFESSEURS EN FRANCE 29
2.1.1 DONNEES GENERALES 29
2.1.2 STATUT 29
2.1.2.1 Les établissements représentés 29
2.1.2.2 Profil des professeurs vacataires et associés 30
2.1.2.3 Profil des professeurs permanents 30
2.1.3 GESTION DU PERSONNEL ENSEIGNANT 31
2.1.3.1 Recrutement 31
2.1.3.2 Quelle autonomie pour les professeurs de finance dans l’organisation de leurs cours ? 33
2.1.3.3 Evaluation 34
2.1.3.4 Spécialités 34
2.2 LEURS OBJECTIFS ET LEURS PRIORITES 35
2.2.1.1 Opinions sur l’enseignement de la finance en France 35
2.2.1.2 Motivations et priorités 36
2.3 METHODES D’ENSEIGNEMENT 37
2.3.1 QUELS COURS POUR QUELS ELEVES 37
2.3.2 METHODES 40
2.3.2.1 Déroulement des cours 40
2.3.2.2 Méthodes d’évaluation employées 42
2.4 COMPARAISON AVEC L’ENSEIGNEMENT A L’ETRANGER 43
3 EPILOGUE : LES ETUDIANTS EN FINANCE ET LEUR AVENIR 46
3.1 LE GOUT POUR LES MATIERES FINANCIERES 46
3.2 ACCEDER A UNE GRANDE VARIETE DE METIERS PRESTIGIEUX

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
L’enseignement de la finance en France
Université 🏫: HEC Paris - Majeure Finance
Auteur·trice·s 🎓:
MAYER-ANSQUER, Barbara

MAYER-ANSQUER, Barbara
Année de soutenance 📅: Mémoire de recherche - 2007-2008
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