La revalorisation du travail dans la pensée autogestionnaire

2.2.8 – Une nouvelle représentation du travail cherchant à le revaloriser Cette volonté de réhabilitation du travail n’est pas nouvelle : la prégnance du thème de l’élargissement et de l’enrichissement au sein des théories organisationnelles, ainsi que les nombreux travaux concernant la motivation au travail sont là pour en témoigner. Toutefois, des auteurs contemporaines tels que Philippe Zarifian regrettent que le travail ne soit encore appréhendé qu’au travers d’une conception fonctionnelle (« raisonnant en terme de division du travail, de coordination, de contrôle, le travail est réduit à une fonction ou à un ensemble de tâches, empreintes de prescription, de reproduction et de performances ») ou selon une approche stratégique (« raisonnant en termes de domination, d’exploitation, de soumission »), deux conceptions réduisant « le travailleur à un automate ». Ainsi, les auteurs contemporains semblent vouloir aller plus loin que les théories sur l’élargissement et l’enrichissement du travail en nous offrant une nouvelle représentation du travail qui n’est pas sans rappeler celle développée par la pensée autogestionnaire. Le travail comme pouvoir d’action : Philippe Zarifian propose ainsi « une autre vision mettant l’accent sur le pouvoir d’action, la capacité à donner du sens et l’engagement de la subjectivité. Le travail est d’abord exercice concret de la puissance de pensée et d’actions des individus ». De même, Négri et Hart réhabilitent le travail en le montrant « simplement comme le pouvoir d’agir ». Cette nouvelle conception n’est pas sans faire penser au propos de Proudhon. Celui-ci définit en effet le travail comme l’action intelligente des hommes en société sur la matière, « la force plastique de la société ». Le travail est pour lui tout à la fois « générateur de l’économie, géniteur de la société, levier de la politique, source de la philosophie, mode d’enseignement, moteur de l’histoire, promoteur de la justice, réalisateur de la liberté, et auteur de l’émancipation de l’homme ». La dimension créative du travail : Pour Philippe Zarifian « Le travail est avant tout invention avant d’être imitation et reproduction ». Pour souligner cette dimension profondément créative du travail, Zarifian met l’accent sur la notion d’ « évènement », au cœur des nouvelles conceptions des activités productives : « l’importance de l’invention ne peux être pleinement comprise que si l’on fait intervenir le concept d’événement: travailler c’est s’affronter à des situations qui comportent du surprenant, de l’imprévu qui oblige à inventer, à initier une pensée et une action, en deçà de toutes les tentatives permanentes de standardisation et rationalisation ». De même, pour Kropotkine, le travail permet de « donner à l’homme un exutoire pour ses impulsions constructives ». Mais la revalorisation du travail dans la pensée autogestionnaire fut surtout amorcée par Fourrier. Il est en effet considéré, à juste titre, comme le plus ardent défenseur du travail. Il souhaite faire de celui-ci une activité agréable et attractive en soulignant sont caractère hautement créatif. Le travail comme outil d’émancipation : La nouvelle conception que Philippe Zarifian développe du travail est clairement orientée, comme la pensée autogestionnaire, contre les phénomènes d’aliénation. Il précise ainsi que « l’aliénation ne consiste pas à s’affronter à de l’hétéronomie, à ce qui nous est étranger. Elle surgit par perte de sens, enfermement dans une routine dont on ne voit plus ce qu’elle apporte au vivre commun ». Le travail doit ainsi être considéré comme « source d’émancipation, grâce à la prise de parti et d’action concrète sur la vie sociale » qu’il permet. De la même manière, Proudhon prônait un  » travaillisme pragmatique » qu’il définit comme la réalisation de l’homme par l’homme grâce au travail. Pour la théorie autogestionnaire comme pour les nouvelles théories organisationnelles, le travail ne doit donc plus être perçu comme une source d’aliénation mais comme un des premiers facteurs d’émancipation. Ainsi, les nouveaux concepts qui sont au fondement des nouvelles théories organisationnelles entretiennent de nombreux liens avec la théorie autogestionnaire. Ces deux corpus théoriques ont notamment pour point commun de publiciser une « image » de l’entreprise valorisant la place des activités informationnelles, communicationnelles et cognitives. Conjointement, ces deux corpus théoriques partagent également les mêmes « cadres épistémologiques ». Lire le mémoire complet ==> (Réactualisation de l’idée autogestionnaire – Autogestion) Mémoire de fin d’étude MASTER 2 Etudes et Recherches en Sciences de l’Information et de la Communication __________________________________ (1) ZARIFIAN, Philippe. A quoi sert le travail. La dispute, 2003. (2) ZARIFIAN, Philippe. Op. Cit. (2003) (3) ZARIFIAN, Philippe. Op. Cit. (2003) (4) HARDT, Michael et NEGRI, Antonio. Empire. Exils, 2000 (5) PROUDHON. Création de l’ordre dans l’humanité. 1843. (6) Encyclopédie Universalis (7) ZARIFIAN, Philippe. Op. Cit. (2003) (8) ZARIFIAN, Philippe. Op. Cit. (2003) (9) RUSSEL, Bertrand. Le monde qui pourrait être. Denoël, 1966. (10) ZARIFIAN, Philippe. Op. Cit. (2003) (11) ZARIFIAN, Philippe. Op. Cit. (2003)

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