Conjoncture du tourisme n’affecte pas celle du sport

Conjoncture du tourisme n’affecte pas celle du sport

1.1.6 La conjoncture du tourisme n’affecte pas celle du sport

Nos propos s’inscrivent dans une dimension élargie. Dans quelle mesure, les effets de la conjoncture mondiale du tourisme se répercutent-elle au niveau local ? L’Organisation Mondiale du Tourisme signale que le tourisme international entre 2000 et 2001 connaît une croissance exceptionnelle de 7,4 % pour dépasser le chiffre de 699 millions d’arrivées.

Ses prévisions de croissance prennent déjà en compte le ralentissement économique des USA et dans une moindre mesure celle de l’Europe. L’activité reste toutefois positive avec une croissance autour de 3 %, entre 2001 et 2002. Depuis les événements de septembre 2001, si le tourisme est affecté à court terme selon les diverses destinations et régions dans le monde, l’O.M.T. n’envisage pas une chute brutale de l’activité sur le moyen terme. Cette analyse intègre la baisse durable de l’activité du transport aérien, depuis les attentats.

Elle se répercute sur les secteurs d’activité annexes comme la billetterie, la location de voitures et les voyages d’affaires. Si aucun événement extérieur majeur ne survient, elle estime le retour à la normale de l’activité touristique à la fin 2003.

L’O.M.T. prévoit une redistribution des flux touristiques vers les destinations garantissant un haut niveau de sécurité aux touristes. La région azuréenne présente une image de destination relativement sûre. L’analyse de la Commission Européenne limite les conséquences de cette crise de la baisse du trafic aérien sur la zone européenne, essentiellement aux marchés américains et japonais (CET, 2001). Si, quantitativement elles ne sont pas les plus nombreuses, les clientèles originaires de ces pays présentent la plus haute valeur ajoutée pour le tourisme européen.

Elles ne représentent pas réellement une source de marché conséquente en tourisme sportif, leurs séjours sont essentiellement à vocation culturelle et de trop courte durée pour se rendre sur les sites de pratiques sportives.

Selon les secteurs d’activités, la Commission Européenne identifie pour l’ensemble des pays de l’Union des situations contrastées proches des analyses faîtes pour la France. Elle partage l’analyse de l’O.M.T. sur l’ampleur limitée des conséquences économiques sur le tourisme européen et envisage également une reprise de l’activité courant 2003. En attendant cette reprise, les professionnels bénéficient de mesures de soutien économique.

Ces mesures concernent la promotion commune de leurs produits à l’étranger, les aides financières, la suppression ou la réduction de certaines taxes. Ces mesures permettent aux organisations de l’industrie touristique de ne pas prendre de décisions susceptibles de modifier leur développement à long terme. Cependant, les organisations de tourisme sportif ne bénéficient pas de ces mesures du fait que leurs activités essentiellement de nature réceptive ne sont pas assimilées à celles des professionnels du tourisme, inféodées aux normes de l’Etat Français (loi du 13 Juillet 1992).

Cette analyse est cependant contestée du fait que la crise affectant mondialement le tourisme sera beaucoup plus longue (W.T.T.C, 2002). L’actualité Française reste toutefois conforme aux prévisions des professionnels, c’est-à-dire légèrement supérieure à la saison précédente à l’exception du secteur de l’hôtellerie de plein air. En particulier, la saison estivale connaît une hausse de fréquentation par les clientèles étrangères. Mais ces bons résultats dissimulent en fait un ralentissement de l’activité touristique liée au monde des entreprises.

Ce ralentissement, essentiellement enregistré par les réseaux spécialisés dans le tourisme d’affaires, concerne également les organisations locales de tourisme sportif qui s’adressent au marché des entreprises.

Globalement, la synthèse de l’actualité mondiale du tourisme en 2002 met en évidence cinq grandes tendances conjoncturelles qui se répercutent sur le tourisme sportif.

  •  Un glissement des flux de trajets long-courrier vers des destinations de proximité sécurisées à l’image de notre région azuréenne,
  •  Une diminution du trafic aérien au profit de la route et du train (la SNCF enregistre des taux de croissance du trafic voyageurs entre 2001 et 2002 de plus de 12 %),
  •  Un renforcement des destinations de montagne et de la Méditerranée occidentale ainsi qu’un maintien de l’attractivité des départements d’outre-mer,
  •  Un rapatriement des activités lointaines de séminaires et de conventions d’entreprises dans la zone européenne et plus spécifiquement d’Europe du Sud,
  •  Une accentuation des ventes de dernières minutes (VDM) qui constitue une tendance forte de l’évolution des comportements des touristes.

Cependant, les événements du 11 septembre ont mis en évidence la fragilité et la sensibilité de l’économie touristique aux événements extérieurs et les professionnels entendent bien tirer des leçons des réactions en termes de consommation.

À l’inverse du panorama conjoncturel, les enseignements ne peuvent s’envisager de manière globale. Le territoire français, comme les diverses branches professionnelles du tourisme, ne sont pas concernées à l’identique. Les influences conjoncturelles s’explorent par région de destination et par branche d’activité touristique.

Même si toutes les grandes régions touristiques françaises réalisent une part importante de leur activité avec une clientèle étrangère, force est de constater qu’elles ne sont pas affectées de la même manière par les événements internationaux.

Certaines régions, à l’image de la Côte d’Azur, bénéficient d’un effet psychologique favorable avec une orientation des séjours touristiques des Français vers leur territoire. La conjoncture profite aux destinations sécurisées et de proximité situées en montagne ou aux Antilles. Les localités qui reçoivent un nombre élevé de touristes internationaux d’origine Américaine ou Japonaise souffrent économiquement.

De plus, les enquêtes de consommation attestent que dans les périodes d’incertitudes et de crise, non seulement le poste loisir vacance ne cesse de progresser, mais qu’à l’intérieur de ce poste, les Français ont également tendance à opter pour des loisirs au quotidien au détriment des vacances à la destination lointaine (Mermet, 2001). Le secteur du tourisme sportif ne souffre logiquement pas des conséquences du 11 septembre.

Les raisons en sont diverses. Il n’a pas ou peu d’activités avec une clientèle internationale de long-courrier (USA, Océanie,…). C’est essentiellement une activité de proximité et de court séjour pour des touristes pouvant utiliser le train et la route pour se déplacer. Les bons résultats enregistrés lors des dernières vacances d’hiver confirment la tendance des consommateurs à se recentrer sur des destinations proches et sécurisées (OMT, 2002).

Les activités sportives profitent de cette conjoncture, comme les opérateurs auxquels ils sont habituellement associés :

– La moyenne et la petite hôtellerie de province, les équipements d’hébergement de loisirs, les résidences de vacances, les centres familiaux, les gîtes, les hébergements présents sur le littoral, en milieu rural et à la montagne.

Cette dernière destination prévoit d’excellentes saisons, si la neige est au rendez-vous. Ce problème des sports de montagne enneigée réside essentiellement dans le fait d’une communication centrée sur la fonctionnalité des sports d’hiver dont la recherche explore le thème postérieurement. – Les restaurants et les cafés, les centres de congrès et les salons, pour la partie concernée par le tourisme d’affaire, même s’ils enregistrent une baisse de la fréquentation du public professionnel

– Les transporteurs par rail et les

autocaristes qui adaptent leurs circuits, les départements d’outre-mer, n’en pâtissent pas mais ne bénéficient pas pour l’instant du report attendu des touristes internationaux.

L’offre du tourisme sportif n’est pas directement concernée par les grandes fluctuations mondiales du secteur touristique. L’impact de la conjoncture économique se porte sur les secteurs qui travaillent essentiellement à l’échelle internationale ou qui sont fortement liés à des réseaux d’entreprises et de tourisme d’affaires.

Au vue des différents indicateurs relevés dans cette conjoncture, l’offre du tourisme sportif s’inscrit dans un contexte favorable au développement de son intégration au sein du marché du tourisme. Malgré les inquiétudes liées aux différents évènements survenus en secteur international et s’inscrivant dans la problématique générale des vacances, le domaine ludosportif est entraîné par la croissance du tourisme tant au niveau local que national.

La tendance à la généralisation des départs en vacance est bénéfique au tourisme sportif et le développement du niveau de vie représente également un facteur de progression du secteur. Si ces informations laissent entrevoir de réelles possibilités de développement pour le tourisme sportif, dans les faits, il présente une structuration limitée. Ce paradoxe incite à s’interroger sur les origines de ce problème.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Le tourisme sportif en quête d’identité
Université 🏫: Université de Nice Sophia-Antipolis - Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines
Auteur·trice·s 🎓:
Auteur : Bernard Massiera - Directeur de recherches : Professeur Paul Rasse

Auteur : Bernard Massiera - Directeur de recherches : Professeur Paul Rasse
Année de soutenance 📅: Thèse de doctorat de 3° cycle - Année 2004
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