Crise des subprimes 2007: origines, déroulement et sorties

Crise des subprimes 2007: origines, déroulement et sorties

Chapitre III: Crise financière 2007

Initialement appelés par euphémisme «turbulences des marchés financiers» – probablement dans l’espoir d’une amélioration prochaine de la situation, les problèmes rencontrés par certaines banques durant l’été 2007 se sont transformés en une crise financière de très grande ampleur.
Bien des choses ont été écrites sur les causes de la crise.

En général, selon Rêne RICOL, toutes les crises financières ont deux causes fondamentales : l’excès de liquidité et la perte du sens du risque, et cette crise n’échappe pas à la loi.
En effet, durant les années 1990 le gouvernement de Clinton constatant l’effondrement de la classe moyenne (société de consommateurs) a ordonnée aux banques d’octroyer des crédits à faibles taux d’intérêts[1].

Delà les ménages qui étaient alors endettés à moins de 75% de leurs revenus avant les années 1990 sont actuellement endettés à plus de 150%, d’où l’excès de liquidité.

Frederich August Von Hayack écrit lui aussi à ce sujet «qu’une évolution accrue caractérisée par une demande accrue de crédit, accompagnée d’une politique monétaire expansive pour soutenir l’essor, débouche sur la surchauffe».

Ainsi le gouvernement en optant   pour cette politique expansionniste a entrainé les banques ménages à la recherche de crédit facile et aux banques et autres institutions financières d’octroyer ces crédits à l’aveuglette.

Malgré les mesures prudentielles prises pour protéger les banques du risque, le monde n’a pu échapper à la logique de Hayack. Une réglementation mal adaptée aux réalités économiques provoque en effet, des distorsions sur le marché bien plus qu’elle ne règle le problème.

C’est ainsi que nous allons présenter dans ce chapitre les facteurs à l’origine de la crise, son déroulement ainsi que les mesures de sortie de crise.
Nous mettrons en évidence la défaillance des réglementations pour clore ce chapitre.

Un autre chapitre sera réservé aux torts causés par cette imprudence à  l’économie des pays en voie de développement.

Section 1 : Crises des subprimes : origines, déroulement et sorties de crise

I- Avènement de la crise

1. Dysfonctionnement macroéconomique

L’éclatement de la bulle des nouvelles technologies en2000 et les attentats du 11 septembre 2001 constituent un choc sur l’économie américaine.

On assiste à un e-krach (effondrement des marchés technologiques) entre mars 2000 et mars 2001 : des sociétés avaient un investissement multiplié par 10 avant même d’avoir généré le moindre dollar.

Les USA entrent dans une brève récession (2 trimestres) mais qui soulève beaucoup de craintes.

Le gouverneur de la Federal  Reserve Bank, Alan Greenspan, décide de diminuer fortement les taux directeurs (taux d’intérêts des prêts à court terme faits aux banques) à 1%. Ainsi, la banque centrale américaine rend le crédit très facile et peu coûteux. Le but est de soutenir la croissance américaine dans tous les domaines.

Cette politique monétaire expansionniste entraine un boom du crédit particulièrement du crédit hypothécaire et donc à une expansion de la demande de biens en immobiliers. S

ur la période 2000-2006, les encours de crédits hypothécaires ont augmenté en moyenne de 13 % par an, passant ainsi de 4 800 à 9 800 milliards de dollars en 6 ans.

Cette expansion démesurée des crédits hypothécaires à engendré une bulle immobilière et va induire un excès de demande sur le marché immobilier conduisant à une inflation rapide du prix de l’immobilier comme l’illustre le graphique ci dessous.
GRAPHIQUE 1 : L’ENCOURS DES PRETS IMMOBILIERS
ENCOURS DES PRETS IMMOBILIERS
Source : EMF/Fed, en millions d’euros

2. Dysfonctionnement microéconomique

En raison des déséquilibres macroéconomiques examinés précédemment, les taux actuariels étaient très bas.

Pour faire face à cette exigence de rentabilité  renforcée par la concurrence des nouveaux intermédiaires financiers, les banques ont adopté deux types de stratégie : elles ont à la fois augmenté leur volume d’activité en relâchant les conditions d’attribution des prêts et innové des pratiques financières à hauts risques.

Ainsi dans un marché immobilier américain en pleine effervescence, les banques et organismes de crédit ont accordé des prêts à des ménages présentant trop peu de garanties. Ces prêts risqués, souvent à taux variable, étaient assortis de taux d’intérêts élevés, ils sont dits crédits subprimes.

3. Titrisation des subprimes et autres innovations financières

Pour supprimer le risque de crédit de leur bilan, les banques ont eu recours à la titrisation. Au paravent les banques conservaient les prêts jusqu’à échéance. Mais la titrisation leur a permit de les faire disparaitre et de transférer les risques plus facilement[2].

Les titres diffusés sont beaucoup plus complexes : ils transforment le produit risqué en produit structuré à valeur à haut rendement avec stratégie d’effet de levier. Le risque qu’ils comportent est donc moins visible. D’où la bonne notation des agences de rating.

II- Déroulement et effets de la crise

1. Manifestations de la crise

La propagation mondiale, à partir de l’été 2007, d’une crise à l’origine locale – celle des crédits immobiliers subprimes américains – s’explique par l’internationalisation actuelle quasi totale des flux financiers.

L’attractivité financière accrue des marchés américains a permit de capter l’épargne mondiale, notamment en provenance des pays asiatiques et des pays du golf, en quête de recyclage de leurs excédants commerciaux, contribuant, ainsi à financer sans difficulté le dérapage continu du déficit du compte courant américain.

Dans un contexte de faible aversion au risque, le secteur financier des pays avancés a favorisé l’essor du crédit y compris en faveur des segments de clientèle à faible capacité de remboursement.

De plus la hausse des prix de l’immobilier dans un contexte de baisse du taux, a encouragé le refinancement des prêts hypothécaires.

Ensuite la dilution de ce risque a été rendu possible par le développement de nouveaux produits plus complexes en s’appuyant sur les véhicules financiers peu réglementés tels que les hedge funds  et les paradis fiscaux.

Les banques ont ainsi titrisé la dette immobilière des ménages américains et l’ont revendu sur les marchés financiers, rassurés par les agences de notations.

Toutes les places financières ont été atteintes car presque tous les intermédiaires financiers avaient vendu des portefeuilles de créances titrisées.

Or, les détenteurs de ces portefeuilles « toxiques », qualifiés ainsi en raison des créances douteuses qui y étaient incorporées, n’avaient pu en mesurer les vrais risques, puisque ceux-ci étaient sous-évalués par les agences de notation.

Mais ce qui va transformer une crise locale aux conséquences internationales en une véritable crise du système bancaire mondial, c’est la faillite de la banque Lehmann Brothers.

Voulue par la Fed, cette faillite devait montrer sa détermination à ne pas accepter l’aléa de moralité des banques qui se croyaient protégées de la faillite.

Il s’agissait selon Daniel ZADJEWENBER de faire mentir l’adage « too big to fail » en faisant un exemple. Malheureusement, le résultat fut tout autre. Les marchés mondiaux ont pris peur.

Si une grande banque peut faire faillite, alors toutes le peuvent, se sont-ils dits. Une application, « à chaud » en quelque sorte, du raisonnement marginaliste cher aux économistes : une banque ne vaudrait pas plus que la plus faible d’entre elles[3].

En quelques jours après le 15 septembre 2008, la confiance, déjà très entamée entre banques pour toutes les opérations de prêts et d’emprunts, a complètement disparu.
Chaque banque craignait que ses contreparties ne fassent faillite. Les marchés interbancaires s’asséchèrent.

La crise des produits structurés déboucha sur une crise aiguë de liquidité empêchant les banques de fonctionner sans l’aide massive des banques centrales qui durent offrir des refinancements inédits.

Dès lors que le système bancaire a arrêté de jouer son rôle d’intermédiaire financier, la transmission de la crise à l’économie réelle a été engagée.

2. Impact sur l’économie réelle

La crise de confiance entre les acteurs et ses conséquences ont conduit à un blocage du crédit interbancaire au resserrement et au renchérissement des crédits aux ménages et aux entreprises d’une part et à la diminution de la valeur des actifs immobilier et financiers d’autre part. Ce qui a fragilisé les banques, précipité la chute des indices boursiers et déprimé l’économie réelle au travers de différents canaux de transmission.

Si les Etats-Unis ont été les premiers touchés et craignent une récession, le reste du monde n’a pas été épargné. L’ampleur de la récession dans les pays développés est très manifeste compte tenu du fléchissement de la demande intérieure et de l’effondrement des exportations.

Les pays émergents ont été, dans leur majorité à l’abri de la crise financière en raison de leur intégration limitée au système financier mondial.
Ils n’ont toute fois pas été épargnés par une propagation de la crise mondiale[4]. Le cas de la chine est très révélateur à ce titre.

Ce pays dont la croissance s’établissait à deux chiffres sur les dernières années verrait, son PIB emprunter un rythme de progression de 7.5% en 2010, il en est de même pour l’Inde.

Le continent africain est plus vulnérable que la plupart des autres régions en raison de sa pauvreté et de sa dépendance à l’égard des exportations des produits de bases.

La progression de son PIB ressortirait à 3.9% en 2010, soit des rythmes insuffisants pour évoluer vers la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement.

Enfin la Crise a occasionnée  une augmentation du nombre de chômeurs de 14 millions en 2008, nombre qui peut croitre au moins à 38 millions en 2010.

Le plan de relance mené par la plupart des pays penche largement en faveur du sauvetage des banques et des réductions d’impôts plutôt que la création d’emplois et la protection sociale.

III- Interventions pour endiguer la crise

Dès l’été 2008, face à l’accentuation des difficultés financières et économiques, de nombreux pays ont adopté des plans de relance plus longs et ambitieux.
Ces plans s’articulent  autour de 3 grands types d’interventions dominants :

Ø  La stimulation de la consommation à travers l’allègement des charges, les exonérations et incitations fiscales, la suppression de la taxe d’habitation, la hausse du salaire minimum, l’aide aux ménages les plus modestes… ;

Ø  La stimulation de l’investissement via l’aide aux états et aux régions (Chine, USA), avancement de certains grands travaux d’infrastructure (Pays bas, France…), la construction et rénovation de logements sociaux, l’incitation des entreprises à l’investissement et à l’innovation, la garanti des gouverneurs pour les crédits aux PME …;

Ø  Le soutien spécifique au secteur d’activité les plus touchés notamment l’aide au secteur automobile (USA, Espagne, France), et le secteur immobilier (Espagne, Grande Bretagne)…

Du coté des pays émergents, en plus de plans de relance budgétaire localisés principalement en Asie, les banques centrales ont baissés les taux d’intérêt et ont optés dans de nombreux cas, pour une dépréciation de la monnaie par rapport au dollar (de 60% au Brésil et 37% en Turquie entre Aout 2008 et Février 2009).

Toutes ces mesures ont été prises pour juste favoriser une croissance rapide et minimiser le coût de la crise. Alors d’autres mesures rentrant dans le cadre de la réglementation viendront les compléter pour un assainissement du secteur financier.

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[1] D’ailleurs «Le Community Reinvestment Act », loivotée en 1977 vise à défendre l’accès équitable au crédit en interdisant les pratiques discriminatoires, en particulier, les discriminations raciales, elle encourage les institutions financières (banques et caisse d’épargne) à répondre aux besoins de crédit des communautés locales au sein desquelles elles opèrent, y compris dans les quartiers à revenu faible ou modéré.
[2] Le processus de titrisation est détaillé dans le premier chapitre.
[3] Cercle Turgot « Repenser la planète finance » écrits de D. Zadjewember
[4] On y reviendra dans le chapitre suivant sur  le cadre de l’impact sur le Maroc

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Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Crise Financière et défaillances réglementaires
Université 🏫: Université Moulay Ismail - Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales
Auteur·trice·s 🎓:
HAMZA SA. S. & MAMADOU S. G. M. & OUMAROU G. A.K.

HAMZA SA. S. & MAMADOU S. G. M. & OUMAROU G. A.K.
Année de soutenance 📅: Option: Finance - Mémoire de fin d’études niveau licence - 2009-2015
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