Difficultés linguistiques et Echanges commerciaux en Europe

2.1.3 L’impact des difficultés linguistiques sur les échanges commerciaux en Europe
Le e-commerce n’est pas seulement une activité économique qui facilite les ventes et achats dans un environnement virtuel, mais comprend également un segment considérable qui est plutôt artistique ; avec le e-commerce, un site web est nécessaire comme lieu de rencontre, au lieu du magasin physique. Il est ainsi important de présenter la marchandise de façon cohérente et attractive. Un aspect important du site web n’est pas seulement l’image, mais aussi le texte. C’est là où se manifestent donc des différences linguistiques. Ceci sera expliqué d’abord au niveau supranational afin de montrer quelles sont les difficultés linguistiques en Europe, pour rentrer ensuite en détail sur le niveau bilatéral, c’est-à-dire entre la France et les Pays-Bas.
L’Union européenne
Sur un site web officiel de l’Union européenne, le principe de l’UE est résumé en quelques phrases :
« L’Union européenne est une coalition économique et politique unique entre 27 pays. Grâce à l’UE, nous vivons depuis plus d’une moitié de siècle en paix, stabilité et prospérité, le niveau de vie a amélioré et il y a une monnaie commune, l’euro. Aussi a-t-on travaillé sur un marché européen avec libre circulation des personnes, marchandises, services et capital » 68.
Le 18 avril 1951 fut créée la Communauté européenne du charbon et de l’acier (la CECA), à laquelle adhèrent six pays : la France, la République fédérale d’Allemagne (la RFA), l’Italie, le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas 69. Sa fondation a facilité les échanges des matières premières afin d’encourager et développer les économies d’après-guerre. La Communauté économique européenne (CEE), issue du Traité de Rome, n’est pas la CECA et donc ne s’agit-il non seulement d’un changement de nom, mais aussi d’un élargissement de l’objet de la CEE, qui n’est plus uniquement économique, mais qui a aussi pour but d’améliorer le niveau de vie de tous les Européens. Depuis la fondation de la Communauté économique européenne (CEE) le 1er janvier 1958, elle est aujourd’hui nommée l’Union européenne et compte 27 Etats membres 70. Bien que les points de départ de l’UE comprennent la libre circulation entre les Etats membres, il s’est avéré qu’entreprendre en dehors de ses frontières n’est pas facile et évident. Un des obstacles est l’administration, qui reste bureaucratique et bloquante. Pour encourager les entrepreneu rs de faire du commerce entre Etats membres, on est en train de développer une façon de déboucler l’acquittement de la TVA et de diminuer le tracas administratif. De plus, au niveau supranational, la Commission européenne aide l’entrepreneur à trouver des contacts potentiels. Au niveau bilatéral, les Chambres de Commerce et le Ministère des Affaires Economiques renseignent les entrepreneurs qui s’intéressent à développer leurs entreprises à l’étranger 71.
En soixante ans, l’UE s’est développée d’une communauté pour faciliter la coopération économique entre six pays en un marché interne avec l’euro comme monnaie commune. Ce qui était autrefois une union simplement économique, est devenue une organisation active dans plusieurs domaines, telles que la coopération au développement et la politique environnementale. Grâce aux frontières ouvertes entre les Etats membres, il est rendu possible aux Européens de voyager en Europe sans contrôles. En outre, il est devenu plus facile d’aller vivre et travailler dans un autre pays européen qui est Etat membre 72.
Le ton sur les différents sites web officiels de l’UE est très positif en ce qui concerne la coopération européenne. Cependant, ces derniers temps, l’UE est en difficulté à cause de la crise économique avec de grandes conséquences pour la Grèce et l’Italie et on craint que d’autres pays suivent. La récession précédente était en 2009 et on estime que les pays qui ont l’euro sont à l’aube d’une nouvelle récession. Le commissaire des affaires monétaires européennes, Rehn, ajoutait aux prévisions que le taux de chômage est à 9,5% en Europe 73. Mais l’économie n’est pas le seul problème qui joue un rôle dans la politique européenne ; la diversité linguistique est présente dès la fondation de l’UE déjà. Donc, il est très probable que dans le contexte du e-commerce entre la France et les Pays-Bas, la coopération et les échanges commerciaux seront influencés par les différences linguistiques. Par conséquent, il faut se concentrer sur une concrétisation de ces problèmes et les solutions possibles.
Le dilemme de la traduction au sein de l’Union européenne
La communication ne comprend pas seulement la transmission d’un message, mais également la réception d’un message et la réaction possible à ce message, soit comme une acceptatio n passive soit comme refus de l’annonciation ou une réponse active. En d’autres mots, la communication est réciproque, interactive. Depuis des siècles, on connaît des problèmes de communication. Quand deux locuteurs de différentes langues maternelles communiquent, chacun doit être capable de parler une autre langue ou les deux doivent parler une autre langue qu’ils comprennent tous les deux 74. Par exemple, dans le cas où un Français rencontre un Néerlandais, ils peuvent se parler en anglais. Cependant, la pratique nous a appris que cela n’est pas toujours le cas. Là où la situation communicative devient plus ample et plus de deux langues sont concernées, le problème devient également plus ample. C’est à ce point que la question des langues surgit. Le monde globalisant augmente le nombre de personnes et de langues. Par conséquent, la barrière linguistique augmente aussi. Avant 1919, le français était la langue principale lors des relations internationales diplomatiques et des échanges économiques. Mais à l’ombre du français, la popularité de l’anglais se développe également comme lingua franca. La troisième langue est l’allemand qui connaît un fort développement au lendemain de la Révolution industrielle et la fondation d’un Etat unitaire allemand a fait grandir l’intérêt de l’allemand comme langue internationale des sciences physiques et la technique 75.
Les négociations de paix à Versailles ont été menées en français et anglais. De plus, la Société des Nations (SDN), constituée en 1919 à Genève utilisent également l’anglais et le français comme langues officielles. Plus récemment, les Nations Unies (NU) avaient en 2006 192 Etats membres et les langues officielles sont l’arabe, le chinois, l’anglais, le français, le russe et l’espagnol, tandis que son secrétariat à New York n’a que l’anglais et le français comme langue de travail 76. La politique linguistique de l’Union européenne est basée sur l’égalité de toutes les langues, ce qui comprend les langues officielles 77.
La pluralité des langues au sein de l’Union européenne grandit à chaque fois qu’un pays adhère à l’Union. Aujourd’hui, l’UE comprend 27 Etats membres et 23 langues officielles. Cela veut dire qu’il y a 23 x 22 = 506 combinaisons de langues 78. Pour garantir l’égalité entre toutes les langues, il y a donc besoin de 506 interprètes pendant une réunion au Parlement européen 79 . Cette situation complexe demande une solution ou bien une simplification, car bien évidemment, un changement est nécessaire, surtout quand on considère la crise économique dans laquelle on se trouve. Par contre, la traduction entre les entrepreneurs français dans le e-commerce et leurs partenaires et clients néerlandais ont une vue d’ensemble de possibilités. L’intervention d’un interprète qui est bilingue peut être une solution possible. Parce que dans ce cas, les coûts sont moins élevés qu’au niveau supranational et il n’y a que deux langues en vigueur. Quelle est la politique européenne par rapport au plurilinguisme ?
La politique européenne par rapport au plurilinguisme
Premièrement, il est important de savoir que l’UE considère important la problématique linguistique et que l’on prend toujours en considération les solutions possibles. Cela a mené à la désignation d’une commissaire chargée du dossier « Multilinguisme ». La commissaire, Vassiliou, qui a dans son portefeuille Education, Culture et Jeunesse à côte du Multilinguisme. Sur le site web officiel de l’UE, Vassiliou déclare ce que c’est la portée de sa gestion :
« Language learning and use help us both professionally and socially, opening people’s minds to the cultural diversity which is an integral part of the EU’s wealth. We must support not just the EU’s 23 official languages but Europe’s 60 regional and minority languages. One of my key tasks will be to promote language learning from a young age. Our goal is for every EU citizen to speak at least 2 foreign languages as well as their own. Knowledge of languages improves job prospects, communication and understanding, both inside Europe and beyond » 80.
La portée de sa gestion est ambitieuse et montre une solution possible pour la problématique linguistique, mais elle peut aussi être critiquée. Depuis des années déjà, la politique de l’enseignement est chargée d’apprentissage des langues étrangères et donc cette citation ne dit rien de nouveau. Sur le plan national aussi bien que supranational, les éducateurs et les politiciens ont des plans ambitieux pour promouvoir l’apprentissage des langues communautaires81.
Les entrepreneurs dans le e-commerce ont eu une éducation qui sera utile dans leur avenir professionnel. Si on fait des progrès intellectuels au niveau supranational et on arrive à parler deux autres langues à côté de sa langue maternelle, comme proposé par Vassiliou, on augmente la chance de compréhension entre locuteurs de différente langue maternelle. Une étude de la Commission européenne datant de 2007 conclut que la diversité des langues favorise la prospérité et que les entreprises européennes peuvent profiter de cette diversité en tant qu’avantage compétitif 82. Cependant, la pratique nous a appris que les objectifs sont encore très ambitieux et le pourcentage des Européens qui parlent plus de deux langues reste restreint, bien que les pourcentages s’améliorent. Un sondage tenu parmi des habitants européens en 2001 et 2006 montrent qu’en 2001, 53% des répondants parlaient une deuxième langue à part de leur langue maternelle. En 2006, 28% des répondants parlaient deux langues étrangères à part de leur langue maternelle, ce qui était en 2001 encore à 21%. Les langues les plus fréquentées comme langue étrangères sont l’anglais, le français et l’allemand, suivies par l’espagnol et le russe. Il s’est avéré que les pays les plus petits avec une seule langue officielle, considèrent plus important de parler plusieurs langues étrangères. Mêm e si ces pourcentages sont encourageants, une petite minorité des Européens est d’avis que l’apprentissage des langues est dénuée d’importance ; 7% en 2001 et 8% en 2006 83.
La politique européenne se concentre surtout sur les langues maternelles des Etats membres, comme par exemple l’anglais et le français. Or, une autre solution possible ne considère pas une langue maternelle, mais une lingua franca possible – c’est une langue artificielle qui n’appartient à aucune culture et à aucun pays, comme par exemple l’Esperanto.
Les scénarios de solution
Pendant une conférence qu’a été organisée pour DUNSA Utrecht (Dutch United Nations Student Association) le 1er novembre 2011, Wim Jansen a parlé des solutions possibles dans la politique linguistique au sein de l’UE.
Une première option est l’anglais, mais la conséquence sera que les autres 22 langues seront opprimées. Deuxièmement, on peut opter pour l’anglais et le français comme langues officielles, ce qui rendra 21 langues sous pression. Troisièmement, on peut choisir les trois langues les plus fréquentées dans l’UE : l’anglais, le français et l’allemand. Dans ce cas, il y aura encore 20 langues étouffées. Donc ces trois options ne semblent pas être la solution 84. Comment se fait-il que les langues que l’on ne considère pas comme solution possible seront étouffées ? La raison est notamment culturelle ; la langue est un moyen d’identification personnelle auquel on attache beaucoup de valeur. De façon plus générale, la langue est un moyen d’identification dans le groupe auquel on appartient dans notre monde globalisant. L’utilisation équilibrée des langues est un acquis démocratique. La problématique linguistique européenne est interlinguistique, car elle a lieu entre plusieurs états avec différentes langues. Afin de protéger l’égalité et la diversité linguistiques de l’UE, il est important de considérer une lingua franca, qui connaît à l’origine un autre sens qu’aujourd’hui. Une lingua franca est une langue utilisée pendant des échanges commerciaux et qui est parlée sur un grand territoire, mais n’est nulle part la langue maternelle. Au cours des siècles, la clause de langue maternelle est en arrière-plan et une lingua franca est considérée une langue qui est répandue dans le monde et fréquentée par un grand nombre d’habitants sur plusieurs continents 85 . En 1887, le Polonais Zamenhof publia son projet linguistique Esperanto, dans une période dans laquelle il n’y avait pas encore de coopération européenne, mais notamment des conflits –par exemple la guerre franco-allemande de 1870-187186. Idéaliste et jeune, Zamenhof rêvait d’être capable de parler plusieurs langues. Plus il apprenait, plus il se rendait compte que la grammaire des langues est très ample et qu’il pouvait la restreindre en construisant une langue artificielle 87. Dans le cadre du e-commerce bilatéral, il faut poser la question de savoir si l’Esperanto a du potentiel parmi les entrepreneurs et s’ils sont réceptifs à apprendre une langue artificielle. En 1985 fut créé le Groupement professionnel international d’économie et de commerce (IKEF) afin d’étendre l’utilisation de l’Esperanto dans les domaines du commerce, de l’économie et des sciences économiques. Pour mesurer l’intérêt d’autres professionnels commerciaux, les fondateurs ont fait un sondage auprès de 150 personnes qui étaient membre de l’Association Universelle d’Esperanto (UEA) dans 67 pays afin de savoir quel est l’intérêt de collaborer à cette initiative. Le fait qu’il y avait de nombreuses réactions a indiqué la volonté de coopération et le potentiel de l’Esperanto dans le commerce 88. Cependant, cette association est de taille petite et il n’y a que 150 membres. Donc même si l’Esperanto a théoriquement du potentiel pour être une solution aux problèmes linguistiques au niveau européen, on s’attend à ce que cela ne soit pas une solution pratique.
2.1.4 Les attitudes et attentes commerciales en France et aux Pays-Bas
De ce qui a précédé, il est devenu clair que la langue a un aspect identitaire, qui joue également un rôle au niveau supranational, car le principe de l’Union européenne insiste sur la coopération entre 27 Etats membres grâce à laquelle on vit en paix et prospérité et qui a résulté dans un marché européen avec libre circulation. Cependant, le fait que culture, identité et langue se manifestent comme des facteurs distinctifs est donc problématique et paraît un défi pour le e – commerce qui a lieu dans le contexte européen. L’élément identitaire qui est lié à une langue influence le déroulement de la communication interculturelle et donc aussi entre la France et les Pays-Bas. Il est donc question de différentes attitudes et attentes commerciales entre les deux pays.
Comme on l’a exposé dans le premier chapitre également, la France et les Pays-Bas ont différentes positions dans le e-commerce actuel. La France a subi des changements commerciaux à partir du début du XXIe siècle et les Pays-Bas se sont manifestés en position de tête. Le fait qu’il s’agisse de différentes positions est une conséquence des différentes attitudes et attentes commerciales. La France, étant un grand pays avec un fort sens d’auto-dépendance avec la langue française répandue dans le monde entier et les Pays-Bas comme petit pays entouré de grandes puissances qui a dû se diriger vers le monde entier en l’explorant commercialement dès le « Siècle d’Or » déjà.
Ayant constaté cette différence importante, il faudra entrer en détail sur les réalités et difficultés culturelles dans le monde du commerce entre la France et les Pays-Bas, qui se manifestent à cause des différentes attitudes et attentes commerciales entre les deux pays.
Lire le mémoire complet ==> (Lancer une entreprise e-commerce aux Pays-Bas
Un guide pour une implantation réussie
)

Mémoire de fin d’études – Université d’Utrecht
Master de Langue et Civilisation Françaises – Spécialisation: Communication Interculturelle
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68 Europa, Basisinformatie over de Europese Unie – http://www.europa.eu/ – le 10-11-2011 (traduction faite par nous-même).
69 INSEE, Communauté européenne du charbon et de l’acier/ CECA – http://www.insee.fr/ – le 01-11-2011.
70 Europa-nu, Europese landen – http://www.europa-nu.nl/ – le 10-11-2011.
71 Europa-nu, Ondernemen over de grenzen – http://www.europa-nu.nl/ – le 10-11-2011.
72 Europa, Basisinformatie over de Europese Unie – http://www.europa.eu/ – le 10-11-2011.
73 Boon, L., EU waarschuwt voor recessie in EU-zone – http://www.nrc.nl/ – le 10-11-2011.
74 Jansen, W. (2006). Elementen uit de Interlinguïstiek (syllabus). Amsterdam: Universiteit van Amsterdam, p. 13-14.
75 Ibid., p. 14-15.
76 OESC/ DESA, ECOSOC website now available in all 6 UN official languages – http://www.un.int/ – le 10-11-2011.
77 Jansen, W. (2006). Elementen uit de Interlinguïstiek (syllabus). Amsterdam: Universiteit van Amsterdam, p. 16.
78 (23 langues) x (23 langues – 1 (la propre langue)) = 506 combinaisons de langues.
79 Jansen, W., ELF. Engels of Esperanto als Lingua Franca voor de Europese Unie (conférence chez SIB- Utrecht le 01-11-2011), présentation PowerPoint – le 10-11-2011.
80 Vassiliou, A., My policy priorities – http://www.ec.europe.eu/ – le 10-11-2011.
81 Zarate, G., D. Lévy & C. Kramsch (dir.) (2008). Précis du plurilinguisme et du pluriculturalisme. Paris : Editions des archives contemporaines, p. 367.
82 Orban, L. et E. Davignon, Des entreprises plus performantes grâce à une connaissance accrue des langues, http://www.ec.europa.eu/, le 11-11-2011.
83 Commission européenne, Le sondage Eurobaromètre – http://www.ec.europa.eu/ – le 11-11-2011.
84 Jansen, W., ELF. Engels of Esperanto als Lingua Franca voor de Europese Unie (conférence chez SIB- Utrecht le 01-11-2011), présentation PowerPoint – le 10-11-2011.
85 Ibid.
86 Gouvernement français, La guerre franco-prussienne – http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/ – le 11-11-2011.
87 Jansen, W. (2006). Elementen uit de Interlinguïstiek (syllabus). Amsterdam: Universiteit van Amsterdam, p. 71-73.
88 IKEF, Prezento – http://www.ikef.org/ – le 30-11-2011.
 

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