Les femmes libanaises et les pratiques entrepreneuriales

Les femmes libanaises et les pratiques entrepreneuriales

II.2.2 Les femmes libanaises et les pratiques entrepreneuriales

L’accroissement de la part du sexe féminin dans les domaines de la gestion est la preuve que les jeunes libanaises éprouvent un intérêt croissant à l’égard du monde des entreprises, leur gérance et leur création.

La comparaison des parts des femmes dans la faculté de gestion nous est particulièrement utile dans notre étude et représente un écart assez significatif à savoir qu’en 1970, les femmes étudiantes dans ce domaine représentaient une part de 9.2% alors qu’en 1997, la part s’élève à 45.3%, et même si ces données datent de plus de dix ans elles restent quand même représentatives de notre constat surtout que des statistiques concernant ce même sujet et plus récentes manquent au Liban.

Cependant, d’après Hofstede79 et grâce à des études qu’il a effectuées sur des pays du monde arabe dont le Liban en fait partie, la « masculinité » atteint un niveau assez élevé.

Ceci montre que dans ces sociétés, les hommes tiennent le pouvoir, c’est eux qui prennent les décisions importantes et donc la distinction au niveau des sexes est constatée dans la vie courante.

78 L’étude a été publiée dans le bulletin hebdomadaire du Crédit libanais, le Economic Insights

79 D’après Hofstede (1994), la “masculinité” dans le monde arabe atteint un niveau de 52 ce qui est supérieur à la moyenne de 50.

Cette différenciation affecte l’entrepreneuriat des femmes, elles n’ont pas l’habitude d’être autonomes, de prendre des décisions cruciales et des responsabilités, de travailler dur et d’être les chefs.

Egalement, et selon T. Mazraani, conseillère à Bérytech, la question culturelle qui entrave l’entrepreneuriat féminin implique le regard des autres qui estiment que « les femmes ambitieuses sont des mères dénaturées » (cf.Annexe I)80.

A cet effet, nous analyserons l’entrepreneuse libanaise pour comprendre son intention, son profil, les secteurs économiques exploitées, les défis économiques rencontrés, le profil de l’entreprise créé et les barrières à l’entrepreneuriat féminin au Liban.

II.2.2.1 L’intention entrepreneuriale des étudiantes Libanaises

L’Administration Centrale de la Statistique à Beyrouth81 trouve qu’en 1970, 11.8% des libanaises avaient des professions libérales alors qu’en 1997, date du dernier recensement, leur part était de 11.6%.

Vu que les études statistiques depuis 1997 jusqu’à nos jours manquent, il est légitime de penser que la proportion des femmes travaillant à leur compte, dans leurs propres bureaux ou entreprises et employant d’autres personnes à tendance à augmenter.

Cependant, en se référant aux activités de l’organisation Bérytech, nous trouvons que sur 70 entreprises soutenues jusqu’à nos jours, uniquement 10 appartiennent à des femmes.

80 Nous reprenons dans cette partie les résultats de l’enquête qualitative exploratoire conduite par Sawma et Levy-Tadjine (2010) sous la forme d’entretiens auprès de deux accompagnatrices de femmes entrepreneuses au Liban. Il s’agissait d’une des intervenantes du seul incubateur libanais, le Berytech, et de la présidente de la Lebanese League for Women in Business (LLWB).

81 Les données statistiques de 1970 à 1997 sont présentées par le UNDP dans l’étude « Bilan sur la participation économique des femmes au Liban ».

Cette part montre le nombre réduit des libanaises engagées dans ce domaine. T. Mazraani considère que les femmes sont moins désireuses d’entreprendre car « elles estiment que ce rôle n’est pas fait pour elles » (cf. Annexe I).

Selon une étude réalisée par Sawma et Levy-Tadjine (2010) auprès de 140 étudiants de trois universités au Liban (l’Université St-Esprit de Kaslik, l’Université St-Joseph et l’Académie Libanaise des Beaux Arts), 51 jeunes femmes ont répondu de manière affirmative à la question posée « Etes-vous intéressé(e)s par la création de votre propre entreprise ? » et ceci parmi les 97 étudiants (genres confondus) qui ont eu cette même réponse.

Ainsi, les jeunes femmes se révèlent être intéressées par la création de leur affaire surtout que celles qui ont été interrogées sont des étudiantes universitaires. Ces résultats prouvent que ces dernières se sentent égales aux hommes en ce qui concerne leurs droits et leur capacité à pouvoir créer et gérer une entité qui leur appartient.

Pour mesurer le désir d’entreprendre, la question suivante a été posée « A long terme, vous désirez être…», la proposition d’être une femme au foyer est la moins sélectionnée, alors que celle d’avoir une entreprise est prioritairement choisie.

De là, les jeunes femmes sont clairement intéressées par ce domaine et laissent paraître une réelle désirabilité d’entreprendre.

Suite aux résultats de cette recherche, la majorité des étudiantes trouvent que la situation socioculturelle est la barrière primordiale qui entrave leur entrée dans l’entrepreneuriat et qui limite leur chance de devenir des entrepreneuses.

Le contexte socioculturel s’est montré comme un facteur freinant la désirabilité d’entreprendre des femmes qui le considèrent comme difficile à entamer à cause de contraintes culturelles, sociales et financières.

Mais d’une autre part, ce choix de devenir entrepreneuse s’est révélé être favorisé et apprécié par les jeunes libanaises en quête permanente de l’autonomie, de l’indépendance et éprouvant le besoin de prouver leurs compétences séparément des attributions et des préjugés que leur réservent les traditions et les coutumes.

Suite aux constatations de la recherche, les femmes au Liban peuvent être considérées comme capables et prêtes à créer et gérer des entreprises vu qu’un bon nombre d’entre elles laissent apparaître une réelle intention entrepreneuriale.

Ces dernières sont motivées par l’indépendance financière et comportementale, par l’accès à un statut social digne de leurs capacités et par la fuite du plafond de verre bien établi dans les institutions libanaises.

Cependant, et malgré l’existence de ces variables motivantes précitées, d’autres facteurs, à effet néfaste à ce niveau, empêchent l’entrée des femmes dans le monde entrepreneurial.

Ces derniers s’illustrent par la discrimination, le manque de soutien, la difficulté d’accéder à des ressources financières et par la mentalité conservatrice excluant la femme de certains secteurs, lui désignant un rôle sacré auprès de sa famille et lui réservant des tâches incontournables et strictement « féminines ».

Ces avis concernant l’aptitude des libanaises à créer leur propre entreprise révèlent que la société n’est pas encore prête à éliminer les pré-requis du rôle et du statut des femmes.

De surcroît, cette influence socioculturelle apparaît aussi en relevant les réponses des femmes elles-mêmes concernant les obstacles qu’elles repèrent face à leur entrepreneuriat (étudiantes).

Les résultats rapportent l’importance de discriminations perçues et des préjugés socioculturels qui freinent l’entrepreneuriat féminin au Liban.

Sawma et Levy-Tadjine (2010) soulignent que le contexte socioculturel libanais freine la désirabilité d’entreprendre chez les libanaises; les jeunes femmes libanaises perçoivent l’entrepreneuriat comme étant difficile à entamer ce qui rend la faisabilité entrepreneuriale très faible ; la recherche croissante de l’autonomie chez les jeunes libanaises influe de façon positive sur leur désir d’être entrepreneuses.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
L’intention entrepreneuriale des étudiantes : cas du Liban
Université 🏫: Université NANCY 2 - Institut d’administration des entreprises IAE
Auteur·trice·s 🎓:
Léna SALEH

Léna SALEH
Année de soutenance 📅: Thèse de Doctorat ès Nouveau Régime Sciences de Gestion - 2030
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