Le logement social à Bruxelles des années 70 à nos jours

11. Bruxelles des années 70 à nos jours
11.1. Les années 70
Les années 70 consacrent le retour du logement social dans le centre de la ville. L’heure est aux opérations d’assainissement et de rénovation de la ville.
En effet, l’après-guerre sera marqué par plusieurs évènements, dont la construction d’un nouveau réseau routier, qui provoqueront une vague de suburbanisation de Bruxelles. Les entreprises et certains services se délocaliseront et les couches les plus jeunes ainsi que les ménages aisés opteront pour les communes limitrophes.30
Même si la loi de 1962 ne concernait pas directement le secteur du logement social, la planification urbaine qui voulait rompre avec le désordre aura engendré sa propre contradiction en déstructurant à certains endroits tout un tissu urbain. Poussé à l’ext rême, le principe du zonage a provoqué des dysfonctionnements importants tant au niveau des structures spatiales que sociales. Des pans entiers de l’espace urbain ont été défigurés, certains quartiers seront vidés de leurs habitants pour laisser place à des administrations ou à des réseaux de communication.
A Bruxelles, de nombreux bâtiments seront détruits dans le Pentagone pour être remplacés par des logements sociaux.31 Suivant en cela l’idée de gestion fonctionnellement optimale du territoire, les logements sociaux vont en effet se transformer en complexes essentiellement collectifs pour constituer des ensembles d’immeubles-tours.

29 Frederick Taylor, ingénieur américain qui a proposé une organisation scientifique du travail cherchant à définir la meilleure façon de produire.
30 Le Pentagone qui comptait 150.000 habitants début du XXème siècle n’en regroupe plus que 65.000 à la fin des années 1950.
31 Comme ceux des Brigittines et de la Querelle, connus pour leur mauvaise intégration dans le tissu urbain

Des cités-quartiers standardisées verront le jour complètement isolées des autres quartiers, leurs constructions seront mal intégrées dans le tissu urbain.
La pensée purement fonctionnaliste est alors remise en question et des mouvements de défense de la ville voient le jour. Malgré les contradictions induites par ces choix urbanistiques et architecturaux, les décideurs politiques continueront néanmoins à appuyer le plan de secteur entrepris dans les années 60.
La politique de relance des années 70 aura au moins eu le mérite d’élargir considérablement l’offre des logements sociaux. 11.203 unités auront été construites au cours de la décennie, avant que ne frappe la crise économique.
11.2. Les années 80
Le désinvestissement progressif caractérisera les années 80 et ceci pour différentes raisons.
La première concerne la politique d’austérité en matière d’utilité publique par le gouvernement Martens-Gol. Deuxièmement, le passage de témoin entre la SNL (Société Nationale du Logement) et les sociétés régionales amenées à lui succéder ne s’est fait avec difficulté. Les quelques 300 sociétés publiques de logement éparpillées en Belgique ont privilégié les enjeux locaux sans se soucier des solidarités régionales. Troisièmement, le secteur du logement social s’est vu désinvesti également en raison de l’accentuation de la dette dans le secteur qui fin 1989 s’élevait à 2,2 milliards de BEF. Enfin, certaines sociétés ont procédé à la vente de près de 4500 logements (…) et ce principalement dans les cités-jardins de la périphérie.
A la fin des années 1980, le secteur du logement social était donc dans un état préoccupant : manque d’entretien du bâti, manque de nouveaux logements, manque de transparence dans les attributions de logement, endettement colossal …
Sur base de ces constats et dans un contexte de crise du logement quasi permanente, le secteur s’est engagé dans une mutation dont on peut dire qu’elle est toujours d’actualité.
11.3. Les années 90
C’est n’est qu’à partir de la déclaration gouvernementale de 1989 que le secteur du logement social sortira de sa léthargie. Parmi les avancées importantes, o n citera en priorité le Code du Logement social approuvé en septembre 1993, qui jettera les bases de la rénovation du secteur et permettra une relance des investissements dans les années 90.
Entre 1990 et 1993, plus de 1000 logements neufs sont construits. 596 sont réhabilités et enfin 6000 autres sont rénovés sur Bruxelles. C’est aussi un plan triennal 1995-1997 qui a prévu de nouvelles constructions, de nouveaux immeubles prolongeant les cités sociales de la 2ème couronne et la revitalisation des quartiers anciens dans les communes centrales.
11.4. Bilan actuel
Quel est le bilan a l’heure actuelle? Si on compte l’ensemble des logements (publics et privés) existant sur le territoire bruxellois, ils suffisent à remplir les besoins pour la population.32 Malgré cela, la crise de logement est bien réelle et ce pour diverses raisons. D’abord parce qu’il y a inadéquation entre les logements disponibles et les besoins, que ce soit au niveau du prix ou du format des familles. Ensuite, une partie des logements ne présente pas les conditions de salubrités et d’hygiène que l’on est droit d’attendre. A cela s’ajoutent un nombre important (entre 15.000 et 30.000) de logements laissés vacants pour des raisons telles que la spéculation immobilière, des lenteurs administratives, le manque de moyens de certains propriétaires, des problèmes de succession, ou l’âge avancés des propriétaires qui ne peuvent gérer la location de leur bien.
Tableau 4: constitution du patrimoine des sociétés immobilières de service public S.I.S.P. (1900-2007)33

AnnéesNombre de logements produits
1900-1910511
1911-1920974
1921-19307141
1931-19401276
1941-19501445
1951-19606039
1961-19706205
1971-198011203
1981-19902405
1991-20001677
2001-2007178

Source : Rassemblement Bruxellois pour le Droit à l’Habitat
Le logement public ne suffit pas à combler cette carence. 7,6% du parc immobilier bruxellois est couvert par les logements sociaux, ce qui est bien en-dessous des besoins. Les délais d’attente pour les personnes voulant accéder à un logement social sont en effet de plusieurs années et le nombre de personnes sur les listes est de l’ordre de 25.000. A partir de 1999, la production de logement sociaux a subit un fléchissement, ce qui s’explique par la volonté du gouvernement de concentrer ses moyens sur la rénovation. En 2004, le gouvernement bruxellois avait promis via la Plan du Logement la construction de 5.000 logements neufs dont 3.500 logements sociaux et 1.500 logements moyens. Mais même si les moyens financiers ont été débloqués (coût des programmes de
rénovation estimé à 480 millions d’euros)34, les difficultés que les sociétés de logements sociaux ont pour gérer leur patrimoine font que, sur le terrain, les retards s’accumulent et la concrétisation n’est pas vraiment au rendez-vous. Les derniers objectifs fixés par le gouvernement sont d’atteindre 15% de logements sociaux en 2020. Ce qui correspond à la création de 35.000 logement en 10 ans. Un objectif ambitieux mais qui demandera plus que du temps et de l’argent pour être atteint.

32 BERNARD, N., « Situation du logement à Bruxelles », Octobre 2007, http://www.iewonline.be/IMG/pdf/Texte_Nicolas_Bernard.pdf
33 Données du Rassemblement Bruxellois pour le Droit à l’Habitat http://www.rbdh- bbrow.be/analyses2006/productionlogementssociaux.pdf

Lire le mémoire complet ==> (Les économies d’énergie dans le secteur des logements sociaux)
Mémoire de Fin d’Etudes en vue de l’obtention du grade académique de Master en Sciences et Gestion de l’Environnement
Université Libre de Bruxelles – Institut de Gestion de L’environnement et Aménagement du Territoire
 

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Les économies d’énergie dans le secteur des logements sociaux
Université 🏫: Université Libre de Bruxelles - Institut de Gestion de l’Environnement et d’Aménagement du Territoire
Auteur·trice·s 🎓:
David Melis

David Melis
Année de soutenance 📅: Mémoire de Fin d’Etudes en vue de l’obtention du grade académique de Master en Sciences et Gestion de l’Environnement - 2010-2018
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