Développement endogène: principe, origine, composantes

Développement endogène: principe, origine, composantes

Définition du développement 

2. Le développement endogène

Le développement endogène est en totale rupture avec la théorie de la base. Ce n’est plus une demande externe qui définit la croissance mais des besoins internes à la zone considérée. On parlera désormais de besoins de base (basic needs).

Le développement n’est plus défini en termes quantitatifs, il est en relation avec les besoins de la population.

Basé sur la valorisation des ressources locales, il prend en compte les aspects sociaux, culturels, techniques, agricoles etc. Il s’agit en quelque sorte de prendre le contrôle local de la vie économique.

Donner au « milieu » le rôle essentiel c’est faire du territoire la source du développement.

Appelé également autocentré ou agropolitain, il est pour J. Friedman « l’expression de la foi dans l’aptitude d’un peuple à progresser dans la direction qu’il a choisie ».

2.1. Principe et origine

Le premier effet d’une telle politique sera, on le comprend, de réduire la dépendance de la région à son environnement extérieur en recentrant le développement sur sa propre communauté.

On va rechercher le meilleur usage possible des ressources naturelles de la zone, avec un perpétuel souci de protection de l’environnement impliquant des initiatives souvent orientées autour de la petite échelle.

Sa mise en oeuvre nécessite une intervention toute relative de l’Etat puisque l’initiative doit venir de la population, même les autorités régionales n’auront souvent qu’un rôle « permissif ».

« La dérégulation, la décentralisation des pouvoirs, l’association de structures coopératives ou associatives aux décisions à caractère local sont une condition indispensable à un tel développement » (Aydalot, 1985).

Une large décentralisation du système bancaire, la promotion d’institutions de financement à compétence locale, le développement de l’identité régionale, l’arrêt des grands projets gouvernementaux à grande échelle sont les conditions qui autorisent le démarrage d’un tel développement qui ne peut s’appuyer sur des décisions publiques.

Le développement autocentré est une conception du développement avant de relever de l’économie régionale, c’est une approche territoriale du développement plus qu’une théorie de la croissance régionale.

Selon certains auteurs, cette théorie vient en fait de la critique de la société de consommation des économies occidentales, elle remet en cause le développement basé sur la grande échelle, les grandes organisations, la multi-spatialisation des phénomènes économiques, le gaspillage des ressources naturelles.

C’est donc principalement en période de crise que cette remise en cause prend de l’ampleur, les régions ne voient plus alors, dans ces moments là, que les effets négatifs engendrés par les modèles classiques de développement à savoir la dépendance, le manque de contrepartie, l’écrémage des ressources locales, la dégradation de l’environnement, la spécialisation dans des fonctions et des secteurs subordonnés ou régressifs.

Si c’est principalement au niveau régional voire micro-régional que cette théorie semble s’appliquer pour les pays occidentaux, elle peut en fait s’appliquer à des pays dans leur ensemble notamment dans le tiers monde.

Développement endogène, Théorie de la croissance endogène

C’est en ce sens que le développement endogène est moins une théorie d’économie régionale qu’une nouvelle politique de développement basée sur le territorial, on parle dans nombre d’ouvrages de l’apparition du développement « from below » (partant du bas), par opposition au développement fonctionnel « up-down » qui fondait les pratiques antérieures.

2.2. Composantes.

S’opposant à l’économie de marché, la méthode d’analyse du développement endogène en critique les principes fondés sur la rentabilité d’agents indépendants et sur le quantitatif. Cette maximisation de la rentabilité « à tout prix » va être bannie car elle n’assure aucune considération des aspects territoriaux, bafouant les valeurs locales, communautaires et culturelles.

On ne veut plus envisager un développement dont le principal objectif serait le profit financier par contentement de la demande au détriment (allant de la dégradation à la destruction totale) des ressources intrinsèques.

Une gestion réfléchie des richesses locales ne peut venir que de la communauté locale elle même, c’est donc elle qui devra initier et orienter cette gestion. « Donner aux milieux le rôle essentiel, c’est faire du territoire la source du développement » (Aydalot, 1985).

Une autre particularité du développement endogène réside en la notion de « basic needs ». Il s’agit de définir le développement non plus en termes quantitatifs mais en relation avec les besoins de la population.

Le développement, c’est d’abord nourrir, loger, vêtir, éduquer, employer toute la population et non pas accroître le chiffre du revenu monétaire moyen. Le niveau de développement s’apprécie avant tout en fonction des besoins de la population.

On perçoit bien ici la réelle rupture avec la logique de la théorie de la base. Ce n’est plus la demande externe qui définit la croissance, mais des besoins internes à la zone considérée.

Cette vision du développement correspond visiblement davantage aux soucis et difficultés rencontrés par les petites économies isolées. On y trouve plusieurs solutions ou simple prises en compte des particularités (que nous appelions par ailleurs contraintes) que nous avons soulevées jusqu’ici.

Par exemple, on considère dans la théorie autocentrée que le développement ne peut se décréter du dehors, il doit être le fruit de la participation active de l’ensemble de la population, nous avons vu que c’est la condition sine qua non à toute politique de développement touristique en milieu insulaire.

On trouvera également dans les fondements du développement endogène l’idée de valorisation des ressources locales, issue du raisonnement selon lequel le souci du développement interne de la région amène à privilégier les filières issues de ressources locales ou de l’usage des traditions industrielles locales.

Il est souvent fait allusion à un développement « intégré ».

On entend par là que plutôt que de développer des spécialisations pointues, il vaut mieux promouvoir un développement global intégrant dans une même logique les aspects sociaux, culturels, techniques, agricoles et industriels.

Derrière cela, il s’agit de prendre le contrôle local de la vie économique. On imagine déjà les facilités qu’aura une région à intégrer ce type de particularités si elle mise sur un développement ayant pour base le tourisme.

Dans la continuité de cette logique, il faudra éviter autant que possible d’exporter de fortes quantités de produits bruts non valorisés sous peine de voir la région épuiser ses ressources naturelles et glisser dans l’engrenage de la recherche de devises selon un rythme déterminé non par ses besoins propres, mais par les besoins en matières premières des régions et pays importateurs. Cet engrenage pourrait aboutir à une extraversion fatale aux valeurs locales.

Pour en éviter le piège, il faut que la population refuse une production à trop grande échelle, c’est elle seule qui doit décider et contrôler l’évolution de ses activités.

Nous conclurons cette présentation en notant que certes, le développement endogène rompt complètement avec le modèle classique de la « base » selon le schéma exposé par J. Friedmann :

  • Au départ, croissance de la productivité industrielle et diversification reposant sur les biens-salaires dans les localisations décentralisées.
  • D’où, augmentation de l’emploi.
  • D’où, demande accrue pour les biens-salaires.
  • D’où, demande accrue pour les machines et équipements de transport simples.
  • D’où, innovations technologiques et produits nouveaux.
  • D’où, croissance de la capacité exportatrice.

Mais, ce schéma tend également à prouver que le développement autocentré ne débouche pas sur l’autarcie, mais permet l’apparition d’une capacité exportatrice. Simplement, celle-ci est fondée sur un élargissement des capacités internes et non sur des besoins de l’extérieur.

De même, les progrès technologiques ne doivent pas reposer sur des transferts de l’extérieur, mais sur un processus de learning local.

L’ensemble du développement est entraîné par les besoins locaux de l’agriculture et de l’industrie. Pour Friedmann, chaque district agropolitain est une unité autonome : auto-suffisance, auto-financement, auto-gouvernement.

Le gouvernement central ne disparaît pas, mais son rôle est de protéger, d’aider, de conseiller, de réguler.

Dans une certaine mesure, le développement autocentré est l’aspect économique des idées régionalistes. La promotion des valeurs locales est une composante importante du développement « par la base ». La créativité est toujours enracinée dans l’expérience et la tradition.

Enfin, soulignons que le développement endogène, c’est aussi la variété qui s’oppose à l’uniformité : variété des cultures, des statuts sociaux, des techniques, des goûts, des besoins et donc des produits.

Sa pratique doit être, par-dessus tout, volontariste et si, comme nous le disions, sa logique s’applique aussi bien à des pays qu’à des économies régionales, le principe de développement « par le bas » implique toutefois que le territoire ne soit pas trop grand, ce qui provoquerait une distance entre décideurs et acteurs, ni trop petit sous peine de n’avoir pas l’initiative nécessaire.

Aydalot explique que, selon lui, la taille idéale de l’espace sur lequel le développement endogène serait aisément praticable correspondrait, pour la France, à « un découpage en 300 à 400 unités voisines de l’arrondissement.

Cette dimension correspond aussi bien aux marchés du travail qu’aux circonscriptions de base d’administrations nombreuses et surtout aux vieilles solidarités locales : le pays.

Cette dimension à bien été reconnue en 1975 avec la reconnaissance des contrats de pays, unissant une petite ville et son arrière-pays rural, mais la décentralisation des années 80 l’oublie » (Aydalot, 1985).

L’intérêt à porter à cette forme de développement par des petites économies isolées ou carrément insulaires à fort caractère identitaire devient alors évident.

On rencontre d’ailleurs, et plus particulièrement depuis ces dix dernières années, une forme de développement similaire au dernier exposé mais s’appuyant encore plus sur les aspects intrinsèques de la zone considérée à savoir, les particularités d’ordre culturel, traditionnel, en un mot : identitaire.

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Tourisme et Développement Régional
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