L’analyse des comptes des associations d’insertion

L’analyse des comptes des associations d’insertion

3) Les associations d’insertion

On a décidé qu’il était plus pertinent de comparer entre elles les associations dont le projet est l’insertion de personnes en difficultés. Bien que ces associations soient différentes (taille différente, structure différente), on s’aperçoit que les compositions des valeurs ajoutées sociétales se ressemblent.

Pour mieux se représenter cette répartition de la valeur ajoutée sociétale entre les trois pôles de l’économie mis en évidence (marché, collectivités et réciprocité associative), comme pour l’analyse des groupes précédents, nous pouvons calculer la moyenne des apports de chaque association sur les années étudiées.

L’association A :

200220032004Moyenne des 3 années
Solde net activités marchandes1 028 20494,0%966 30792,0%1 105 85790,16%1 033 45691,99%
Solde net des collectivités61 0785,6%77 5957,4%116 4529,49%85 0427,57%
Solde net associatif4 4060,4%6 3190,6%4 2520,35%4 9920,44%
Valeur ajoutée sociétale1 093 688100%1 050 221100%1 226 561100%1 123 490100%
frais de personnel1 082 25599%1 068 745102%1 208 71599%1 119 905100%
Solde d’exploitation11 433– 18 52417 8463 585
Résultat19 446– 16 337– 11 471– 2 787

L’association B :

200220032004Moyenne des 3 années
Solde net activités marchandes604 97969,2%490 78269,1%524 25268,15%540 00468,83%
Solde net des collectivités264 71630,3%214 21230,2%239 74431,17%239 55730,54%
Solde net associatif4 1710,5%5 4580,8%5 2290,68%4 9530,63%
Valeur ajoutée sociétale873 866100%710 452100%769 225100%784 514100%
frais de personnel829 21695%706 94199,51%749 27497%761 81097%
Solde d’exploitation44 6503 51119 95122 704
Résultat23 64315 68321 96720 431

L’association C :

200220032004Moyenne des 3 années
Solde net activités marchandes407 25966,5%353 37669,1%372 48881,35%377 70871,64%
Solde net des collectivités190 61831,1%139 94527,4%77 86717,01%136 14325,82%
Solde net associatif14 7892,4%17 7973,5%7 5111,64%13 3662,54%
Valeur ajoutée sociétale612 666100%511 118100%457 866100%527 217100%
frais de personnel579 97095%479 71894%424 70893%494 79994%
Solde d’exploitation32 69631 40033 15832 418
Résultat289– 4665 1231 649

L’association D :

200220032004Moyenne des 3

années

Solde net activités marchandes26 6972,1%98 0497,7%95 7537,21%73 5005,74%
Solde net des collectivités1 040 87383,6%984 80477,5%1 059 72479,77%1 028 46780,26%
Solde net associatif176 75314,2%188 59014,8%172 94313,02%179 42914,00%
Valeur ajoutée sociétale1 244 323100%1 271 443100%1 328 420100%1 281 395100%
frais de personnel1 189 78596%1 218 40596%1 309 27799%1 239 15697%
Solde d’exploitation54 53853 03819 14342 240
Résultat30 23924 5088 02420 924

L’association E :

200220032004Moyenne des 3 années
Solde net activités marchandes237 04946,3%236 90742,4%281 13944,31%251 69844,27%
Solde net des collectivités271 44053,0%305 48054,6%336 65053,06%304 52353,56%
Solde net associatif3 6180,7%16 5953,0%16 7142,63%12 3092,17%
Valeur ajoutée sociétale512 107100%558 982100%634 503100%568 531100%
frais de personnel459 69390%495 02689%542 92886%499 21688%
Solde d’exploitation52 41463 95691 57569 315
Résultat26 22826 86261 01038 033

L’association F :

200220032004Moyenne des 3 années
Solde net activités marchandes156 77278,5%201 00387,0%199 58090,17%185 78585,47%
Solde net des collectivités42 76921,4%29 86512,9%21 5529,74%31 39514,44%
Solde net associatif1870,1%1970,1%2090,09%1980,09%
Valeur ajoutée sociétale199 728100%231 065100%221 341100%217 378100%
frais de personnel168 59784%194 73784%197 04889%186 79486%
Solde d’exploitation31 13136 32824 29330 584
Résultat13 81212 6628 85511 776

Ainsi, en comparant les comptes de ces six associations, on distingue deux groupes :

  •  D’un côté les associations A, B, C et F qui vivent principalement du marché,
  •  et de l’autre côté, l’association D et l’association E qui eux vivent plus des aides des collectivités que de leurs activités marchandes.

Quelles sont les parts des contributions de chaque pôle dans la valeur ajoutée sociétale pour les associations A, B, C et F ?

La part des contributions dans la valeur ajoutée sociétale la plus importante est celle du marché. Les quatre associations ont en moyenne plus de 70% de leur valeur ajoutée sociétale qui provient du marché.

  •  Les contributions marchandes de l’association A représentent en moyenne sur les trois années étudiées 92% de la valeur créée.
  •  La moyenne des apports du marché sur les trois années représente 69% pour l’association B.
  •  Pour l’association C, les contributions réelles du marché sont presque de 72% de la valeur ajoutée sociétale.
  •  En ce qui concerne l’association F, les apports des activités marchandes à la valeur ajoutée sociétale représentent en moyenne 85%.

Le solde qui vient ensuite est celui des collectivités. Les quatre associations reçoivent des aides des collectivités mais ce solde est plus ou moins variable d’une association à une autre.

Par exemple l’apport réel de la collectivité est plus important pour l’association B et C que pour l’association A.

– Les apports des collectivités représentent pour l’association A, 7,57% de la valeur créée alors que les apports du marché sur les trois années étaient de 92% en moyenne.

– L’association B est une association qui reçoit d’importants apports des collectivités comparé par exemple à l’association A puisqu’en moyenne sur les trois années les contributions publiques représentent 30% de la valeur ajoutée sociétale.

– L’apport réel de la collectivité pour l’action de l’association C représente en moyenne sur les trois ans environ 26%.

– Les apports des collectivités pour l’association F représentent en moyenne sur 2002, 2003 et 2004, 15% de la valeur ajoutée sociétale.

Quelles sont les parts des contributions de chaque pôle dans la valeur ajoutée sociétale pour les associations D et E ?

Pour ces deux associations, l’apport le plus élevé dans la valeur ajoutée sociétale est celui des collectivités :

– Pour l’association D, cet apport réel des collectivités contribue en moyenne sur les trois années à 80.26% à la création de la valeur ajoutée sociétale de l’association.

– La contribution publique représente en moyenne pour l’association E, 44% de sa valeur ajoutée sociétale.

Les activités marchandes sont la seconde source de contributions à la valeur ajoutée sociétale pour l’association E puisque ces apports correspondent en moyenne à 53% de la valeur ajoutée sociétale.

Pour l’association D, les contributions des activités marchandes ne sont que la troisième ressource dans la valeur ajoutée sociétale: la part des activités marchandes représente en moyenne sur les trois années 5.74%.

La seconde ressource pour cette association est la contribution associative car en moyenne sur les trois années, les apports des membres et des réseaux représentent 14% de la valeur ajoutée sociétale.

Une contribution associative faible pour la majorité de ces associations d’insertion :

Pour les associations A, B, C, E et F, la troisième source de richesse est la réciprocité associative dont l’apport reste faible.

Les membres et les réseaux contribuent à l’existence et au développement de ces associations qui elles mêmes reversent des cotisations aux fédérations notamment. Donc l’apport réel est diminué.

– Pour les associations A, B et F, la contribution associative représente en moyenne moins de 1% de la valeur ajoutée sociétale sur les trois ans.

– Par contre la part de l’apport associatif réel dans la valeur ajoutée sociétale est un peu plus élevé pour l’association C (en moyenne de 2,5%) et pour l’association E (où cela représente en moyenne 2,17%).

La contribution associative reste donc relativement faible pour ces cinq associations. Par contre pour l’association D, les apports des membres et du réseau sont la deuxième source de revenus dans la valeur ajoutée sociétale (14% en moyenne sur les trois années).

Conclusion

Avec cette expérimentation de comptabilité sociétale, il s’agit de proposer un tableau qui permet de combler les manques de la comptabilité classique.

La comptabilité appliquée aujourd’hui aux associations ne prend pas en compte les spécificités de ces organisations et ne permet donc pas de voir la diversité des apports.

Les deux tableaux tentent de remédier à ce manque de lisibilité de la comptabilité. Ainsi, le tableau d’analyse des flux externes permet de voir les différentes contributions des partenaires et met en évidence le financement hybride des associations.

L’apport associatif étant important dans ces organisations, il semble intéressant de l’évaluer et de l’intégrer en comptabilité. Après avoir vu les règles et les pratiques en matière de valorisation du bénévolat, l’expérimentation s’est attachée à proposer une méthode pour estimer les temps des bénévoles et leurs donner une valeur monétaire.

Le travail qui a été de tester le tableau d’analyse des flux internes et le tableau d’analyse des flux externes et la méthode de valorisation du bénévolat auprès d’une douzaine d’associations a donc permis de mettre en place un véritable outil de réflexion.

Les deux tableaux forment à la fois un outil d’analyse et de réflexion interne et externe :

– externe car l’étude va donner des éléments d’analyse aux différents publics.

Un travail complémentaire pourra être mis en place pour savoir comment traiter les informations et les transmettre aux différents acteurs notamment aux collectivités.

– interne car cela va pouvoir servir de base de réflexion pour l’association elle-même.

Le travail effectué durant le stage a permis de construire un guide méthodologique à l’usage des associations.

Ce guide sera dans un premier temps présenté et distribué aux associations qui ont participé à l’étude puis il fera certainement l’objet d’un travail supplémentaire et pourra servir à d’autres associations ou organismes.

A la fin du stage, le travail réalisé, les méthodes choisies et les résultats des deux tableaux ont été présentés aux associations qui ont participé à l’étude. Ainsi, une réunion avec chaque groupe a été mise en place pour montrer le travail fait et également présenter le guide méthodologique.

L’idée au départ était d’essayer de contribuer à une meilleure visibilité des apports des associations de l’économie sociale et solidaire à la société.

L’analyse des flux financiers sous la forme des deux tableaux permet d’approcher de plus près la mesure de l’utilité sociale.

C’est à dire qu’elle n’est pas à elle seule une évaluation de l’utilité sociale mais qu’elle apporte des éléments essentiels pour cette évaluation.

Le travail d’expérimentation de comptabilité sociétale sera présenté conjointement à d’autres travaux lors du colloque régional « Evaluer la valeur ajoutée de l’économie sociale et solidaire » du 3 novembre 2005 organisé par la CRES (Chambre Régionale de l’Economie Sociale) et le CODESPAR.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Université Rennes 2 – Haute Bretagne - UFR Sciences sociales Département AES
Auteur·trice·s 🎓:
CORRIETTE Fanny

CORRIETTE Fanny
Année de soutenance 📅: Management Des Activités Tertiaires - Mémoire de MASTER 2 ATE 2004/2015
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