Croissance du marché d’assurance vie et Rendement des fonds en €

Croissance du marché d’assurance vie et Rendement des fonds en €

IV. La croissance du marché d’assurance vie

L’année 2009 constitue un cru exceptionnel marqué par une progression de la collecte brute de 13 % (22) par rapport {l’année précédente, le ralentissement observé en 2010 est logique (4 % de progression) car l’effet de base est défavorable, mais le marché est resté sur des bases élevées.

En 2011, la croissance de la collecte sera marquée par un net ralentissement par rapport aux années précédentes, en raison de la poursuite de la baisse des rendements sur les contrats en €uros devenant moins attractifs de la remontée des taux sur l’épargne réglementée (taux du livret A porté à 2 % depuis le 1er février 2011).

(20) Return On Equity (ROE) est le terme qui mesure le pourcentage du résultat net qui revient aux actionnaires. Ainsi, il indique la profitabilité de la société et sa capacité à générer du bénéfice.

(21) « Embedded Value » est une notion retenue depuis plusieurs années par les analystes financiers anglo-saxons du secteur d’assurance. Elle permet d’expertiser la valeur actualisée des contrats en portefeuille d’une compagnie d’assurance et complète la photographie annuelle que constitue l’analyse du résultat et de la rentabilité des fonds propres.

(22) Source FFSA

Les souscripteurs de contrats d’assurance vie ont confirmé encore une fois en 2010 leur attachement aux produits sécuritaires. Les supports en €uros sont toujours privilégiés par les épargnants avec 125 milliards d’€ investis en 2010 soit 87 % de la collecte (23).

Plusieurs experts, indique qu’{horizon 2020, le marché de l’assurance vie restera porteur avec un taux de croissance moyen compris entre 4 % et 6 %, en raison du maintien à un haut niveau de l’épargne de précaution et de besoins d’épargne retraite croissants.

Cette croissance faible et coûteuse en fonds propres pour les assureurs vie nécessite obligatoirement de trouver de nouveaux leviers de croissance dont le modèle économique va devoir évoluer.

V. Le rendement des fonds en €uros

Le rendement des fonds en €uros a poursuivi en 2010 une baisse entamée depuis bon nombre d’années, tombant {un plus faible niveau historique.

La fourchette des rendements servis in fine par les assureurs s’est encore élargie au profit des contrats les plus récents et, souvent, au détriment des plus anciens, et ce d’autant que l’on a assisté en 2009 {une floraison d’offres promotionnelles qui a déclenché l’intervention des autorités de tutelles pour éviter de trop fortes distorsions de rémunération.

1. La situation actuelle

Fondamentalement, le repli continu des rendements des fonds en €uros ne doit pas surprendre : sauf durant de très brèves périodes, cela fait en effet plus de sept ans que les emprunts d’Etat de la zone euro, qui constituent la part essentielle des fonds en €uros, rapportent moins que ces derniers.

Avec inertie et retard, grâce aux emprunts à taux élevé souscrits avant les années 2000 mais dont la pondération en portefeuille devient faible désormais, les taux de rendement servis ne font donc que s’ajuster aux données du marché financier.

Compris entre 2,8 % et 4,25 %, voire légèrement plus, le spectre des rendements a été particulièrement large. Au-delà des politiques commerciales discrétionnaires des assureurs, la raison en incombe aussi aux mouvements très amples qui ont agité les marchés financiers, y compris les marchés de taux.

Une chute des taux de rendement généralisée mais dont l’ampleur varie selon les sociétés d’assurance vie. Alors que comme nous l’avons vu, les performances des fonds en €uros sont largement liées au rendement annuel des obligations à long terme, en règle générale, dans les compagnies, le taux de rendement offert par un assureur ne correspond pas exactement aux performances de ses actifs financiers.

(23) Source FFSA.

En effet, la provision pour participation aux bénéfices est là pour lui permettre de lisser dans le temps les bonnes et les mauvaises années. Son importance étant toutefois très variable selon les compagnies.

Du coup, quand le rendement des actifs placés est honorable, l’assureur peut en mettre une partie en réserve pour faire face aux années plus difficiles.

Une pratique qui est depuis quelques années très largement utilisée mais les réserves se tarissent et les rendements des fonds en €uros sont de plus en plus restreints.

Est-ce qu’on peut parler de la fin de l’âge d’or ? La fin d’un cycle historique très favorable ?

2. La composition des fonds en €uros

Pour bien comprendre le mécanisme de fonctionnement, il faut s’intéresser {la composition des fonds en €uros. Il faut savoir que le portefeuille du fonds en €uros n’est jamais figé. Quotidiennement, les assureurs achètent ou vendent des actions ou obligations en vue de sécuriser ou de tirer le meilleur profit.

Donc, il n’y a pas de composition type, c’est ce qui fait la différence d’une compagnie d’assurance à l’autre, c’est la pertinence dans le choix d’actif. De manière général, un fonds €uros est composé des fourchettes suivantes :

9 composition fonds euros 1
La composition des fonds en €uros

Nous rappelons que les fonds en €uros investissent à hauteur de 85 % environ l’épargne qui leur est confiée dans des obligations, émises par les États ou les grandes entreprises. Lesdites obligations sont généralement détenues jusqu’à leur échéance par les assureurs, et leurs coupons (24) forment les revenus du fonds en €uros.

Ils déterminent donc la majeure partie du rendement servi aux assurés. Or, depuis vingt-cinq ans, les taux d’intérêt des obligations émises sur le marché n’ont pratiquement jamais cessé de diminuer.

Ils s’élevaient à plus de 15 % au début des années 1980 et sont descendus jusqu’à un record historique de 2,46 % en août 2010. Les gérants des fonds en €uros ont donc dû investir les sommes nouvelles collectées chaque année dans des obligations qui rapportaient de moins en moins.

(24) Coupons d’obligations : les intérêts qu’elles délivrent chaque année

C’est sur les obligations privées que les fluctuations ont été les plus fortes. La situation de crise financière de 2008 s’est traduite par une violente tension sur les rendements.

Les actifs immobiliers, déjà assez mineurs en temps ordinaire, ont été généralement réduits dans un contexte plutôt morose concernant l’immobilier de rendement, à savoir, les bureaux et les locaux commerciaux, plus ou moins affecté par la faiblesse de l’économie, une augmentation du taux de vacance et une pesée sur les loyers.

Quelques fonds ont pu acquérir des actifs à bon prix auprès d’acteurs en mal de liquidités, mais globalement le secteur n’a pas été depuis 2009 un contributeur positif à la performance.

Enfin, les actions, après un début d’année en 2009 très difficile, ont fortement remonté depuis mais de manière très volatile. Mais là encore, rares sont les fonds en €uros qui ont pu profiter d’une telle évolution.

En effet, la chute des actions intervenue en 2008 a, pour des raisons tant techniques que réglementaires, poussé les assureurs à alléger leur exposition sur cette classe d’actifs, désormais très réduite en regard de l’actif des fonds.

3. Les perspectives

La perspective des fonds en €uros s’obscurcit en 2010. Le niveau des taux s’est normalisé, les emprunts souverains de qualité offrent un rendement en léger recul par rapport à 2009, les emprunts privés ne présentent plus un avantage de rémunération décisif.

Certes, les signatures controversées, qu’elles soient publiques (la Grèce par exemple) ou {haut rendement (nombre d’emprunteurs émergents, ou privés non notés) dégagent un rendement encore élevé, mais avec un risque d’incident de paiement peu compatible {haute dose avec les objectifs des fonds en €uros.

L’investissement immobilier ne garantit pas encore, dans des marchés convalescents, un surcroît de rendement. Les actions sont incertaines, alors que les projets de renforcement des normes imposées aux assureurs dans le cadre de l’accord Solvabilité II en rendront la détention plus coûteuse.

A plus long terme, certains observateurs s’interrogent aussi sur la capacité des fonds en €uros à faire face sans perturbation à une probable remontée des taux d’une part, qui pèserait sur l’encours des portefeuilles, et {des sorties de capitaux de plus en plus nombreuses d’autre part, pour des raisons démographiques (la ponction sur les contrats d’assurance vie fournissant un revenu additionnel aux retraités).

L’exigence d’une utilisation plus importante de fonds propres, toujours dans le cadre de Solvabilité II, dans la gestion des fonds en €uros, ne va pas non plus dans le sens d’un accroissement des rendements.

La baisse des rendements de ces fonds en 2010 paraît ainsi programmée. Grâce à leurs réserves variables selon les compagnies mais encore non négligeables chez nombre d’entre elles, les assureurs devraient parvenir {en freiner l’érosion.

Compte tenu du redressement en cours de l’inflation après une année où elle fut pratiquement absente, le rendement réel des fonds en €uros va donc subir un pincement marqué, passant de 3,50 % à 4 % à la moitié à peine, un taux réel, mais aussi facial, qui fait payer assez cher une sécurité et une garantie qui demeurent des arguments décisifs pour beaucoup d’épargnants.

Ce resserrement va probablement perdurer, ce qui provoque un vrai problème de réinvestissement pour les assureurs et obère les capacités de rendement futures.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Vers la fin des fonds en euros ?
Université 🏫: Ecole nationale d’assurances ENASS
Auteur·trice·s 🎓:
Hicham BERRADI

Hicham BERRADI
Année de soutenance 📅: Mémoire de fin d’études – Le CNAM
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