II. ETAT DE L’ART : « IMMERSION DANS LE E-LEARNING »
Cet état de l’art est structuré en trois parties. La première introduit à l’étude, en reprécisant successivement son contexte (le e-learning), son objet (les ressources pédagogiques électroniques), et son référentiel (l’activité normative). Dans les deux dernières parties, nous nous attacherons à replacer l’indexation dans sa trame documentaire plénière : nous décrirons d’abord les processus de conception des ressources pédagogiques électroniques, et enfin, leurs processus de manipulation post-conception.
A. INTRODUCTION AU CONTEXTE, A L’OBJET, ET AU REFERENTIEL DE L’ETUDE
1. Introduction au contexte d’étude : le e-learning
Reprécisons, en premier lieu, ce contexte général qu’est le « e-learning ». Pour l’heure, la terminologie portant sur ce concept n’est pas figée ; on ne trouvera donc nulle part de définition unifiée le caractérisant. Les auteurs de [Abel et al., 2003] rappellent d’ailleurs bien que « le e-learning peut désigner des notions aussi variées que la gestion administrative d’une formation sur Internet, la diffusion d’un cours par le même médium ou la mise à disposition d’outils de conférences virtuelles ». Dans la pratique, le terme « e-learning » désigne souvent de nouveaux services techniques : on l’associe aux « cours numériques », à « l’enseignement par Internet », ou encore à « l’apprentissage en ligne ». Nous le voyons plus globalement comme l’évolution, provoquée par le numérique, des systèmes et des dispositifs d’enseignement.
a) de nouveaux besoins de formation et d’information
(1) Nouveaux besoin de formation
S’il est un constat à faire en ce qui concerne l’enseignement supérieur, c’est que les besoins de formation se sont extrêmement diversifiés1. Un des signes les plus frappants de cette mutation de l’apprentissage est certainement l’apparition du concept de « formation permanente au savoir ». La formation continue – qui en est une variante – se développe d’ailleurs massivement dans les universités. De même, la mise en place progressive du système LMD (« Licence Master Doctorat »), dans lequel chaque étudiant peut se composer un parcours universitaire « à la carte », montre bien que l’on tend vers une diversification des formations dispensées. Les TICE (Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement) dégagent des possibilités pour répondre à ces nouveaux besoins d’apprentissage. Grâce aux TICE, on peut en effet concevoir des « briques d’enseignement », c’est-à-dire des entités numériques à finalité pédagogique. Ces « briques » peuvent être assemblées à la demande. En ayant accès à de telles ressources, il est donc possible de se former sur un thème très circonscrit, et clairement identifié. D’où la naissance, en Sciences de l’Information, des problématiques de recherche sur la conception, la caractérisation, et la structuration de ces briques pédagogiques.
(2) Nouveaux besoins d’information :
L’article [Douyère et al., 2003] observe que « le nombre de documents numériques pour l’enseignement augmente inexorablement ». Le e-learning, qui n’était jusqu’alors qu’un concept émergent, est aujourd’hui en passe de devenir une forme d’enseignement à part entière. A ce propos, Jacques Perriault dénombrait en 2002 quelques 200 universités américaines offrants du savoir en ligne [Perriault, 2002]. Le fort recours aux Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement TICE entraîne irrévocablement une nouvelle donne en terme d’accès à l’information pédagogique. Yolaine Bourda remarque à ce sujet que « dans l’enseignement et la formation, la valeur est de moins en moins dans le contenu lui-même, mais de plus en plus dans la capacité de rechercher ce contenu, de le trouver et d’en assembler des fragments pour apporter des information pertinentes et une aide efficace aux utilisateurs, enseignants, étudiants. [Bourda Y., 2002]. Ces nouveaux besoins ont donné naissance aux problématiques de recherche sur la localisation et la combinaison de ressources pédagogiques : l’objectif est d’offrir aux acteurs et usagers des systèmes d’enseignement, des dispositifs leur permettant de rechercher, d’utiliser, et de combiner des bribes d’information pédagogique.
(3) D’où la naissance d’une formation à l’information…
A la croisée de ces nouveaux besoins – ceux de formation, et ceux d’information – on voit se constituer de nouveaux services de « formation à l’information ». Il s’agit là de donner des renseignements sur la manière avec laquelle il faut rechercher des ressources documentaires – entre autres des ressources pédagogiques. L’existence même de ces services « hybrides » est pour nous le signe d’un « changement des temps » ; ils témoignent à la fois d’une plus grande richesse des environnements pédagogiques, mais également de leur complication. Dans ce contexte, le rôle des bibliothécaires semble se renforcer. A ce sujet, l’étude [Studenternas bibliothek, 1996] citée dans [Tovoté C., 2001], note que « dans un modèle de cursus universitaire plus personnalisé et laissant plus de place à l’initiative individuelle, la capacité des étudiants à se servir de l’information est essentielle pour l’acquisition de connaissances. Il convient, pour cette raison, de former les étudiants à la recherche documentaire et à l’utilisation de la bibliothèque de façon beaucoup plus complète ». Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la plupart de ces services de formation à l’information se constituent dans des milieux proches des bibliothèques, comme c’est par exemple le cas du service FORMIST2, rattaché à l’ENSSIB3.
b) Les campus numériques et autres environnements numériques de travail
Ces ressources pédagogiques électroniques sont capitalisées et consultables à partir de « campus numériques ». Le Ministère de l’Education nationale4 définit assez vaguement le campus numérique comme étant « un dispositif de formation centré sur l’apprenant, proposant des services innovants via des technologies numériques ». Pour être plus précis, on peut rappeler qu’il existe deux types de campus numériques. On distingue tout d’abord les campus de « formation ouverte à distance » (ou FOAD). Ceux-ci, assez classiques (car déjà bien répandus), permettent d’effectuer des cours totalement ou partiellement à distance, via des plateformes d’e-learning, et via Internet. Le Ministère de l’Education nationale en dénombrait 64 « labellisés » en avril 2003.
On distingue ensuite les campus « environnements numériques de travail ». Ceux-ci sont moins répandus, mais plus englobants. Ils fournissent aux acteurs et usagers d’un système d’enseignement l’accès à tout un ensemble d’outils, de ressources, et de services numériques : documentation électronique, services en ligne, « bureau virtuel », etc. Actuellement, il n’existe que 4 projets de ce type en France, dont notamment ENCORA5 et GRECO6 en région Rhône- Alpes. [Kreczanik T., 2003]
Ces environnements sont de plus en plus couplés à des systèmes périphériques de dépôt, d’indexation, de mutualisation, et de recherche des documents pédagogiques qu’ils contiennent. Nous nous basons notamment sur deux d’entre eux : ARPEM7 et Doc’CIsMEF8 :
– ARPEM est un dispositif de gestion, de mutualisation, de sauvegarde et de mise à disposition des ressources pédagogiques électroniques produites par les enseignants au sein des universités du consortium Grenoble Universités. C’est un système open source, fondé sur la technologie Zope, et indépendant de toute plateforme pédagogique. Coté client, c’est un logiciel full-web respectant parfaitement les standards du Web. [Mermet et al., 2003].
– Doc’CIsMEF est un projet rattaché à CIsMEF9. Il met à disposition des étudiants et des enseignants en médecine un catalogue de ressources rigoureusement sélectionnées : cours, problèmes, exercices, mais aussi des formations, des écoles, etc. Il a été choisi comme l’un des principaux outils de recherche pour l’Université Médicale Virtuelle Francophone (UMVF), projet destiné à la formation initiale et continue des professionnels de santé, médicaux et paramédicaux. [Douyère et al., 2003]
Ces systèmes seront davantage détaillés dans la suite de notre état de l’art.
Lire le mémoire complet ==> (Vers une rationalisation de l’indexation des ressources pédagogiques électroniques…)
Mémoire De DEA – Ingénierie de l’Information et de la Documentation
Université JEAN-MOULIN LYON 3 – Sciences de l’Information et de la Communication

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