Socialisation des moyens de production et du pouvoir

1.3.3 – Les bouleversements organisationnels liés à la socialisation des moyens de production et du pouvoir : Ce partage égalitaire des moyens de production et du pouvoir entraîne deux principaux bouleversements organisationnels : * La remise en cause des formes organisationnelles centralisées : La socialisation des moyens de production et du pouvoir entraîne en effet conjointement une socialisation des structures d’organisation que Rosanvallon définit comme « le renversement des conceptions pyramidales et élitistes pour une large circulation de l’information, par une décentralisation de sa production, par un travail permanent d’autoformation » (1). De centralisé et individualisé, le pouvoir d’organiser et de décider doit devenir décentralisé et collectif. La socialisation des pouvoirs organisationnels et décisionnels bouleverse ainsi l’agencement hiérarchique des organisations visant à maintenir le pouvoir de certains sur d’autres (la domination de l’homme sur l’homme dirait les anarchistes). En effet, « on ne peut s’approprier collectivement des moyens de pouvoir dont la structure a été conçue pour opprimer ou diviser (…) Il n’y a donc pas d’appropriation véritable des moyens de pouvoir indépendamment d’un changement de leur structure » (2). Aussi, « ce sont tous les fondements du système hiérarchique qui sont un obstacle au développement de l’autogestion » (3) et qu’il faut chercher à modifier. La remise en cause de la division du travail : Au premier rang de ces fondements du système hiérarchique, Pierre Rosanvallon place la division du travail et la hiérarchie des revenus qui sont « pour une large part le décalque de la hiérarchie des pouvoirs et des fonctions ». L’autogestion cherche ainsi à modifier l’organisation hiérarchique en s’attaquant à ses fondements pour trouver de nouvelles modalités organisationnelles instituant une prise de décision collective et égalitairement partagée. Celle-ci ne peut s’obtenir qu’en distribuant au maximum les fonctions décisionnelles et organisationnelles à tous les niveaux de l’organisation. La « dissémination » de ces fonctions stratégiques s’obtient par : La rotation des tâches et la polyvalence Les entreprises autogérées évoquent souvent le principe de rotation des tâches et des fonctions comme étant à la base de cette révolution organisationnelle dépassant les limites de la division du travail. Proudhon recommande ainsi de faire parcourir à l’ouvrier la série entière des opérations de l’industrie à laquelle il est attaché pour qu’il acquière ainsi une vue synthétique du processus du travail. Cependant, ce principe ne peut suffire à lui seul puisque, certes, le pouvoir « tournerait », mais continuerait à chaque fois à être accaparé par une seule personne, ou du moins un petit groupe d’individus, selon une logique privative et centralisatrice. Il semble donc nécessaire d’y adjoindre un autre principe qui est celui de la polyvalence et qui, à côté d’un pouvoir tournant, institue un pouvoir disséminé à tous les niveaux de l’organisation. Proudhon prône ainsi une éducation professionnelle « polytechnique ». L’autogestion suppose donc « le difficile équilibre d’un système polyarchique de l’autorité en vertu duquel le pouvoir sera distribué de façon égale » (4). La réconciliation entre pensée et action : Cette rotation et cette dissémination des tâches permettent ainsi la réalisation d’un des principaux adages de la pensée anarchiste, à savoir la réconciliation entre intelligence et action, dont la séparation sous forme de « division scientifique du travail » semble être l’un des fondements des organisations hiérarchiques. Ainsi, l’autogestion « récuse catégoriquement la dissociation des tâches de préparation, conception, organisation, et de décision d’une part, et des tâches d’exécution pures et simples d’autre part » (5), « elle est totalement incompatible avec une séparation de ces deux catégories » (6) : « dans un système auto organisé, il n’y a aucune séparation entre ce qui organise, façonne ou dirige et ce qui est organisé, modelé et dirigé. Les aptitudes et les fonctions de façonnement et la direction d’un système sont réparties dans le système. La hiérarchie devient ainsi caduque » et s’y substitue un « principe d’hétérohiérarchie [où] tous les mécanismes de modelage et de direction pourront faire l’objet d’une discussion » (7). Lire le mémoire complet ==> (Réactualisation de l’idée autogestionnaire – Autogestion) Mémoire de fin d’étude MASTER 2 Etudes et Recherches en Sciences de l’Information et de la Communication ______________________________ (1) ROSANVALLON, Pierre. Op. Cit. (1976). (2) ROSANVALLON, Pierre. Op. Cit. (1976). (3) ROSANVALLON, Pierre. Op. Cit. (1976). (4) Encyclopédie Universalis. (5) Encyclopédie Universalis (6) CASTORIADIS, Cornélius. Autogestion et hiérarchie. Editions grain de sable. En ligne sur : http:// infokiosques.net/article.php3?id_article=247 (7) PROBST, Gilbert. Organiser par l’auto-organisation, Gilbert Probst. Les Editions d’organisation. 1993  

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