Evaluation de projet culturel au regard du développement durable

Evaluation de projet culturel au regard du développement durable

Chapitre III :

Pour un management durable de la politique culturelle –

3.2 L’évaluation au regard du développement durable

3.2.1 Retour sur le principe d’évaluation de projet culturel

La première partie du chapitre troisième avait donc vocation à pouvoir présenter la démarche de recherche instituée par ces premiers travaux. Cependant, établir un management durable de la politique culturelle nécessite un travail de grande ampleur qui ne peut qu’être très brièvement abordé dans ces premiers écrits.

Ces travaux n’ont donc pas vocation à représenter une version abrégée de la finalité souhaitée mais plutôt à en poser les jalons méthodologiques qui permettront par la suite de pouvoir développer un ensemble complexe pouvant s’apparenter à une méthode conformément aux premiers enjeux démontrés dans cette approche expérimentale de la question. De ce fait, fixer le cadre global de réflexion tant philosophique qu’empirique reste la base des futurs travaux.

Identiquement, le principe d’évaluation de l’événementiel culturel au regard du développement durable ici présenté n’a pas vocation à être considéré comme une proposition finale mais plutôt comme une interrogation de la notion d’évaluation en rapport avec la durabilité en tant qu’outil managérial potentiel.

Les deux propositions déclinées dans la dernière partie du mémoire de recherche représentent en effet deux éléments qui, basés sur une première approche théorique et légitimés dans le cadre d’observation que constitue Béthune 2011 ont vocation à illustrer ce dont le management durable de la politique culturelle pourrait être constitué et quelles en sont les finalités.

Ces deux éléments de méthode sont en effet à considérer conformément aux ambitions de base de la double interprétation de la durabilité, tant en terme de condition d’opérationnalité que de finalité visée.

Avant de présenter le détail de ce que pourrait être l’évaluation au regard du développement durable, il convient de pouvoir présenter le principe même d’évaluation des projets culturels.

Deux raisons principales nous poussent à mener une réflexion supplémentaire concernant l’évaluation des projets culturels. Avant toute chose, il convient de préciser encore une fois que le mode évaluatif est le seul moyen d’opérer une critique et une constatation des modes de développement choisis par les porteurs de projet.

La démarche Agenda 21 mis au jour notamment par le sommet de Rio en 1992 ne se contente pas de proposer un ensemble d’actions en faveur d’un développement durable. La notion d’évaluation est partie intégrante des politiques publiques de durabilité.

En effet, tout projet impliqué dans une démarche de développement durable se devra d’être évalué dans le but premier de juger de l’efficacité des démarches entreprises mais également pour pouvoir prendre conscience des limites et des forces du nouveau mode de développement ainsi proposé.

La notion d’évaluation est d’ailleurs déclinée en ce qui concerne les Agenda 21 culturels. Comme toute démarche de durabilité, l’évaluation est un facteur important et constructif d’un Agenda 21, y compris culturel.

Le principe d’évaluation intervient donc à de nombreuses reprises dans le document d’orientation de l’association CGLU (Cités et Gouvernements Locaux Unis) concernant la démarche Agenda 21 culturel.

L’évaluation et son importance y sont soulignées à de nombreuses reprises (CGLU, 2-5-8) en commençant par rappeler la dimension participative et citoyenne que doit connaitre cette évaluation des projets culturels.

La notion de démocratie participative étant inhérente à la construction du développement durable, il est naturel que cette question oriente en quelque sorte l’évaluation de ce type de projet particulier.

Cette dimension participative est encore renforcée par la position politique et la forme d’engagement que symbolise le fait d’intégrer des citoyens à l’exercice et à l’évaluation elle- même de ces politiques publiques culturelles.

De manière empirique, il convient de rappeler ici la présence d’un panel de citoyens représentatifs au sein des instances d’évaluation et de décision de Béthune 2011 notamment au sein du comité de pilotage qui est l’organe de direction de la politique d’évaluation mais également au sein du comité technique qui oriente et discute les modes opératoires en terme d’évaluation.

Au-delà de cet aspect participatif, CGLU précise l’importance d’une évaluation consacrée à l’impact culturel des événements et autres rendez-vous culturels.

Le but final de cette forme d’évaluation étant d’étudier les initiatives publiques et privées qui seraient potentiellement vectrices de changements locaux dans la vie culturelle des villes (installation et pérennisation d’un nouvel événement d’envergure, création ou rénovation d’un lieu culturel, établissement d’un partenariat culturel notable…).

Toutes ces voies et y compris dans une articulation public-privé se doivent de pouvoir être évaluées ne serait ce que pour juger de l’efficacité, de l’efficience et donc de la légitimité des politiques culturelles sur un territoire.

La notion d’Agenda 21 sous entend un ensemble d’actions à mettre en place progressivement selon un programme arrêté dans la mesure du possible de manière très ouverte en liant l’ensemble des problématiques relatives au développement durable (quatre piliers).

Or, pour juger de l’avancement de ce programme d’action, une série d’indicateurs culturels chargés de témoigner du degré d’avancement du projet général est impératif, notamment au regard des engagements pris dans le cadre d’une implication forte dans la démarche.

Pour répondre à cette ambition, un ensemble de méthodes d’évaluation doivent être mises en place notamment afin de pouvoir assurer un suivi comparatif de projets parallèles. La notion d’évaluation est donc inhérente à une position inscrite dans la durabilité et applicable notamment lorsqu’il est question de projets culturels.

En effet, nous pouvons considérer l’évaluation comme l’ambition d’étudier et d’interpréter l’information déclinée dans sa mise en œuvre et l’étude d’impact des politiques publiques visant à agir sur une situation sociale, territoriale, culturelle, durable et ayant comme finalité de préparer ou d’adapter un ensemble de mesure devant répondre soit à un cahier des charges préalable soit à un ensemble d’objectifs à critiquer. Au regard de cette proposition de définition, l’évaluation apparait comme un corollaire au principe de projet culturel.

Le second biais nous amenant à étudier l’évaluation en particulier est à relier au fait que non seulement l’évaluation est un impératif au regard de la nature maintes fois représentée des projets culturels sur un territoire mais aussi que ce cadre représente une possibilité empirique d’observation concernant le stage professionnel couplé à cette réflexion en majeure partie théorique.

En effet, cette réflexion se déroule dans le cadre de l’évaluation de Béthune 2011, capitale régionale de la culture et pour laquelle les directions en matière d’évaluation et de déroulé des opérations est clairement fixé.

En effet, le Conseil Régional porteur du projet d’évaluation délégué au bureau d’études et de recherches AxeCulture base la démarche à la fois sur l’étude d’impact en terme économique et institutionnel du projet général mais cherche également à jauger de l’efficacité de la démarche en terme notamment de démocratisation de la culture.

Le choix de la ville de Béthune n’est pas anodin comme nous avons pu le démontrer précédemment. Enfin, la démarche elle-même est conditionnée à une dimension participative la plus large possible dont les citoyens panélistes des comités techniques et de pilotage en sont les représentants.

D’ailleurs, la forte implication du service développement durable et de sa représentante en tant que vice-présidente au développement durable de la Région symbolise cette implication et cette vision volontairement durable du projet culturel Béthune 2011.

Il apparait au regard des ambitions affichées dans le cadre de Béthune 2011 que la notion d’évaluation est susceptible de connaitre une nouvelle définition et notamment au regard du développement durable.

Evaluation et projet culturel vont de pair, or l’évaluation doit pouvoir se plier aux nouveaux paradigmes de la durabilité. Le principe d’une évaluation culturelle au regard du développement durable est à envisager et sera présenté dans la sous partie suivante.

Sans représenter une évaluation au regard du développement durable, la démarche entreprise par AxeCulture aborde la question de manière indirecte ou de manière partielle.

Notons que le cahier des charges proposé par le Conseil Régional ne comprend pas cette notion d’évaluation au regard du développement durable mais une évaluation dont une partie est orientée vers les questions de durabilité.

La politique d’investissement décidée au regard notamment des rénovations et de l’utilisation future des équipements culturels phares des trois saisons de Béthune 2011, la volonté d’une démocratisation culturelle forte et la dimension participative de l’évaluation font de ce projet un événement culturel qui à défaut d’être clairement orienté et influencé par le développement durable, comporte une forte part de durabilité dans son organisation.

Ainsi, les situations rencontrées lors de cette évaluation hybride entre une évaluation traditionnelle des politiques publiques comme décrites précédemment et une évaluation des politiques culturelles au regard du développement durable qui n’existe pas encore, peuvent servir de base empiriques à une observation de terrain nourrissant des réflexions plus théoriques.

L’évaluation est donc un enjeu fondamental dans l’écriture d’un projet culturel durable et de ce fait, du type de management induit par cette typologie de projet.

Comme nous avons pu le démontrer précédemment, les politiques culturelles peuvent être déclinées concrètement par le biais d’événements culturels qui sont, par définition et corrélativement aux éléments de typologie avancés précédemment, limités dans le temps.

Afin de comprendre les enjeux durables d’un événement ponctuel et de la manière de l’évaluer au regard du développement durable, il convient de pouvoir interpréter la relation pouvant exister entre l’ensemble des divers éléments que sont l’évaluation, l’événement culturel et la durabilité.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Politiques culturelles et durabilité : Introduction au management de projet culturel et durable
Université 🏫: Université d'Artois - UFR EGASS (Economie, Gestion Administration et Sciences Sociales)
Auteur·trice·s 🎓:
Romain Plichon

Romain Plichon
Année de soutenance 📅: Mémoire de Master 2 Professionnel, Développement des Territoires, Aménagement, Environnement - 2010/2011
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