La théorie des dotations factorielles et le tourisme

La théorie des dotations factorielles et le tourisme

4. La théorie des dotations factorielles

« Les dotations factorielles sont déterminées par l’importance des ressources (facteurs) dont dispose un pays pour assurer la production de l’ensemble des services de tourisme international.

L’abondance relative de ces ressources va avoir une influence décisive pour expliquer la place d’un pays dans le tourisme international » (Vellas 1985).

4.1. Le modèle Heckscher-Ohlin

Hypothèses

Elie Heckscher dès 1919 et (repris par) son élève Bertil Ohlin en 1933 présentent un modèle dans lequel contrairement à l’idée avancée par Ricardo, l’échange international ne serait pas provoqué par une différence de productivité des facteurs de production capital et travail mais par la différence de quantité de ces facteurs détenue par les pays négociants.

Le modèle Heckscher-Ohlin

Ainsi, si le pays étranger produit le bien X en quantité (X*) supérieure à celle (X’) du pays national, la fonction de production f étant la même pour les deux pays, c’est uniquement parce qu’il dispose du facteur de production L (présent dans le bien X) en plus grande quantité : L* > L’ X* > X’. Et non comme le disait Ricardo parce que la fonction de production est plus efficiente à l’étranger : f*>f’.

Un bien étant réalisé à partir des facteurs de production capital (K) et travail (L), X = f(K,L), la différence de dotation factorielle entre deux pays (K,L) (K,L)* se mesure de deux façons. Tout d’abord en termes réel par le ratio : K/L.

Par exemple K*/L* > K/L signifie que le pays étranger est relativement plus abondant en capital, le pays national est lui mieux doté en travail.

Cette différence peut aussi être mise en évidence à partir des rémunérations de ces deux facteurs, le capital étant rémunéré au taux d’intérêt r et le travail au taux de salaire w, le facteur le plus abondant au niveau national sera « faiblement » rémunéré alors que le facteur relativement rare sera cher.

Au niveau national :K important r faible et L rare w élevé soit K/L élevé w/r élevé

Donc sur le plan internationalK/L > K*/L* w/r > w*/r*, c’est dans le pays national que le capital est relativement plus abondant que le travail, c’est donc là que le travail est relativement mieux rémunéré (puisque relativement rare).

La différence de dotation factorielle va donc jouer sur les possibilités de production de chaque pays.

Un pays relativement mieux doté en facteur capital qu’en facteur travail aura une plus grande capacité de production concernant des biens à forte intensité capitalistique que des biens dont la production nécessite une importante quantité de travail.

En effet, un bien est constitué de capital et de travail X = f(K,L) et les intensités factorielles que nécessite sa création sont irréversibles quels que soient les prix relatifs des facteurs (selon l’hypothèse retenue par Heckscher-Ohlin).

Un pays devra alors choisir une combinaison de production (option 1 ou option 2) de deux biens X et Y d’intensités factorielles différentes.

L’option 1 : combinaison (X1 ; Y1) correspond à une production plus importante en bien X qu’en bien Y. La fabrication d’une unité supplémentaire de bien Y implique l’abandon d’une certaine quantité de bien X (option 2).

Les combinaisons de production réalisable forment la courbe de possibilités de production :

Courbe de possibilités de production

Courbe de possibilités de production

(Les hypothèses du modèle des dotations factorielles sont données : annexe 4)

Conditions d’échange international.

Il y aura échange entre deux pays lorsque les prix relatifs intérieurs de chacun d’eux en situation d’isolement seront différents. Si l’on a par exemple image036 : cas où le prix relatif du bien 1 est plus élevé dans le pays étranger :

prix relatif du bien 1 est plus élevé dans le pays étranger

Le pays national a un avantage dans la production du bien 1, le prix relatif du bien 1 par rapport au bien 2 y est moins élevé.

Cette différence des prix relatifs vient du fait que le bien 1 est « intensif » en capital (par exemple), facteur, dont le pays est fortement doté, moins coûteux qu’à l’étranger

. Le bien 1 sera exportable tandis que le bien 2, produit pour lequel il y a « désavantage comparatif » du fait qu’il est plus intensif en facteur travail moins abondant dans le pays, sera un bien importable.

Le pays national doit se spécialiser dans la production du bien 1 :

Le pays national doit se spécialiser dans la production du bien 1

L’ouverture à l’échange engendre une augmentation du prix relatif du bien 1 intensif en capital dans lequel le pays national a un avantage comparatif.

Le nouveau point de tangence E’ entre les prix internationaux (Tg’) et le bloc de production donne le lieu de production en libre-échange. Le pays s’est en partie spécialisé dans le bien 1. La consommation peut se déconnecter de la production ; la courbe d’indifférence II indique le nouveau lieu de consommation avec les nouveaux prix internationaux.

Ainsi, on produit une quantité x’ du bien 1 et l’on en consomme une quantité x, d’où un surplus exportable (x’-x) de 1. La production de bien 2 devenue y ne répond plus à la demande y’ d’où la nécessité d’importer une quantité (y’-y) de bien 2.

Il y a équilibre international quand, d’une part, le surplus national de bien 1 correspond à la demande d’importation étrangère de ce même produit : (x’-x) = (x’-x)* et d’autre part, quand la demande d’importation nationale en bien 2 est égale au surplus étranger de ce produit : (y’-y) = (y’-y)*.

Si cet équilibre n’est pas réalisé, alors les prix nationaux ne sont pas des prix d’équilibre et ceux-ci sont amenés à varier jusqu’à ce que l’équilibre soit établi.

« En échangeant des produits, les pays échangent les contenus en facteurs de production de ces produits. Cette caractéristique va engendrer une tendance à l’égalisation des rémunérations factorielles.

Le commerce permet aussi de se procurer moins cher à l’étranger ce que l’on devrait fabriquer soi-même, ce qui entraîne un gain à l’échange international ». (Mucchielli, 1990).

4.2. Dotations factorielles et tourisme

Les dotations factorielles du tourisme international peuvent être réparties en trois catégories principales :

  1. Ressources naturelles, patrimoine historique, artistique et culturel.
  2. Ressources humaines en travail et en qualification.
  3. Ressources en capital et en infrastructure.(L’importance de ces éléments est exposée dans le chapitre précédent).

Les pays disposant de dotations factorielles abondantes seront récepteurs de tourisme, ceux qui ne disposent pas de ces dotations de façon abondante seront des pays émetteurs de tourisme. Certains pays disposant seulement d’une abondance relative pour certaines dotations factorielles seront à la fois émetteurs et récepteurs de tourisme.

Ces derniers devront se spécialiser en fonction de l’abondance relative de chacune de leurs dotations factorielles.

dotations factorielles abondantes seront récepteurs de tourisme

Le pays 1 doté des facteurs naturels enneigement et « relief montagneux » devrait se spécialiser dans le tourisme sport d’hiver tandis que le pays 2 jouissant abondamment des facteurs ensoleillement et fort découpage littoral (ou longueur de côtes) a un avantage comparatif dans le tourisme balnéaire.

« Les ressources naturelles constituent, du point de vue du tourisme, le facteur le plus important. Elles sont en effet le facteur dont la distribution internationale est la plus hétérogène, tout en étant parfaitement immobile de pays à pays, ce qui est une cause essentielle du tourisme international.

Cette importance des ressources naturelles permet de compléter le modèle des dotations factorielles et d’en accroître la portée » (Vellas 1985).

Ce qui rend particulièrement performante l’explication des flux de tourisme international à partir du modèle des dotations factorielles.

Conclusion

Ces développements montrent que non seulement les petites économies peuvent envisager avec une certaine sérénité de participer au commerce international, mais que les spécificités même qui les en privaient jusqu’ici pourront désormais devenir leur atout majeur dans cette entreprise, pourvu que ces régions choisissent d’utiliser l’avantage comparatif que leur procurent ces particularités, et ceci en décidant de se spécialiser dans le tourisme.

Là n’est pas toute la stratégie que l’on se propose ici de mettre au point.

Si l’on se souvient de toutes les remarques et réflexions déduites de l’analyse de l’activité tourisme, apparaît le constat d’une contradiction grotesque entre la spécialisation touristique d’une région et l’impérieuse nécessité de diversification du produit offert, condition sine qua non pour éviter l’impasse tragique à laquelle pourrait conduire un simple effet de mode orientant le consommateur sur une autre voie.

La spécialisation dont nous parlons ici ne consistera donc surtout pas à transformer une région en un unique produit touristique.

Souvenons-nous que la force des petites économies isolées ne vient pas uniquement de leurs richesses naturelles, mais aussi et en l’occurrence surtout dans la diversité de ces ressources. Sans nous engager plus avant dans la section qui suit, nous montrerons très bientôt que cette variété des atouts conduira à autant de produits variés à offrir.

C’est désormais sur une politique de gestion régionale de ces avantages que reposent le succès de leur exploitation et le bénéfice de ses dividendes éventuels.

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