La durabilité au sein des politiques culturelles

2.1.3 La durabilité au sein des politiques culturelles

Définir les politiques culturelles est un préalable mais non une fin en soi en introduction à ce mémoire de recherche. En effet, cette définition ne serait pas compète si le sujet de la durabilité n’y était pas abordé.

Il convient donc de pouvoir étudier les prismes existants entre la notion de politique culturelle et la notion de durabilité au regard notamment des éléments présentés dans les deux premières sous parties de ce second chapitre.

La durabilité dans les politiques culturelles ou comment ces deux éléments peuvent coexister afin de créer des externalités propres, justement en faveur de la durabilité, sont donc déclinables non seulement dans les territoires locaux en raison notamment de la prise progressive de responsabilité au niveau culturel pour les collectivités locales.

De la même manière, étudier à nouveau les rôles fondamentaux de l’Etat dans une optique de durabilité et comprendre le positionnement notamment du Ministère de la Culture en ce sens est un second indicateur intéressant de compréhension.

Enfin, il conviendra de juger de la teneur durable des politiques culturelles en fonction même de la nature de la culture présentée dans le premier chapitre et dont il sera fait quelques rappels dans cette sous partie à la lumière des liens entre durabilité et politiques culturelles.

Cette sous partie n’est en rien un résumé des possibilités empiriques des liens entre politiques culturelles et durabilité mais permet de pouvoir compléter la définition de celle-ci en lien avec la thématique générale de réflexion.

La suite des travaux aura en effet vocation à développer de manière méthodologique la façon dont ces liens pourraient être suggérés et managés. Apporter, manager et développer la culture sur un territoire est un engagement très fort de la part d’une collectivité.

Le milieu de la culture présente en effet certaines spécificités sur lesquelles le travail de recherche ici présenté se propose de revenir sur les grandes tendances ultérieurement, mais laisse cependant dores et déjà entrevoir certaines de ces particularités qui seront développées par ailleurs.

Porter la culture, la décliner au regard du territoire et dans le respect et l’adéquation avec la culture locale n’est pas une mince affaire. Effectivement, qu’il s’agisse de limites politiques inhérentes à la considération de la culture comme secondaire face à certains autres enjeux territoriaux ou plus technico-pratiques relatives à l’implantation matérielle de la culture (centres, événements…) ou aux relations devant s’établir entre protagonistes porteurs de projets, la définition territoriale d’une politique culturelle reste un engagement politique fort.

C’est en ce sens que la mobilisation de l’objet culturel sur un territoire présentant déjà de nombreuses spécificités nécessite de réfléchir aux impacts que cette politique pourrait avoir sur ledit territoire, voire de travailler à l’existence d’externalités culturelles pensées dans la durabilité.

Malgré cette présentation contextuelle, il s’avère que de nombreux territoires font le choix d’une politique territoriale ambitieuse répondant à l’impératif de développer localement l’activité, l’attractivité, l’emploi en se basant en tout ou partie sur la question culturelle.

Le Conseil Européen dans sa contribution au débat sur la culture en Europe sobrement intitulé La culture au cœur, à par ailleurs dressé un portrait robot des territoires misant beaucoup sur le fait culturel comme outil de développement (101-102).

Aussi, ces territoires culturellement actifs bénéficient tous d’un pouvoir politique et exécutif relativement fort leur permettant de fait, de pouvoir gérer et écrire leur propre projet de développement culturel.

Il convient de noter ici toute l’importance de la décentralisation dans la gestion des politiques culturelles notamment dans la synergie ainsi créée entre les besoins régionaux très localisés et les propositions artistiques et culturelles qui peuvent elles aussi être en partie de nature locale.

Il convient de noter également que pour écrire un développement culturel fort, la question du développement économique ne doit pas être en reste et que bien souvent, les territoires culturellement dynamiques n’hésitent pas à mêler culture et développement économique comme interrelation fructueuse, les deux éléments se nourrissant mutuellement… Enfin, la notion de développement durable n’est pas éloignée de ces considérations et l’étude du Conseil Européen souligne que les notions de durabilité et de culture sont encore une fois très proches.

En effet, un gouvernement local qui engage une forte politique culturelle en l’incluant qui plus est dans un ensemble systémique faisant intervenir développement économique et social se positionne sur une vision prospective et durable du développement de son territoire.

D’un point de vue plus typologique, les espaces urbains et les régions historiquement riches (patrimoine, identité, folklore…) sont a fortiori plus propices au développement de politiques culturelles ambitieuses.

La nature culturelle des régions historiques n’est plus à définir, l’importance de la science historique souligne une fois encore l’image architecturale et identitaire de ces régions où l’histoire se lie et se ressent d’un point de vue presque sensoriel, créant de fait un contexte plus que favorable à la déclinaison de politiques culturelles.

De la même manière, les centres urbains très dynamiques et confrontés aux problématiques de la cohésion sociale, de l’occupation de ces citoyens, de l’image extérieure ou de son renouvellement économique interprètent la culture comme un outil précieux de réponse aux interrogations urbaines traditionnelles.

Il convient également de noter que dans le cadre d’une politique locale fortement ancrée vers le culturel, que les possibilités d’actions sont très importantes et peuvent représenter le meilleurs biais de déclinaison de la politique culturelle.

L’exemple frappant du budget culturel de la ville de Moscou dépassant les financements totaux du ministère de la culture de Russie illustrant très bien cet état de fait.

Or, il apparait que la déclinaison locale des politiques culturelles présente de nombreuses possibilités. Pour pouvoir atteindre ces externalités territoriales culturelles, il convient d’abord de préciser que les collectivités se doivent de jouer un rôle bien particulier (Lucas, 15).

Le premier de ces rôles est avant tout financier, pour pouvoir porter un projet politique d’envergure, les financements représentent tout à la fois le moyen de pouvoir développer ces politiques mais aussi le moyen de pouvoir les évaluer et constater le degrés d’investissement des territoires en matière culturelle.

Cette méthode d’application et de lecture budgétaire des investissements publiques en matière de culture est souvent utilisée à l’image des recherches effectuées sur les dépenses culturelles des villes de moins de 10 000 habitants du bassin minier du Nord de la France par le bureau d’études et de recherches AxeCulture.

En moyenne, en France, les communes de cet ordre de taille dépensent environ 17% de leur budget global pour les politiques culturelles. L’échelon communal reste le plus pourvoyeur de crédits à la culture et le montant offert est en adéquation avec la taille de la ville.

Bien que supérieurs en valeur absolue, les financements régionaux et départementaux représentent des sommes moins importantes dans un ratio par habitants mais détiennent cependant une forte potentialité d’action en matière culturelle comme nous avons pu le démontrer précédemment. La question des compétences se pose dans un second temps et pour lesquelles les collectivités ont un fort pouvoir d’action.

En effet, au-delà de l’image historique d’un Etat porteur de l’identité et de la culture nationale, l’exemple de la France où l’Etat a gardé principalement la gestion des sites et patrimoines remarquables illustre les pouvoirs importants des collectivités en terme de politique culturelle et de management de ses externalités. Les politiques culturelles sont ainsi inclues dans une politique territoriale globale faisant interagir les questions économiques, sociales et culturelles.

Cette lecture systémique correspond par ailleurs à l’approche elle aussi systémique caractérisant le développement durable et le fait de mêler au sein de politiques communes les piliers fondateurs du développement durable en veillant également à ne pas abandonner le principe de protection de l’environnement qui est un gage de bonne application des principes de la durabilité au sein des politiques culturelles.

Les politiques d’action culturelle se définissent régulièrement par la notion d’événement que nous développerons dans les sous parties suivantes notamment au regard de la durabilité.

Or, il s’avère que la notion d’événementiel est là aussi importante dans la mesure où ce type de proposition culturelle présente de nombreuses externalités pour le territoire. Une présentation de la relation événementielle et des externalités territoriales est donc à présenter synthétiquement.

Avant toute chose, la relation entre un événement et un territoire est avant tout une relation basée sur l’identité de ce qu’il convient de considérer comme un rendez-vous important (au regard de la définition de base de l’événement).

En effet, l’événement en s’ancrant dans un territoire permet ainsi d’être plus visible et plus notable au yeux des spectateurs potentiels et notamment du second cercle plus sensible à la communication et aux démarches publicitaires.

Identiquement, un territoire et notamment une commune pourra gagner en notoriété et faire de cet événement une marque de fabrique locale ou un premier point d’accès au territoire pour d’éventuels touristes futurs.

Ainsi, nombreux sont les événements qui se lient à une ville bien particulière : le festival de la bande dessinée à Angoulême, le festival d’Avignon avec l’art de scène ou encore l’actuel festival du cinéma à Cannes pour ne reprendre que les plus reconnus en terme artistique.

Notons également l’exemple plus universitaire de la ville de Saint-Dié-des-Vosges qui se présente le temps d’un week-end comme la capitale internationale de la science géographique… Evénements et territoires organisent donc leur relation autour d’un appui mutuel notamment identitaire dont chacun peut tirer parti en terme de notoriété.

Beaucoup de démarches de marketing territorial à l’échelle communale notamment, basent leur démarche de communication sur la présence d’un événement de renommée internationale sur leur territoire. La politique culturelle, qu’elle soit événementielle ou pas reste un facteur incontournable de développement durable des territoires.

Deux échelles territoriales se complètent en terme de politique culturelle, notamment depuis les grandes lois de décentralisation offrant aux collectivités locales de forts pouvoirs y compris en matière de culture. Malgré tout, et comme il a été prouvé dans la sous partie précédente, l’Etat garde une puissante main mise sur les politiques culturelles nationales.

En ce sens, une relecture de ses responsabilités au regard de la durabilité est intéressant à mener. Il convient ici plus de prendre conscience des possibilités en terme d’inscription dans la durabilité des politiques culturelles que de formuler de véritables propositions empiriques qui méritent plus qu’une simple relecture organisationnelle au regard d’un paradigme particulier.

Les études précédentes ont démontré les quatre principales missions de l’Etat en terme culturel, il est donc proposé de présenter de nouveau ces impératifs régaliens au regard d’un développement culturel qui se voudrait durable. En tout premier lieu, l’Etat à donc un rôle à la fois de police et de créateur des lois et règlements légiférant la définition des politiques culturelles.

Quel meilleur premier support pour pouvoir imbriquer la politique vers plus de durabilité que d’inscrire un principe tel au sein des textes organisant la déclinaison des politiques culturelles à toutes les échelles, à la fois nationales et locales.

Il serait en effet imaginable que le rôle même de l’Etat en terme législatif au niveau des politiques culturelles soit de pouvoir inscrire l’ensemble des démarches au sein d’un contexte de durabilité philosophique et opérationnel.

On entend par la véritable volonté politique d’inclure les politiques culturelles dans la durabilité et la mise en place d’outil de gestion, de contrôle et d’évaluation clairement établis pour la réalisation de cet engagement durable.

La dimension systémique de ce genre d’approche est également à considérer dans la mesure ou un fléchissement de la politique culturelle globale en faveur de la durabilité implique une mobilisation non seulement des services, des échelles décisionnelles et des différents corps de métiers dans une direction commune.

Le second rôle de l’Etat est également de gérer au quotidien les structures culturelles d’envergure dont il a la charge. A l’image des collectivités locales ou des entreprises, la gestion des sites en faveur du développement durable est un moyen parmi d’autres d’inscrire la gestion de la politique culturelle dans la durabilité.

En effet, réfléchir à la gestion de ces lieux dans une optique durable de minimisation de l’empreinte écologique et énergétique, de démocratisation sociale et économique de l’offre culturelle ou encore d’accessibilité aux personnes en difficulté, est un objet de réflexion à part entière dans un des rôles les plus significatifs de l’Etat en matière culturelle.

Le troisième rôle de l’Etat est de pourvoir aux besoins des porteurs de la politique culturelle notamment dans le cadre des subventions et autres aides financières de soutien ponctuel ou permanant au secteur. Il apparait plus difficile de faire coïncider financement des politiques culturelles et durabilité.

Cependant, à travers les conditions de recevabilité des aides financières et le choix final des projets soutenus, l’inscription de la durabilité au cœur du processus décisionnel d’aide financier est un élément envisageable.

Des limites pourront s’opposer à ces éléments de sélection notamment en raison de la dimension politique et équitable des choix finaux en terme de développement du territoire, de soutien aux zones en difficultés…

Enfin, l’Etat gère et anime la politique culturelle sur les territoires à travers notamment l’aménagement culturel du territoire et pour lequel les engagements en faveur de la démocratisation, du désenclavement, de l’accessibilité, de la dimension participative et de l’inscription durable des structures et offres dans le paysage local sont des enjeux de développement durable très importants et pour lesquels l’Etat peut agir de manière quotidienne.

Notons également que les outils organisationnels (conseils, évaluation, formation) pourront également être déclinés au regard d’une optique de durabilité.

La politique culturelle, tant d’un point de vue historique, étymologique, territorial, étatique ou durable est donc définie. Il convient maintenant afin de cadrer totalement la réflexion autour de la politique culturelle de présenter les éléments d’une notion en plein développement, l’événementiel culturel.

Partie intégrante ou évolution des politiques culturelles traditionnelles ? Le fait est que pour connaitre entièrement la notion de politique culturelle, il convient maintenant d’aborder la question de la nature événementielle de certaines politiques.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Politiques culturelles et durabilité : Introduction au management de projet culturel et durable
Université 🏫: Université d'Artois - UFR EGASS (Economie, Gestion Administration et Sciences Sociales)
Auteur·trice·s 🎓:
Romain Plichon

Romain Plichon
Année de soutenance 📅: Mémoire de Master 2 Professionnel, Développement des Territoires, Aménagement, Environnement - 2010/2011
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