Principes de base de l’économie du tourisme

Section 2

Les propriétés du tourisme

Il s’agira pour nous dans cette section de présenter quelques unes des particularités liées au tourisme telles que le multiplicateur touristique décrit notamment par Durand, Gouirand et Spindler (1994) ou encore celles, soulevées entre autres par Babou (1994), liées à la difficulté de le définir comme un bien ou un service ; enfin, nous nous intéresserons à la formation des prix dans le tourisme.

1. Quelques principes de base de l’économie du tourisme

Ces principes mettent en évidence l’importance du tourisme dans l’économie nationale. Nous nous référons ici à la logique du « compte satellite du tourisme » dont la première publication remonte à 1987. Une publication représentant le compte satellite de 1988 donne plus de précisions sur la méthodologie (Ministère du tourisme, 1990).

1.1. Les activités marchandes de l’industrie touristique

« Les activités caractéristiques du tourisme sont celles presque exclusivement destinées à satisfaire les besoins des touristes ou celles dont le niveau de production est très directement lié au phénomène touristique (activités réalisant une part importante de leur chiffre d’affaires avec les touristes) » (Ministère du tourisme, 1990). La classification qui suit est celle adoptée par la NAP 600 (Nomenclature d’activités et de produits correspondant à 600 postes).

Activités relevant des HCR (Hôtels Cafés Restaurants) :

  • _ 6701 : restaurants et cafés-restaurants (sans hébergements).
  •  6704 : débits de boissons (sans spectacle).
  •  6705 : cafés-tabacs.
  •  6706 : débits de boissons avec spectacle.
  •  6707 : cafés associés à une autre activité.
  •  6708 : hôtels avec restaurant.
  •  6709 : hôtels sans restaurant.
  •  6710 : wagons-lits ou wagons-restaurants.
  •  6712 : installations d’hébergement à équipements développés.
  •  6713 : installations d’hébergement à équipements légers.

Sont également considérés comme caractéristiques du tourisme les postes de la NAP suivants :

  •  7409 : agences de voyages.
  •  8407 : établissements thermaux, établissements de thalassothérapie.
  •  8611 : remontées mécaniques.
  •  9712 : offices de tourisme et syndicats d’initiative.

Cette classification est parfois contestée, on reproche par exemple l’apparition des restaurants cafés-tabac (il n’est pas certain que la part de leur chiffre d’affaires assurée par le tourisme soit assez conséquente pour qu’ils y figurent) ; ils n’étaient pas présents dans le cadre des premières ébauches du compte du tourisme en 1978, où ils n’étaient retenus comme activités caractéristiques par nature que s’ils étaient localisés dans une commune touristique (La notion d’activité touristique ainsi définie en 1978 a été abandonnée dans la méthodologie actuelle).

A l’inverse, le transport considéré comme activité touristique en 1978 n’a pas été retenu comme tel ultérieurement. Ce choix a suscité quelques critiques mais le poste transport n’en reste pas moins comptabilisé au titre de la consommation touristique.

1.2. Les agrégats touristiques

Il existe quatre composantes :

_ T0 : elle correspond à la consommation des touristes français et étrangers auprès des activités caractéristiques marchandes de l’industrie touristique.

_ T1 (consommation liée aux séjours) : elle peut être définie comme la sommation de T0 et des autres dépenses des touristes durant leurs séjours : les hébergements non marchands (ceux pris en compte dans T0 correspondent à l’hôtel, au camping, la location, etc.), correspondant à des nuitées passées dans des hébergements privatifs (résidence secondaire personnelle, résidence secondaire de parents ou amis), l’alimentation, les services locaux (blanchisserie, coiffure, transports urbains, etc.) et les achats de biens durables et semi-durables (souvenirs, cadeaux, etc.).

_ T2 (consommation touristique intérieure) : le paramètre T2 est obtenu par la sommation des cinq variables suivantes : la consommation liée aux séjours T1, les dépenses de transport entre le domicile et le lieu de séjour (train, autocar, avion, etc.), les achats préalables aux séjours (achats de caravane, bateaux de plaisance, etc.), les dépenses inhérentes aux foires et salons (location, aménagement de stands, etc.), la consommation des services touristiques non marchands (dépenses de conseil et d’assistance, promotion et accueil, etc.).

_ T3 (consommation touristique et paratouristique) : à la composante T2, il convient, pour obtenir T3, d’ajouter les dépenses des excursionnistes et de la clientèle locale auprès des activités caractéristiques du tourisme.

Le tableau suivant donne une idée de l’importance et de l’évolution de ces agrégats entre 1980 et 1992 (en milliards de francs) :

198019821984198619881990*1992
T058,285,4107,6121,4132,4154,0179,2
T1117,5167,1209,4231,6252,0287,6331,4
T2185,2264,1327,2360,5403,8459,0516,4
T3232,4336,2408,1455,6517,6598,8673,1

(*) Estimations du compte prévisionnel pour 90 (réalisées début décembre 89).

Source :

_ Lettre de l’observation économique, n°4, décembre 1990, Ministère du tourisme.

_ Mémento du tourisme, 1993.

Ces chiffres mettent en évidence le statut de secteur significatif de l’économie française. Néanmoins, constitué d’une forte diversité de métiers (comptant chacun en son sein un grand nombre de PME), ce secteur, au-delà des chiffres, est perçu de manière quelque peu diffuse d’autant qu’il n’existe aucune culture commune à l’ensemble des opérateurs.

1.3. Le multiplicateur touristique

Le tourisme est une activité économique fixe qui oblige le consommateur à se déplacer. C’est dire qu’il fait appel à de nombreuses branches de l’économie à la fois pour son installation et pour son fonctionnement.

Les effets induits du tourisme dépassent largement le secteur tertiaire pour s’étendre aux domaines de l’industrie et de l’agriculture, qu’on songe par exemple à Eurodisney en France ou aux Jeux Olympiques de Barcelone en Espagne.

Tout investissement, et plus largement toute dépense d’investissement ou de consommation, entraîne des courants de revenus engendrés tout au long des circuits et qui tendent à diminuer du fait des fuites qui se produisent dans le circuit.

En effet, dès qu’un hôtelier par exemple procède à un investissement supplémentaire, donc à des commandes accrues de biens d’équipement, les usines de fabrication de ces biens vont tourner à un rythme accéléré, d’où des sommes accrues vont être distribuées à titre de salaires, d’achats de matière première ou encaissées à titre de profits. Les achats de matière première engendreront à leur tour, pour les usines qui les fabriquent, des salaires et des revenus supplémentaires.

Les bénéficiaires de ces revenus supplémentaires vont acquérir une grande partie de ces achats de biens de consommation de toutes sortes, consomptibles, durables ou semi-durables.

Ainsi, à la première vague de dépenses constituées par le surcroît d’investissement répond, dans un délai assez bref et mesurable, une seconde vague de dépenses ; pour y répondre les fabricants de biens de consommation feront fonctionner à un taux accru leur puissance de production ; des sommes plus importantes seront donc payées à titre de salaires, d’achats de matière première ou encaissées à titre de profits.

Ainsi, tout le processus recommencera et une troisième vague de dépenses, déterminant un nouvel accroissement de production, se répandra en une quatrième vague et ainsi de suite.

Le multiplicateur mesure la relation entre l’investissement nouveau et l’augmentation de la production et du revenu. La formule du multiplicateur est la suivante :

R=kI

I = accroissement de l’investissement.

R = accroissement du revenu.

C = accroissement de la consommation.

C/R = propension marginale à consommer.

k, coefficient d’accroissement à appliquer à la dépense initiale, est le multiplicateur, qui est inversement proportionnel à la propension marginale à consommer.

La formule du multiplicateur

Les fuites dans le circuit sont dues à l’épargne, aux impôts, mais aussi aux dépenses effectuées à l’étranger ou portant sur des produits importés.

François Vellas(1985) rappelle que quatre types de multiplicateurs sont utilisés dans le tourisme international :

_ Le multiplicateur de ventes mesure le surcroît de chiffre d’affaires direct, indirect et induit provoqué par une dépense touristique supplémentaire.

_ Le multiplicateur de production mesure le surcroît de production et tient compte des changements intervenus au niveau des stocks.

_ Le multiplicateur de recettes mesure les revenus engendrés par une dépense touristique supplémentaire, c’est en général celui que l’on calcule.

_ Le multiplicateur d’emplois indique les répercussions en termes d’emploi du surcroît d’activité économique.

Le chiffre du multiplicateur est déterminé par l’importance et la composition de l’activité économique d’un pays ou d’une zone : plus la gamme d’activités économiques est large, plus le volume des échanges entre ces activités est élevé et plus le chiffre du multiplicateur est important ; si par contre, l’activité est faible et la tendance à importer forte, la valeur du multiplicateur sera faible, comme c’est le cas dans de nombreux pays en développement.

Les fuites dans le circuit réduisent alors les avantages économiques nés du multiplicateur et donc l’impact du tourisme sur l’économie.

Des évaluations sont tentées depuis de nombreuses années, mais des difficultés surgissent, tenant non seulement à l’insuffisance des données, le tourisme touchant un grand nombre de secteurs d’activité économique, mais aussi aux hypothèses qui sont à la base de la formule du multiplicateur :

une propension marginale à consommer fixe alors qu’elle peut évoluer même en courte période ; une offre élastique dans tous les secteurs de production, ce qui est peu probable, si bien qu’une augmentation de la demande face à une offre rigide, à une absence de facteurs de production inemployés, peut être cause d’inflation ; de plus, le temps qu’il faut au mécanisme pour avoir une influence sur l’économie n’est pas pris en compte : à quelle vitesse les transactions induites se réalisent-elles ? quelle est la vitesse de circulation de la monnaie dans la période considérée ? etc.

La prudence oblige à conclure simplement que les recettes procurées par le tourisme engendrent des revenus supérieurs dans les diverses branches de l’économie, du moins dans les pays industrialisés.

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Tourisme et Développement Régional
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