L’obésité : le niveau d’activités physique vs sédentaire

L’obésité : le niveau d’activités physique vs sédentaire

2.3 Les habitudes de vie

2.3.1 Niveau d’activité physique vs niveau d’activité sédentaire

Les habitudes de vie ont un rôle important à jouer. L’exemple passerait d’abord par les parents qui sont les premiers modèles d’un enfant et qui ont pour rôle d’inculquer de bonnes habitudes de vie à ceux-ci.

Quelles sont les habitudes de vie à acquérir pour diminuer la prévalence de l’obésité à l’échelle nationale? Tout d’abord, des enfants actifs physiquement courent moins de risque d’être obèses. « Plusieurs enquêtes réalisées auprès de jeunes âgés de 9 à 18 ans démontrent qu’effectivement, il y a une relation négative entre les deux. En effet, plus un enfant est actif physiquement et plus son taux d’obésité va diminuer en conséquence, et vice-versa. » (Mollard et al., 2007, p. 6)

L’analyse de nos données va dans la même veine. Ici nous avons divisé notre échantillon de jeunes en deux groupes. Premièrement, les enfants de 6 à 11 ans d’un côté et deuxièmement les adolescents de 12 à 17 ans de l’autre.

La raison étant que leur niveau d’activité physique et sédentaire n’a pas été calculée uniformément de la même façon dans l’ESCC. Il est également important de mentionner qu’aucune question sur le niveau d’activité physique ou sédentaire n’a été posée aux enfants de moins de 6 ans dans notre base de données, ce qui explique pourquoi on ne les retrouve pas dans les tableaux qui suivent.

Voyons voir tout d’abord l’effet de l’activité physique chez les jeunes de 6 à 11 ans. Ici, il a été demandé à l’enfant avec l’aide de ses parents d’estimer le nombre total d’heures par semaine où il est physiquement actif à l’école ou à l’extérieur de l’école.

Tableau 2.19

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon le nombre d’heures total d’activité physique par semaine, population à domicile de 6 à 11 ans, Canada, 2004

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon le nombre d’heures total d’activité physique par semaine, population à domicile de 6 à 11 ans, Canada, 2004

Source : ESCC

Ici nous constatons que les enfants qui pratiquent plus de 14 heures d’activité physique par semaine sont moins susceptibles de faire de l’embonpoint ou d’être obèses que les enfants qui en font moins d’heure hebdomadairement. L’analyse des données de l’ESCC réalisé par Shields (2005) indique également que le niveau d’activité physique a peu d’impact sur l’embonpoint ou l’obésité chez les enfants de 6 à 11 ans, mais les jeunes qui en font demeurent tout de même moins susceptibles d’être obèses.

Concernant les adolescents de 12 à 17 ans, notre base de données fournie une information plus précise en utilisant une variable de dépense énergétique. Cette variable est une mesure de la dépense énergétique quotidienne moyenne durant les loisirs du répondant au cours des 3 derniers mois.

Cette variable est calculée en utilisant la fréquence et la durée par session de l’activité physique ainsi que la valeur du coût en énergie métabolique de l’activité physique pratiquée en multiple du taux métabolique au repos (ci-après MET).

Par exemple, une activité physique de 6 METS (comme le hockey sur glace) voudrait dire qu’elle demande 6 fois le total en énergie, par rapport à quand notre corps est au repos. Un calcul est alors effectué avec ce nombre, la durée et la fréquence de l’activité physique au cours des 3 derniers mois, ce qui nous fournit la dépense énergétique quotidienne.

Ici, on ne demandait pas aux répondants de spécifier l’intensité de leur activité physique, donc les enquêteurs ont fait l’hypothèse que l’intensité énergétique était faible pour tout le monde, car les répondants sont portés généralement à surestimer l’intensité, la fréquence et la durée de leurs activités physiques. Ici pour mieux visualiser les résultats nous avons divisé la dépense énergétique en 3 catégories soit : actif, modérément actif et inactif.

Tableau 2.20

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon le niveau d’activité physique calculé avec la dépense énergétique quotidienne moyenne au cours des 3 derniers mois, population à domicile de 12 à 17 ans, Canada, 2004

Poids normalActif67,30 %Modérément actif69,10 %Inactif67,73 %
Embonpoint22,32 %23,20 %19,86 %
Obèse10,38 %7,70 %12,41 %
TotalSource : ESCC100 %100 %100 %

Ici nous remarquons que bien que le plus haut taux d’obésité retrouvé soit chez les enfants inactifs (12,41 %) les résultats ne sont pas si différents entre les 3 classifications. À titre comparatif, Shields (2005) trouve que chez les jeunes de 12 à 17 ans, les associations sont significatives, quoique chez les garçons uniquement. Les garçons inactifs étaient plus susceptibles que leurs homologues actifs d’être obèses (16 % par rapport à 9 %). Étonnamment, une plus forte proportion de garçons actifs et moyennement actifs que de garçons inactifs faisait de l’embonpoint, sans être obèses.

Au cours des 25 dernières années, l’introduction récente et la prolifération rapide de la technologie a rendu les enfants et les adolescents plus sédentaires. Regarder la télévision, ce qui inclut regarder des vidéos et des DVD, utiliser un ordinateur, ce qui inclut utiliser l’Internet, chatter et envoyer des e-mails ainsi que jouer à des jeux vidéo (sur console ou PC) sont devenus des passe-temps très en vogue chez les jeunes Nord-Américains.

Ceci notamment à cause de l’accessibilité et du coût à la baisse de cette technologie. Nous allons rebaptiser la combinaison de ces trois activités «temps passé devant l’écran».

Tout comme pour l’activité physique, le niveau de sédentarité à été calculé différemment selon l’âge dans l’ESCC. Pour les enfants de 6 à 11 ans, il a été calculé sur une base quotidienne, selon le nombre d’heures en moyenne par jour que l’enfant passe devant l’écran, tandis que pour les adolescents de 12 à 17 ans, il a été calculé sur une base hebdomadaire, selon le nombre d’heures moyen par semaine a faire des activités sédentaires. C’est pour cette raison que nous présentons les données en deux tableaux distincts pour ces groupes d’âge.

Voici nos observations en premier lieu, pour les enfants de 6 à 11 ans.

Tableau 2.21

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon le nombre d’heures par jour passé devant l’écran, population à domicile de 6 à 11 ans, Canada, 2004

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon le nombre d’heures par jour passé devant l’écran, population à domicile de 6 à 11 ans, Canada, 2004

Source : ESCC

Nous observons ici que les enfants qui passent plus de 2 heures par jour devant l’écran sont significativement plus susceptibles de faire de l’embonpoint ou d’être obèses que ceux qui en passe 1 heure ou moins. D’après notre échantillon, 35,84 % des enfants canadiens de 6 à 11 ans passaient plus de 2 heures quotidiennement devant l’écran, comparativement à 18,27 % qui y étaient 1 heure ou moins par jour.

Maintenant, voyons voir nos résultats pour les enfants de 12 à 17 ans. Ici, nous avons inclus pour faire le calcul global de l’activité sédentaire non seulement le temps passé devant l’écran, mais également la lecture.

Tableau 2.22

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon le nombre d’heures moyenne par semaine au cours des 3 derniers mois passé à faire des activités sédentaires, population à domicile de 12 à 17 ans, Canada, 2004

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon le nombre d’heures moyenne par semaine au cours des 3 derniers mois passé à faire des activités sédentaires, population à domicile de 12 à 17 ans, Canada, 2004

Source : ESCC

Ici nous voyons que plus le nombre d’heures de sédentarité est élevé et plus le taux d’individu ayant un poids normal diminue en conséquence. Par exemple, les individus passant moins de 9 heures par semaine à pratiquer une activité sédentaire avaient un poids normal dans une proportion de 74,3 %. Ce ratio passait à 57,9 % chez les individus qui passaient plus de 40 heures par semaine à pratiquer une activité sédentaire.

Donc d’après nos chiffres, le nombre total d’heures qu’un individu passe à faire des activités sédentaires a un impact plus significatif sur l’obésité que le niveau d’activité physique.

D’après les chiffres de Shields (2005), 36 % des enfants canadiens de 6 à 11 ans passaient plus de deux heures par jour devant l’écran. Ces enfants étaient plus susceptibles de faire de l’embonpoint/obésité que ceux qui passait une heure ou moins quotidiennement devant l’écran (35 % par rapport à 18 %) et environ deux fois plus susceptibles d’être obèses (11 % par rapport à 5 %).

Chez les adolescents de 12 à 17 ans, le taux combiné d’embonpoint/obésité était de 23 % chez ceux dont le temps passé devant l’écran était moins élevé que 10 heures par semaine et 35 % chez ceux dont il était de 30 heures et plus par semaine.

Pour résumer les propos de Shields (2005), dans le cadre de l’Enquête Campbell sur la santé et le bien-être au Canada, lors de l’année 1988, la moyenne hebdomadaire d’écoute de la télévision était de 9 heures chez les adolescents de 12 à 17 ans.

En comparaison, en 2004, le nombre moyen d’heures hebdomadaires à regarder la télévision dans ce même groupe d’âge passait à 10 heures. Cependant, si l’on ajoute le temps passé devant l’ordinateur ou à jouer à des jeux vidéo, le temps total moyen hebdomadaire que les adolescents passaient devant l’écran était de 20 heures au total, donc plus du double.

Selon Plourde (2006) une étude longitudinale américaine sur 4 ans, réalisée sur 700 enfants de 10 à 15 ans a démontré que les enfants qui écoutaient la télévision plus de 5 heures par jour étaient cinq fois plus susceptibles de faire de l’embonpoint ou être obèses que ceux qui l’écoutaient moins de 2 heures par jour. Cette même enquête affirme que le fait d’avoir une télévision dans sa chambre serait un fort prédicateur d’obésité pour l’enfant.

Aussi, les résultats d’une enquête réalisée avec un échantillon aléatoire démontrent que si on fait simplement diminuer la quantité d’heures de télévision écoutée par des enfants d’âge scolaire, même en ne faisant pas la promotion d’un mode de vie plus actif, cela amenait une diminution significative de leur indice de masse corporelle (IMC) sur 1 an, par rapport à un groupe de contrôle.

De plus, « on a calculé par thermodynamique que pour un enfant de 100 livres, remplacer une heure de télévision par jour par une activité aérobique permettrait de diminuer son poids de 24 livres, le tout sans aucune modification de son alimentation. » (Biali, 2004, p.28) Aussi, l’habitude de télé aux repas produirait une augmentation de la consommation d’aliments aux repas, chez les enfants.

Un enfant qui regarderait régulièrement la télévision en mangeant serait donc plus susceptible d’être obèse. Payne (2006) a déterminé que les enfants d’âges préscolaires qui mangeaient devant la télévision consommaient 33 % davantage d’aliments que ceux qui n’étaient pas devant la télévision.

De plus, ils arrivaient plus difficilement à décrire leur repas. Le mécanisme semble être que la distraction produite par la télévision empêche l’enfant de ressentir assez tôt qu’il a suffisamment mangé. L’enfant portera donc moins attention au geste de manger et à ce qu’il y a dans son assiette.

Bien que la technologie qui rend plus sédentaire soit l’argument principal pouvant expliquer la baisse de l’activité physique chez les jeunes, il y a d’autres facteurs. Selon une étude de l’Université de Montréal (2008) menée en 2006-2008 auprès des parents de 1 495 jeunes, de 67 écoles, des régions de Montréal et Trois-Rivières, 70 % des écoliers se rendaient à l’école en voiture ou en autobus.

Donc, seulement 30 % de ceux-ci allaient à l’école à pied ou en vélo. En comparaison en 1971, 80 % des enfants canadiens de 7 à 8 ans marchaient pour se rendre à l’école. Les principales raisons avancées expliquant cet écart dans les changements d’habitudes sont le phénomène de l’étalement urbain, l’augmentation des distances à parcourir, la dispersion des activités, l’horaire marqué par une gestion plus serrée du temps et la sécurité.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
La situation de l’obésité juvénile au Canada
Université 🏫: Université du Québec à Montréal UQAM
Auteur·trice·s 🎓:
Jules Dessureault

Jules Dessureault
Année de soutenance 📅: Mémoire présenté comme exigence partielle de la maîtrise en économique - 2010
Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top