Les travaux du G20 pour stabiliser la finance

Les travaux du G20 pour stabiliser la finance
Conclusion générale

L’ensemble de ce mémoire a pour but la présentation des pistes de réformes du Système Monétaire et Financier International (SMFI).

Les causes qui amènent à questionner son fonctionnement ainsi que les pistes de réforme possibles ont été établies jusqu’ici. Voyons pour finir qu’en est-il des applications politiques concrètes. La plupart des réformes proposées et des tendances probables des années à venir sont clairement établies et étayées à partir de réflexions solides.

Néanmoins, même si leur portée concrète est établie, ils se heurtent à la barrière politique. Or comment ignorer cette variable ? L’économie n’est pas une science hermétique, elle construit des raisonnements sur des déductions et des hypothèses vérifiables.

Pour former un tout, elle se doit de collaborer avec la science politique afin de saisir les enjeux liés aux relations internationales, aux rapports de forces nationaux et internationaux… Elle peut même s’en saisir en l’intégrant à ses propres logiques, notamment par l’Economie Politique Internationale (EPI).

Ainsi, il nous faut saisir les applications concrètes des réformes du SMFI. Qu’en est-il des résolutions formulées après la crise ? Le capitalisme et la finance sont-ils sur la voie de la moralisation ? Quelles sont les résolutions adoptées par les instances décisionnelles, et notamment le G20 ?

Nous verrons en premier lieu les déclarations officielles des différents G20, puis les décisions politiques entreprises, notamment aux Etats-Unis et en Europe.

1. Les travaux du G20 pour stabiliser la finance

Il s’agit ici de montrer quelles sont les solutions avancées par le G20. Le G20 ou Groupe des 20 est un forum économique regroupant vingt pays et agissant en faveur de la stabilité financière. Ses membres représentent près des deux tiers du commerce mondial et plus de 90 % du PIB: la représentativité du G20 est donc élevée. Le G20 a pris une forte ampleur depuis que les chefs d’Etat y participent, c’est-à-dire depuis novembre 2008 et le sommet de Washington.

Ce sommet a été convoqué afin d’étudier la crise financière qui venait de se dérouler. Les conclusions ont été que la crise est due à un manque de coordination économique, à de trop fort risques financiers mal évalués et à un manque de surveillance du système financier (Déclaration finale, 2008). Ces remarques ont emporté l’adhésion de la communauté scientifique, et il a été prévu de prolonger les bonnes intentions par un sommet au printemps 2009.

Le sommet du G20 à Londres en avril 2009 prend donc le relais de la réflexion sur les déséquilibres financiers internationaux. Il est prévu, d’après le Communiqué final (2009), de renforcer la coordination dans l’épreuve qu’est la crise, d’assainir le système bancaire, et d’apporter une meilleure régulation et surveillance du secteur financier. Les pays se sont engagés à:

« rétablir la confiance, la croissance et les emplois restaurer le système financier afin de rétablir les activités de prêt; resserrer la réglementation financière afin de rétablir la confiance;

financer et réformer nos institutions financières internationales de façon à surmonter cette crise et à en prévenir d’autres dans l’avenir;

promouvoir le commerce et l’investissement mondiaux et rejeter le protectionnisme, dans le but de soutenir la prospérité;

instaurer une reprise globale, durable et respectueuse de l’environnement. En agissant de concert pour remplir ces engagements, nous pourrons sortir l’économie mondiale de la récession et empêcher qu’une telle crise se reproduise dans l’avenir».

C’est à cette occasion qu’a été décidé la nouvelle allocation de DTS, pour 250 milliards de dollars. Ainsi le G20 a pris en compte la gravité de la crise, et prône des actions visant à rétablir au plus vite la confiance, les prêts, les investissements et donc la croissance. Mise à part les DTS, aucune mention n’est faite de l’aspect monétaire, et en particulier les problématiques liées au statut dollar que nous avons vu précédemment.

En ce qui concerne les détails de la réglementation financière, le G20 ambitionne de prendre « des mesures afin d’établir un cadre de supervision et de réglementation renforcé et plus cohérent à l’échelle mondiale, à l’endroit du secteur financier dans l’avenir, qui favorisera une croissance mondiale soutenue et répondra aux besoins des entreprises et des citoyens ».

Les idées sont pleines de vertus, mais force est de constater qu’un an après la réglementation demeure modeste: les hedge funds opèrent toujours, les CDS et CDO demeurent, et la spéculation effrénée perdure, la preuve par la crise de la dette grecque des derniers mois.

Par ailleurs, les actifs financiers comme les devises continuent de présenter un extrême volatilité au cours des mois d’avril et de mai 2010. De plus, il est prévu une cohérence et une coopération « systématique » entre les pays.

Or la coopération internationale est peu présente, puisque B. Obama entreprend des réformes de manière unilatérale, et l’UE elle aussi décide sans concertation (nous somme loin d’une coopération systématique). L’Europe, qui est traditionnellement régulationniste, semble dépassée par les Etats-Unis, qui ambitionnent davantage de régulation que l’Europe: se produit-il une inversion des rôles depuis la dernière crise ?

Enfin, un dernier point précisé par le Communiqué est d’« atténuer plutôt qu’amplifier les cycles financiers et économiques »: ici encore, la crise grecque et la forte volatilité de l’euro (qui se traduit ici par de l’instabilité) ne conduit pas à établir un SMFI international.

Ceci étant, il faut reconnaître quelques avancées, mais qui semblent relever de l’effet d’annonce plutôt que de réelles réformes: la question des rémunérations est abordée, les normes comptables également ainsi que les paradis fiscaux. Mais compte tenu de l’intensité de la crise et de ses conséquences, cela apparaît comme clairement insuffisant. Et, encore une fois, l’aspect monétaire est très peu présent et ses problématiques cruciales complètement absentes.

Par ailleurs, le directeur du FMI, D. Strauss-Kahn ( La Tribune, 2009), critique le sommet de Londres en déclarant qu’il laisse de côté la problématique la plus urgente: « nettoyer le système bancaire des ses actifs toxiques, qui risquent d’aggraver et de prolonger la récession mondiale».

Le prolongement a ensuite été le G20 de Pittsburgh de septembre 2009. L’objectif est l’aboutissement des mesures adoptées lors du G20 de Londres. Il s’agit des paradis fiscaux, des bonus-malus liés aux rémunérations dans le secteur bancaire, et de promouvoir la coordination internationale.

A Pittsburgh, les propositions venaient largement de la France et de l’Allemagne. Mêmes si ces derniers ont emporté l’adhésion des Etats-Unis et du Royaume-Uni, le G20 laisse à nouveau l’ensemble des problèmes monétaires de côté. Et pourtant, il se profile à l’horizon une probable « guerre de changes », comme le précise P. Artus (2009). Ainsi, le risque est un affront entre les pays, par l’intermédiaire des taux de change afin de favoriser les exportations, précieuses en temps de crise. L’auteur pointe notamment une guerre des changes entre les pays de l’OCDE mais également entre les Etats-Unis et la Chine, dont la monnaie est structurellement sous-évaluée.

G20 2009Il apparaît que lors du G20 de Pittsburgh les problématiques déjà abordées ont été approfondies. Mais le problème réside dans les problématiques ignorées. Or nous avons vu qu’une réforme de la finance internationale ne serait que superficielle si elle ne s’accompagne pas de réformes du SMI, et notamment la relation Chine -Etats-Unis, et le statut du dollar dans le semiétalon dollar.

A l’inverse, le gouvernement français pointe lui «des avancées considérables » (Gouvernement Français, 2009), en précisant avec un détail minutieux la réforme des bonus. Or les bonus octroyés en 2009 ont été colossaux, loin de l’ambition de les réduire.

En outre, la satisfaction des membres du G20 semble exagérée. Ces derniers précisent que « nos pays avaient alors décidé de faire tout ce qui était nécessaire pour assurer la reprise, remettre en état nos systèmes financiers et préserver les flux mondiaux de capitaux. Cela a marché. ».

Le G20 qualifie son action d’« énergique », vante les « progrès accomplis »: « les engagements que nous avons pris au niveau national pour rétablir la croissance ont constitué le soutien budgétaire et monétaire le plus vaste et le mieux coordonnée de tous les temps.

Nous avons agi ensemble pour augmenter radicalement les ressources nécessaires afin de stopper la diffusion de la crise à l’ensemble du monde. Nous avons pris des mesures pour remettre en état le système de régulation et nous avons commencé à mettre en oeuvre des réformes radicales afin de réduire le risque que des excès financiers ne déstabilisent à nouveau l’économie mondiale ». Ainsi, il apparaît difficile de s’autosatisfaire lorsque la plupart des pays industrialisés présentent des niveaux de chômage record, une croissance en berne, et que la spéculation financière bât son plein.

Pour finir, les ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales du G20 se sont réunis le 23 avril 2010 afin d’assurer la transition vers une croissance stable et pérenne, dans un contexte de sortie de crise. Tout en reconnaissant que les résultats n’étaient pas à hauteur des espérances, le communiqué final précise que les membres vont continuer à travailler de la sorte, et notamment sur la régulation financière.

Or, en ce qui concerne la mise en oeuvre concrète de la régulation financière, les membres se sont révélés être en désaccord. Selon R. Hiault (2010), les gouvernements sont divisés sur les caractéristiques des nouvelles taxes sur les banques. L’idée du FMI d’instaurer deux taxes a provoqué des clivages, et la vision de la réglementation des banques diffère entre les partisans et les opposants de Bâle II. Ainsi, nous sommes loin du consensus et de la coopération systémique de 2009.

Pour conclure, il semble que le G20 entreprend des négociations et des travaux indispensables. L’ampleur de la récession aurait été plus grande sans ces actions concertées. Cela peut poser les premiers jalons d’une gouvernance globale, notamment sur les solutions pour recouvrer une croissance pérenne.

Par contre, en ce qui concerne la régulation de la finance, il n’apparaît presque que des réformes nécessaires mais de second plan: bonus des traders, agences de notations, normes comptables, qui sont annoncées comme des révolutions. Notons tout de même le travail sur les paradis fiscaux. Mais l’aspect le plus important est que l’ensemble des problématiques monétaires sont occultées des négociations. Le semi-étalon dollar n’est pas mis en doute, ou en tout cas rien ne le laisse penser.

Ainsi, si le SMI venait à subir des transformations, ce sera sans doute sous l’effet de forces déjà à l’oeuvre (l’ensemble des réformes et évolutions déjà vus) et probablement pas grâce aux travaux du G20. Il convient maintenant de porter un regard sur les politiques entreprises aux Etats-Unis et en Europe.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Les pistes de réforme du système monétaire et financier international depuis la crise
Université 🏫: Université Pierre - Grenoble - Master 1 - Economie internationale et globalisation (EIG) Séminaire Intégrations Internationale et Régionale
Auteur·trice·s 🎓:
Maxime GASSER

Maxime GASSER
Année de soutenance 📅: Mémoire de Master 1 Economie internationale et globalisation (EIG) Séminaire Intégrations Internationale et Régionale - 2009-2025
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